Des chercheurs ont découvert pourquoi on se trompe si souvent dans les cadeaux qu’on offre : ce qu’il faut savoir pour ne pas gâcher Noël cette année

Atlantico : Chaque année à l'approche des fêtes et des anniversaires, la question que se posent les gens est celle des cadeaux. Il peut parfois sembler difficile de trouver le bon, entre présent attendu, surprise, etc. Quelles sont les quelques règles simples auxquelles il faut s'en tenir pour être sûr de faire plaisir ?

Danielle Rapoport : Il y a effectivement, à défaut de recette miracle, plusieurs règles simples à respecter pour tenter d'offrir le bon cadeau. La première d'entre elle, c'est d'être en empathie avec la personne qui doit recevoir le présent. C'est cette dernière qui permet de sentir, un peu intuitivement, ce qu'un individu aime et ce qui est susceptible de lui plaire. Cependant, l'empathie sous-entend une relative connaissance de la personne… Dans une situation où l'on ne connait pas bien l'individu à qui on fait un cadeau, il est important de prendre le temps, au préalable, de le questionner un peu. Cela permet de se renseigner à la fois sur ses goûts, ses envies, ses attentes. Prévoir le cadeau à l'avance – ainsi que la façon de se renseigner – permet d'être en phase.

En outre, il est important de faire la différence entre le cadeau qui sera susceptible de plaire à celui qui l'offre et le présent qui va plaire à celui qui le reçoit. Très souvent, nous offrons des cadeaux qui nous auraient fait plaisir et qui sont en phase avec nos propres goûts, ce qui ne signifie pas nécessairement qu'ils le sont avec ceux des autres. Entre amis proches ou amoureux, cela relève généralement moins du problème, du fait d'un relatif partage des goûts en général. En revanche, quand on connaît peu la personne, cela devient un problème considérable : il n'est pas du tout sûr que le cadeau que l'on aurait pu se faire plaise autant.

Dans ce genre de situation, la solution la plus sûre consiste à offrir un cadeau relativement neutre. C'est une valeur sûre qui ne risque pas de déplaire. Cela peut-être un bon livre, un cadeau à base d'argent – très indiqué pour offrir à des gens plus jeunes – des bons pour cadeau sous forme de cartes, etc.

Dans certains cas, les gens dressent des listes de cadeaux qu'ils souhaitent qu'on leur offre. Respecter cette liste relève d'une certaine forme de rationalité. Les cadeaux, s'ils sont moins chargés en émotion, sont rationnels. On sait qu'ils présentent soit une utilité à long terme, soit qu'ils incarnent une envie. La surprise, en revanche, présente toujours le risque d'une erreur. De plus, puisque la période actuelle est à la restriction de budget, il n'est pas rare qu'on soit contraint de se serrer la ceinture. Sur la liste peut donc figurer le cadeau que l'on ne peut pas se faire mais que l'on aimerait posséder quand même. 

Cela ne signifie pas qu'il faille abandonner l'idée de faire un cadeau surprise. Au final, tout dépend de comment on sent la personne, de l'empathie que l'on a avec elle. Ne systématisons pas une règle au détriment du reste.

Dans un article récemment publié par The Washington Post, il est estimé qu'offrir le bon cadeau est difficile car il faut se projeter sur l'avenir et l'utilité qu'il aura alors. Pourtant, il est aussi souligné qu'un bon restaurant, un film ou un match – par exemple – constituent de très bons cadeaux. Comment faire la part des choses entre présent et avenir quand il s'agit de faire un cadeau ?

Tout dépend, à mon sens. Bien sûr, il ne faut pas se focaliser que sur le moment ou sera reçu le cadeau mais aussi sur l'utilité qu'il pourra avoir. Ce n'est pas la seule dimension qu'il faut prendre en compte pour autant.

Quand on offre un objet, quel qu'il soit, la dimension utilitaire est essentielle. Un vélo, une cocotte-minute ou quoique ce soit d'autre doivent remplir leur fonction et continuer à le faire dans le temps. Cet aspect utilitaire, mais aussi la nécessité de valoriser le cadeau, sa qualité, dans la durée est réel pour tout type d'objet que l'on peut offrir.

Cependant, il existe bien évidemment des cadeaux très appréciables qui ne rentrent pas dans cette catégorie. Je pense notamment à un voyage, à un très bon restaurant, un concert ou une représentation théâtrale dont on sait qu'elle sera appréciée par notre invité. Des cadeaux de ce types correspondent à une approche plus émotionnelle, plus affectueuse voire plus affective. Il est indispensable de connaître un minimum la personne pour offrir de tels cadeaux. Cela ne laissera pas une trace physique à l'avenir, mais un souvenir susceptible de rester des années durant, qui se "futurise". 

Pour faire l'arbitrage, c'est avant tout une question d'intelligence de la relation. Tout dépendra de la personne à qui on offre, de notre relation avec. Il n'y a pas de recette magique, miracle. À chacun de faire son choix en fonction de sa proximité avec la personne qui reçoit.

Comment adapter ces règles en fonction de l'âge et des centres d'intérêts des gens à qui offrir le cadeau ? Peut-on vraiment s'y prendre de la même façon pour un enfant ou un adulte ?

Généralement, quand les grands-parents offrent des cadeaux à leurs petits-enfants et inversement, on constate de petits problèmes d'ajustement. Bien sûr, cela ne se vérifie pas dans la totalité des cas, mais il n'est pas rare que ce soit le cas.

Offrir un cadeau à un enfant, c'est un mélange entre ce dont l'enfant a besoin, ce qu'il aimerait et ce qu'il a déjà. Un complément lego, un puzzle plus difficile ou un livre constituent de très bons cadeaux si ce sont d'ores et déjà des activités qui plaisent. Quand les adultes sont déconnectés des désirs des enfants, ce qui arrive, cela provoque des erreurs. Il faut faire très attention à ne pas prendre ses seules références pour comprendre ce que peut aimer un enfant.