C'est beau, c'est vert et c'est... mauvais : voilà comment les arbres peuvent aggraver la pollution des villes<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
Le NICE dénonce ainsi la manière dont le feuillage des arbres qui bordent nos routes et se multiplient dans les parcs donnent lieu à un "effet couvercle" qui empêche les flux d'air de ventiler efficacement les agglomérations et ainsi chasser la pollution
Le NICE dénonce ainsi la manière dont le feuillage des arbres qui bordent nos routes et se multiplient dans les parcs donnent lieu à un "effet couvercle" qui empêche les flux d'air de ventiler efficacement les agglomérations et ainsi chasser la pollution
©Nova SAFO / AFP

Légende et pollution urbaines

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les arbres plantés le long des routes en ville n'assainissent pas l'air que nous respirons mais aggravent le niveau de pollution des agglomérations.

Ça partait d'une bonne intention. Mais ça a raté. Au départ, planter des arbres en ville, le long des routes, paraissait être un bon moyen de colorer l'environnement urbain grisâtre et de lutter contre la pollution qui enfume les agglomérations. Mais selon le National Institute for Health and Care Excellence(NICE), un organisme d'observation basé au Royaume-Uni, cette végétation ne ferait qu'entraver les flux d'air et empêcher la dissipation des gaz toxiques produits par les usines et automobiles, rapporte le site Quartz

Facteur aggravant

Dans un rapport d'une soixantaine de pages publié le 1er décembre 2016, le NICE dénonce ainsi la manière dont le feuillage des arbres qui bordent nos routes et se multiplient dans les parcs donnent lieu à un "effet couvercle" qui empêche les flux d'air de ventiler efficacement les agglomérations et ainsi chasser la pollution. "Beaucoup pensent que les arbres permettent de réduire la pollution de l'air, mais ce n'est pas toujours vrai, et il est important de mettre un terme à cette idée fausse, indique le rapport. Leur effet dépend de nombreux facteurs tels que la manière dont la rue est conçue, le nombre et l'emplacement de ces arbres, les espèces végétales utilisées, la densité de leur feuillage ou encore la direction dans laquelle souffle le vent".

En effet, "les feuilles et les branches ralentissent les courants d'air, causant alors la stagnation de la pollution dans la ville, peut-on lire. De plus, les arbres aspirent certaines particules et produits chimiques qui, une fois relâchés dans l'air, peuvent avoir des effets directs ou indirects sur la qualité de l'air". Derrière cette phrase qui ne parle pas beaucoup, un exemple plus concret : certaines espèces d'arbres telles que le cèdre, l'eucalyptus ou encore le pin donnent lieu à des mélanges de pollens volatiles qui, lorsqu'ils entrent en contact avec le monoxyde d'azote que rejettent les véhicules, peuvent produire de l'ozone, explique The Irish Times. Une substance dangereuse qui peut causer des infarctus en cas d'inhalation.

Effet placebo

Toutefois, les arbres font leur effet. Selon une étude menée au Canada en 2015 et publiée dans la revue Nature, il apparaît qu'un supplément de dix arbres par bloc d'immeubles donne aux riverains l'impression d'être en meilleure santé mentale et physique. Un élan de bonheur qui pourrait se comparer à une augmentation de 10 000 dollars (9 489 euros) par an ou à un rajeunissement de près de sept ans. Rien que ça !

Un bien-être logique, quand on sait que les arbres ont tendance à réduire la pollution de l'air. Et on ne peut pas leur enlever. Car oui, les feuilles des arbres aspirent bel et bien toutes les particules néfastes que l'on pourrait trouver dans l'air et nous en débarrassent. C'est donc la manière dont on les agence qui pervertit en quelque sorte leur rôle en empêchant une bonne ventilation de la pollution. En outre, l'étude relevait également que la présence de cette végétation tendait à réduire le stress des riverains observés ainsi qu'à leur donner envie de s'adonner à une activité physique, relève Quartz. Un véritable effet placebo qui, s'il ne permet pas d'assainir l'air que nous respirons, contribue au moins au bien-être des habitants.

Politiques de "dépollution"

Cette problématique de pollution induite par le feuillage des arbres avait déjà été explorée dans une étude menée par des chercheurs belges en 2012. Et complique encore un peu plus la tâche des grandes villes telles que Mumbai ou Pékin qui ne savent plus tellement comment lutter contre le fléau qu'est la pollution, rapporte le site IFL Science. Rien qu'au Royaume-Uni, on estime que cette pollution cause 40 000 décès prématurés. Pour l'anecdote, le gouvernement britannique avait prévu d'instaurer une taxe sur les véhicules diesel qui voudraient entrer en zone urbaine, avant de se rétracter pour ne pas fâcher les automobilistes. Même triste exemple du côté des parcs : des espaces verts qui se voient grignotés par l'espace urbain et laissés en friche faute de budget, révélait The Financial Times. Dans l'Hexagone, nul doute que le pic de pollution que nous atteignons en ce début décembre 2016 ne doit pas réjouir nos poumons.

Dans une missive, le NICE a exposé en quelques points les manières dont les villes pouvaient tenter de se débarrasser de leur smog qui leur flotte au-dessus de la tête. L'organisme pointe notamment du doigt les nombreux dos d'ânes et zones de faible vitesse, qui nécessitent des accélérations répétées pour relancer les véhicules et ainsi une plus grande consommation de carburant, indique The Guardian. "En revanche, permettre aux automobilistes de rouler à allure constante peut permettre de réduire ces émissions", est-il écrit. Une nécessité d'un trafic plus fluide, qui passe évidemment par moins de véhicules. On y revient donc : en cas de pic de pollution, préférez les modes des transports alternatifs. Pour vous, mais également pour les autres. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !