Le futur, c'est maintenant : voilà les 4 raisons pour lesquelles la technologie va révolutionner nos vies sous peu<!-- --> | Atlantico.fr
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Certains produits résistent bien plus qu’on ne l’imaginait il y a quinze ans, comme le livre. La numérisation ne balaie complètement que ce qui n’a pas de valeur ajoutée à être maintenu sous une autre forme.
Certains produits résistent bien plus qu’on ne l’imaginait il y a quinze ans, comme le livre. La numérisation ne balaie complètement que ce qui n’a pas de valeur ajoutée à être maintenu sous une autre forme.
©Allociné

Retour vers le futur

Alors que la technologie prend une place croissante dans nos économies occidentales, elle pourrait bien également avoir un impact direct sur notre mode de vie dans le futur.

Jean-Charles Simon

Jean-Charles Simon

Jean-Charles Simon est économiste et entrepreneur. Chef économiste et directeur des affaires publiques et de la communication de Scor de 2010 à 2013, il a auparavent été successivement trader de produits dérivés, directeur des études du RPR, directeur de l'Afep et directeur général délégué du Medef. Actuellement, il est candidat à la présidence du Medef. 

Il a fondé et dirige depuis 2013 la société de statistiques et d'études économiques Stacian, dont le site de données en ligne stacian.com.

Il tient un blog : simonjeancharles.com et est présent sur Twitter : @smnjc

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Tout ce qui peut être numérisé le sera

C’est vrai, et c’est probablement le plus incontestable et évident dans la vague d’innovations en cours. En elles-mêmes, beaucoup n’ont pas une composante technologique très forte. Mais grâce à la numérisation, l’usage et les modèles économiques peuvent être profondément affectés. C’est souvent un gain évident de temps et de coûts, de commodité et de sécurité. C’est pourquoi le numérique est d’abord partout dans l’économie, pour les entreprises, les administrations et les ménages, avant même d’être un secteur spécifique. Qui, lui-même, tel qu’on le définit généralement (autour des TIC), reste assez stable en part du PIB ou de l’emploi, et relativement modeste – pour l’OCDE, moins de 5% du PIB dans les pays membres. Un bémol, toutefois : certains produits résistent bien plus qu’on ne l’imaginait il y a quinze ans, comme le livre. La numérisation ne balaie complètement que ce qui n’a pas de valeur ajoutée à être maintenu sous une autre forme.  

De nombreux emplois seront détruits

Bien sûr, mais ce n’est pas propre au numérique. Surtout, ce mouvement permanent de destruction d’emplois rendus obsolètes par une nouvelle technologie tend à s’accompagner de création simultanée de nouveaux emplois. Contrairement à ce que l’on imagine souvent, il ne s’agit pas forcément d’emplois très qualifiés, comme les ingénieurs qui doivent être recrutés en lien avec l’innovation. En fait, celle-ci fait émerger des besoins de différente nature et conduit également à réallouer des ressources vers de nouvelles activités. Paradoxalement, le numérique a jusqu’à maintenant créé beaucoup d’emplois peu qualifiés, par exemple dans le transport ou la logistique. Les nouveaux services liés au numérique, c’est notamment beaucoup de chauffeurs, de livreurs et de magasiniers, bien plus que d’ingénieurs ! De nouvelles innovations pointent - comme la voiture autonome, les drones, tous les apports de l’intelligence artificielle…-, qui vont certes détruire beaucoup d’emplois. Mais on créera alors des emplois dans d’autres secteurs, comme le relationnel et le présentiel, par exemple autour des plus jeunes ou des seniors. C’est un processus récurrent dans l’histoire humaine contemporaine, avec toujours la crainte que l’innovation détruise l’emploi, alors qu’elle génère des richesses qui conduisent à redéployer l’emploi sur d’autres activités.

Le coût de la vie sera plus accessible et il ne sera pas nécessaire d'avoir un emploi pour subvenir à ses besoins

Il y a bien des processus déflationnistes à l’œuvre actuellement dans certains secteurs, c’est indiscutable. Mais cette prédiction d’économies d’échelle massives dans tous les domaines me paraît illusoire. Au contraire, l’époque récente est marquée par des gains de productivité de plus en plus faibles. Et si les prix de l’énergie ont connu un krach il y a quelques années, justement parce que l’économie mondiale décélérait, il serait très imprudent d’imaginer que nous ne serons jamais confrontés à des problèmes de ressources rares. C’est vrai dans l’énergie, où nous sommes encore très loin de maîtriser les solutions renouvelables à bas coûts. Mais aussi pour l’eau, certains métaux, des produits agricoles... Sans compter sur les conséquences potentielles du changement climatique. J’ai bien peur qu’il faille au contraire se battre dur pour financer nos besoins, les améliorations technologiques dont nous voudrons bénéficier, le vieillissement des populations, les effets du réchauffement et des catastrophes climatiques… Le monde géré par des robots esclaves au service d’humains prospères et oisifs me paraît relever de la même science-fiction que celle de nos aïeux qui nous imaginaient il y a quelques décennies à un stade bien plus avancé que celui que nous avons atteint.

L'abondance deviendra un problème bien plus grave que la pauvreté

Il ne faut pas confondre les sujets. Les changements de régime alimentaire font en effet de l’excès de calories un problème de santé publique aujourd’hui plus important que la privation dans les pays les plus riches. L'’infobésité" et la perte d’attention sont bien des phénomènes de l’âge numérique. Mais parler d’abondance comme notre nouvel horizon alors que la pauvreté reste au contraire prégnante dans nos sociétés occidentales me paraît surréaliste. Parmi les défis bien concrets de notre époque, il y a au contraire une croissance des inégalités dans beaucoup de pays, un phénomène de "travailleurs pauvres" important même quand il y a peu de chômage, et des zones entières privées d’emploi. Les inégalités grandissantes sont d’ailleurs au rang de ces nombreux freins au retour à une forte croissance que recense par exemple Robert Gordon, le père de la théorie de la "stagnation séculaire". Avec l’environnement, le vieillissement ou encore un progrès technologique plus spectaculaire que productif, nous sommes confrontés à bien plus de problèmes très classiques que ne l’imaginent les nouveaux prophètes de la révolution technologique.

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