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Le référendum italien à 360 milliards d’euros : derrière la déstabilisation politique, la faillite programmée du système bancaire
©AFP

Panique

Ce dimanche, les Italiens seront appelés aux urnes dans le cadre d'un référendum capital pour l'avenir politique du pays. Par ailleurs, le système bancaire sera tout particulièrement attentif au résultat du scrutin.

Silvia Sciorilli Borrelli

Silvia Sciorilli Borrelli

Silvia Sciorilli Borrelli est journaliste pour le média Politico.

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Atlantico : Beaucoup d'observateurs européens regarderont ce dimanche vers l'Italie, qui doit se prononcer sur un référendum pour lequel Matteo Renzi a mis sa démission dans la balance. Mais au-delà des conséquences politiques d'un éventuel "Non", quelles peuvent être les conséquences économiques, notamment sur le système bancaire italien ?

Silvia Sciorilli Borrelli : En Italie, les opposants de Matteo Renzi pensent qu'une victoire du "non" n'aurait aucune conséquence économique. Même Mario Monti, ancien Premier ministre et commissaire européen, qui votera "non", pense que les conséquences d'un tel vote seront bien plus faciles à gérer que ce que laissent entendre les médias internationaux. Les partisans du "oui", quant à eux, ont contribué à alimenter la théorie selon laquelle un rejet de la réforme constitutionnelle mettrait en danger la stabilité financière du pays. 

De nombreux analystes et investisseurs ont également insisté sur le fait que les très nombreuses banques italiennes criblées de dettes seraient condamnées en cas de victoire du "non". Ils ont par ailleurs souligné que, dans une telle configuration, le gouvernement italien n'aurait d'autre choix que de déclencher les règles de l'UE en matière d'aide d'Etat, le fameux bail-in. 

Mais, à ce stade, tout cela relève de la spéculation. 

L'histoire récente avec le Brexit et l'élection de Trump nous a montré que les événements inattendus ont souvent des conséquences économiques moins dramatiques que ce qui était prévu, au moins sur le court terme. Au regard de la volatilité actuelle sur la bourse à Milan, on peut, de façon quasi-certaine, s'attendre à une réaction nerveuse des marchés. En-dehors de cela, si Renzi démissionnait, le président de la République, Sergio Mattarella, qui devra décider s'il convoque des élections ou s'il forme un gouvernement de technocrates, sera conscient des risques économiques qui pèsent sur le pays, et agira de façon à éviter le chaos. Par ailleurs, la loi électorale italienne doit être revue avant la prochaine élection générale : d'un point de vue technique, il est donc irréaliste d'envisager que les Italiens soient appelés à élire un nouveau Premier ministre dans les six mois. Entre-temps, un gouvernement technocratique, dirigé par le ministre des Finances Pier Carlo Padoan par exemple, pourrait tout à fait maintenir l'économie sous contrôle.

La victoire du "Non" lors de ce référendum impliquerait-elle forcément un échec du plan de sauvetage des banques MPS et Unicredit ? N'y a-t-il pas d'autres motifs d'espoir, comme les analyses de l'agence S&P ?

Non, cela ne signifierait pas nécessairement l'échec du plan pour recapitaliser MPS et encore moins Unicredit.

Indépendamment du référendum, le plan de sauvetage de MPS est une opération compliquée, car la santé de la banque n'est pas optimale, comme l'ont montré les stress tests (tests de résistance) réalisés par l'Autorité bancaire européenne à la fin du mois de juillet. Aujourd'hui, peu d'investisseurs sont prêts à participer à la recapitalisation de la banque, et un vote en faveur du non amplifierait sans aucun doute les craintes des investisseurs, qui s'inquiètent de la stabilité financière et politique de l'Italie ainsi que des difficultés du secteur bancaire.

Mais il faut garder à l'esprit qu'un dénouement positif du référendum est vu comme une condition "nécessaire mais pas suffisante" pour que le plan de sauvetage de MPS soit un succès – le problème de la banque allant bien au-delà du référendum. Dans tous les cas, si le "non" l'emporte et qu'un gouvernement technocratique est formé suite à la démission de Matteo Renzi, il est possible que MPS et le gouvernement italien cherchent à gagner du temps (auprès des investisseurs et de la Banque centrale européenne), et repoussent l'opération à l'année prochaine afin d'augmenter ses chances de succès.

La situation d'Unicredit est différente de celle de MPS : en-dehors du fait qu'il s'agit de la seule banque systémique en Italie, c'est un groupe solide qui n'est en aucun cas proche du défaut de paiement comme MPS. Indépendamment du résultat du référendum, les investisseurs sont bien plus confiants dans l'avenir d'Unicredit et bien plus disposés à investir leur argent dans la banque, donc on peut s'attendre à ce que l'opération soit un succès.

Beppe Grillo, fondateur du Mouvement 5 étoiles, souhaite que l'Italie organise un référendum sur son maintien ou non dans la zone euro, alors que selon certains sondages, plus de 30% des Italiens souhaiteraient un retour à la lire. Est-ce vraiment une option envisagée en Italie ?

Non, ça ne l'est pas. La Constitution italienne n'autorise pas les référendums consultatifs ou non contractuels, comme le Brexit au Royaume-Uni par exemple. Il n'y a eu qu'une seule exception à cette règle en 1989. La Constitution dit par ailleurs que les électeurs ne peuvent pas se prononcer au travers d'un référendum sur les traités et accords internationaux. Ainsi, la seule option réaliste d'un retour à la lire est que le mouvement 5 étoiles de Beppe Grillio gagne à lui seul une majorité de plus de 51% lors des prochaines élections générales et change la loi pour permettre une sortie de l'Italie de l'eurozone. Un tel scénario ne semble pour l'instant pas crédible.

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