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Alain Bauer : "La délinquance des étrangers n'est pas ce qu'on croit"
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Qui vole un oeuf... vole un oeuf

L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales a publié ce mercredi des chiffres sur la part des étrangers dans les atteintes aux biens et aux personnes au cours de l'année précédente. Résultat : plus les faits sont graves, moins les étrangers sont mis en cause.

Alain Bauer

Alain Bauer

Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers, New York et Shanghai. Il est responsable du pôle Sécurité Défense Renseignement Criminologie Cybermenaces et Crises (PSDR3C).
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Atlantico : L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales a publié ce mercredi des chiffres sur la part d'étrangers dans les atteintes aux biens et aux personnes au cours de l'année précédente. Quel est l’intérêt pour la justice et pour la police de connaître l’origine des délinquants en France ?

Alain Bauer : L’utilité est la même que pour un site d’information qui cherche à comprendre qui sont ses lecteurs. C’est un moyen de définir une stratégie, de comprendre ses enjeux et d’exercer une politique privée ou publique.

Depuis 200 ans, nous cherchons à savoir qui sont les criminels : hommes, femmes, mineurs, majeurs, Français ou étrangers. Cela permet de déterminer une politique publique et de savoir si l’on a des soucis qui sont plutôt importés ou exportés. C’est un moyen de connaître la nature des problématiques rencontrées par nos concitoyens.

Faites-vous, suite à ce rapport, des observations auxquelles vous ne vous attendiez pas ?

Aucun fait ou chiffre ne m’interpelle. Ces éléments sont fournis afin de nourrir le débat. Aujourd’hui, nous cherchons à montrer que, contrairement à ce que tout le monde raconte, plus les faits sont graves et moins les étrangers sont mis en cause.

Il y a également une vraie augmentation dans le nombre d’atteintes aux biens. Cette augmentation de ce que j’appelle de la délinquance de subsistance est en général le fait de populations issues soit de pays dont les frontières se sont ouvertes en Europe (Roumanie, ex-Yougoslavie), soit de de pays où ont eu lieu le Printemps arabe (Maghreb, Moyen-Orient). A partir de cela, nous pouvons faire un constat : il y a une problématique qui doit être traitée.

L’outil statistique que nous proposons ne doit pas être caché ou censuré mais fournit comme élément du débat. C’est ce que nous faisons depuis que nous existons. Il s’agit d’ailleurs là d’une mise à jour d’un document que nous avions déjà publié en 2006.

Dans quel type de délit sont impliqués les étrangers ?

Il y a à partir de 2008 une augmentation du nombre d’atteintes aux biens : vols et vols à l’étalage. L’augmentation s’accélère ensuite. Entre 2008 et 2011, le bilan est net : le nombre de vols sans violence dans lesquels des étrangers sont mis en cause a augmenté de 60%. Les raisons de cette augmentation peuvent être multiples. Il est par exemple possible, tout simplement, que les victimes aient porté plainte plus que par le passé. Autre explication possible : l’arrivée de groupes organisés qui mettent en place un processus de razzia pour les vols et les cambriolages, qu’ils répètent à plusieurs reprises.

Par ailleurs, il y a des éléments qui montrent effectivement que les femmes et les mineurs sont moins représentés que d’autres. Nous constatons aussi que la part d’étrangers est plus importante dans le cas de vols sans violences (20,3% des cas) que dans des cas de destructions de biens (7,6% des cas).

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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