Edito
Au secours, l’inflation revient !
L’élection de Donald Trump aux Etats-Unis a provoqué une véritable tempête sur les marchés financiers.
Les taux zéro, c’est fini. L’élection de Donald Trump aux Etats-Unis a provoqué un véritable maelström sur les marchés financiers qui est en train de déclencher une correction globale sur les actifs des Etats comme des particuliers avec de nouveaux risques de crise qui se profilent à l’horizon sur la solvabilité de certains pays. C’est l’avertissement que vient de lancer la banque centrale européenne, qui se demande si elle va pouvoir encore longtemps maintenir la politique de facilité qui est la sienne en continuant de racheter des dettes des pays membres.
Premier indice du changement de climat : la hausse du dollar, qui pourrait retrouver assez rapidement la parité avec l’euro, après une longue période de faiblesse. Certes, cette évolution est de nature à favoriser les exportations européennes en rendant moins chers les produits communautaires. Mais elle risque de développer outre-Atlantique les mouvements protectionnistes et le repli sur soi de l’Amérique, qui vendra moins facilement à l’étranger
Deuxième indice : le retour à la hausse des taux d’intérêt. Certes, ceux-ci avaient commencé leur remontée depuis plusieurs mois, notamment dans les pays les plus endettés comme l’Italie, où ils se situent désormais à leur plus haut niveau depuis juillet 2015. En France, le mouvement s’est également amorcé. Il va se traduire très vite au niveau du placement immobilier et calmer un peu l’euphorie qui s’est manifestée sur ce marché, qui vient de connaître un véritable boom. Les professionnels redoutent un nouveau tassement de la demande l’an prochain pour plusieurs raisons : les nouveaux emprunts coûteront plus chers en raison de la hausse des taux, alors même que les prix de vente sont repartis à la hausse de plus d’un pour cent au niveau national et trois pour cent à Paris depuis le début de l’année ; de plus, il est bien connu que les années électorales se traduisent par un certain attentisme, comme cela sera sans doute le cas en 2017. D’ »où le conseil donné par les spécialistes : en cas de transaction immobilière, commencer par vendre le bien dont on souhaite se séparer avant d’acquérir celui que l’on convoite pour éviter toute déconvenue.
L’exubérance qui règne présentement sur le marché de la pierre vient de ce que celle-ci a retrouvé son rôle de valeur refuge, alors que d’autres formes de placement font grise mine. Les Français continuent de rester à l’écart des actions et le CAC 40 reste en légère baisse depuis le début de l’année, alors que Wall Street vole de record en record. L’assurance- vie est en berne : la collecte s’est élevée à 15 milliards d’euros pour les dix premiers mois de 2016 contre 19 pour la même période de l’an dernier. Elle est même devenue négative en octobre, en raison de la chute des rendements et des craintes d’ un blocage partie des retraits prévus par la loi Sapin 2. Même l’or est en recul depuis l’avènement de Donald Trump à la Maison Blanche.
Mais à terme, le plus gros nuage est celui de l’inflation. Car on assiste déjà à une remontée spectaculaire des prix des matières premières, signe avant-coureur de la politique de relance qui s’annonce aux Etats-Unis. Le pétrole retrouve déjà la barre des cinquante dollars le baril, qui pourrait être seulement une étape. C’est une mauvaise nouvelle pour les pays endettés, en particulier la France qui n’a pas saisi la période des bas taux pour opérer les réformes indispensables et qui va voir inévitablement se creuser les déficits, tout comme ce sera le cas pour l’Espagne, le Portugal ou l’Italie. Mais pour l’instant, la seule information qui compte pour François Hollande est celle de la décrue du chômage en octobre : onze mille emplois « gagnés », un montant bien modeste face au stock de chômeurs supplémentaire de cinq cent mille accumulé pendant le quinquennat et qui permettra au chef de l’exécutif de briguer un second mandat malgré tous les obstacles qui se dressent contre lui.
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