Voyager gratuitement sur Ryanair dans dix ans : ça pourrait bien être possible<!-- --> | Atlantico.fr
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Ryanair est un "ovni" dans le domaine de l'aérien.
Ryanair est un "ovni" dans le domaine de l'aérien.
©Reuters

A double tranchant

Michael O'Leary, le PDG de la compagnie low-cost irlandaise Ryanair, voudrait proposer des vols gratuits d'ici dix ans. Cette proposition intéressante pour les clients pourrait éventuellement voir le jour... cependant, des contreparties seraient à prévoir.

François  Nénin

François Nénin

François Nénin est journaliste enquêteur spécialiste de l'aérien et professeur d'investigation au CFPJ. Il a publié trois livre-enquêtes sur l'aérien dont Transport aérien le dossier noir et Ces avions qui nous font peur aux éditions Flammarion. Collaborateur des magazines Marianne et VSD, il a réalisé le film "Air France la chute libre" pour l'émission Special Investigation de Canal Plus et "Où est passé le MH 370" pour Complément d'enquête (France 2). Ayant suivi une formation de pilote privé, il avait créé le site bénévole securvol.fr pour combler le manque d'informations sur les compagnies. Il vient de sortir deux livres de récits : "Oups, on a oublié de sortir le train d'atterrissage" et "Vols de merde, les pires histoires de l'aviation".

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Atlantico : Michael O'Leary, le PDG de la compagnie aérienne irlandaise est connu pour ses propositions commerciales "choc", la dernière en date, proposer des vols gratuits sur ses appareils à l'horizon de 5 à 10 ans. Cette proposition est-elle réaliste en l'état ou alors il s'agit d'une déclaration qui ne sera pas suivie d'effets ? 

François NeninD'abord, soulignons la capacité qu'à Michaël O'Leary de s'offrir des campagnes publicitaires à bon compte, c'est à dire gratuites ! Ces annonces de projets délirants, sont toujours largement couvertes par les médias. Rappelons, par exemple, les toilettes payantes, ou le pilotage avec un seul pilote, projets qui n'ont jamais vu le jour. En revanche, O'Leary a vraiment révolutionné le monde du transport aérien. Economiquement, cette low cost est un "ovni" qui a connu un vrai succès commercial en instillant de nouvelles pratiques aux voyageurs et aux compagnies ayant essayé de les copier. O'Leary est très fort pour faire peser un certain nombre de postes de dépenses sur les autres. En France, l'ouverture de lignes sur des aéroports régionaux a été largement financée par les collectivités territoriales. De la même façon, une ancienne hôtesse de l'air, Sofia Lichani avait raconté dans son livre "Bienvenue à bord" qu'elle avait du payer sa formation dispensée par l'entreprise irlandaise 1400 livres et qu'elle devait faire le ménage à bord. Michaël O'Leary (MOL) avait surnommé ses pilotes "les chauffeurs de bus du ciel". Ils sont souvent des "contractors" précaires employés par des agences. A quand le uberpilote seul dans le cockpit, supportant tous les risques y compris en cas d'accident, noté par les passagers et dont le compte serait désactivé si sa note passe sous la barre de 4 sur 5, comme les chauffeurs de VTC ? 

Quelles seraient les contreparties pour que cette proposition de vols gratuits puisse voir le jour ?

Il faut bien admettre que le transport aérien en général coûte cher : la maintenance, le kérosène et la masse salariale sont extraordinairement élevés. Donc, si le passager ne paie pas son billet, quelqu'un le paiera à sa place puisque MOL n'est pas connu pour être un philanthrope. Dans cet étrange projet, Ryanair pourrait faire glisser un certain nombre de coûts vers les aéroports, notamment les taxes. La compagnie deviendrait ainsi un prestataire de grandes surfaces commerciales et de loisirs, amenant de potentiels clients... qui paieront évidemment, pour le transport de leurs emplettes sur le vol retour ! On se demande si le rêve d' O'Leary n'est pas de passer d'une compagnie à bas coût à une compagnie à coût nul. 

Le yield management, ou politique d'optimisation du remplissage d'un train, d'un hôtel par exemple dans le but de maximiser les recettes d'une entreprise tel qu'il se pratique dans le ferroviaire peut-il s'appliquer à l'aérien, de telle sorte que différentes offres tarifaires, plus économiques puissent être proposées ?

En réalité, le yield management existe depuis un certain temps dans l'aérien. Le passager du fauteuil 9A paie rarement le même tarif que son voisin du fauteuil 9B. Ce système d'optimisation logicielle du remplissage de l'avion est très difficile à interpréter car ses lois changent en temps réel. Ainsi, ce n'est pas forcément en réservant très longtemps à l'avance, ou au contraire juste avant que la porte de l'avion ne se ferme que l'on obtient les meilleurs tarifs. Dans l'interview que MOL a accordée à notre confrère The Independant, il évoque des vols à moins de 10 Livres Sterling pour se rendre de Stansted à Edinburgh. La bonne question serait de savoir sur les 180 passagers d'un tel vol, combien n'ont payé que 9.99 Livres ? Idem pour les futurs vols gratuits, combien de places seront réellement offertes ? 

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