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La victoire aux primaires de droite n’est pas forcément l’assurance d’une victoire facile aux présidentielles de mai 2017.
La victoire aux primaires de droite n’est pas forcément l’assurance d’une victoire facile aux présidentielles de mai 2017.
©Reuters

Winter is coming...

La désignation du candidat de la droite pour la présidentielle 2017 à l'issue du deuxième tour de la primaire de la droite et du centre permettra difficilement le retour à l'unité du parti LR tant les antagonismes personnels et idéologiques ont été exacerbés par le processus de campagne.

Atlantico : Dans quelle mesure les affrontements personnels et idéologiques survenus au cours de la campagne de la primaire de la droite pourraient-ils rendre les semaines qui suivront la désignation du vainqueur difficiles ? Jusqu'à quel point ces difficultés pourraient-elles nuire à la droite en vue de l'élection présidentielle de 2017 ?

Maxime Tandonnet Dans les semaines qui suivront le scrutin, il n’est pas sûr que les querelles idéologiques ou personnelles nuisent à la droite. En effet, il y aura sans doute un élan, une dynamique en faveur d’un candidat vainqueur. Les autres n’auront aucun intérêt à se montrer mauvais joueurs. La participation élevée à ce scrutin, les files d’attente interminables pour voter – certains attendent plus d’une heure – sont le signe d’un événement grave, d’une profonde mobilisation. Tout cela reflète sans doute une révolte, une soif de changement de politique mais aussi des têtes. Nous sommes au-delà d’une logique de primaires de la droite et du centre mais nous assistons probablement à un phénomène qui dépasse les clivages, l’expression d’un besoin populaire de démocratie et de changement. Dès lors, on imagine mal un ou plusieurs candidats vaincus remettre en cause la légitimité de ce scrutin, au risque de se marginaliser. Sauf en cas de résultats extrêmement serrés et de suspicions de fraudes mais tout a été fait pour éviter ce risque. 

Au regard des antagonismes entre les différents candidats à la primaire de la droite, comment ces derniers pourront-ils renouer du lien entre eux afin de paraître le plus unis possible pour 2017 ? Peut-on envisager que ces antagonismes soient irréconciliables ? Si oui, quelles conséquences cela pourrait avoir ? 

Non, les antagonismes ne sont pas inconciliables, du moins sur le plan idéologique. Les trois principaux candidats, M. Sarkozy, M. Juppé, M. Fillon, ont gouverné ensemble. M. Fillon a été le Premier ministre de M. Sarkozy pendant cinq ans. M. Juppé a été le ministre des Affaires étrangères de Sarkozy pendant plus d’un an. Qui peut croire à de profondes divergences de fond ? De fait, les désaccords entre eux sont affaires de postures destinées à se distinguer les uns des autres. Elles se sont cristallisées sur les questions autour de l’identité. En réalité, sur l’Europe, sur la politique d’immigration et d’intégration, sur la sécurité, les trois n’ont pas de philosophies fondamentalement différentes. Leur opposition est de nature personnelle et liée à des querelles d’ambition. Dans le contexte que nous connaissons, de rejet profond du pouvoir en place et de soif de changement, il est probable qu’une attitude négative de la part des perdants serait suicidaire, non pour leur carrière politique de toute façon compromise, mais pour leur image dans la postérité. C’est pourquoi je ne crois pas à une contestation des résultats mais plutôt à un phénomène de ralliement du bout des lèvres au vainqueur. 

Quel(s) effet(s) pourrait-on observer, sur le vainqueur de la primaire de la droite, et sur cette dernière d'une manière plus générale, du processus de désignation du candidat de la gauche à partir de janvier ? L'éclipse médiatique probable pourrait-elle avoir un effet négatif sur le camp LR ?

C’est vrai qu’à partir de 2017, tout sera infiniment plus compliqué pour le vainqueur. Son état de grâce sera de très courte durée. Les primaires de gauche prendront l’ascendant sur le plan médiatique. Elles seront l’événement politique du début de l’année avec un lot d’incertitudes gigantesques. On ne parlera plus que de cela avec pour conséquence une banalisation de la position du vainqueur de la primaire de la droite et du centre. L’émergence d’un candidat charismatique à gauche n’est pas à exclure.

Mais les périls ne s’arrêtent pas là. On peut imaginer une prolifération de candidatures de droite ou du centre qui ne sont pas passées par la primaire. Compte tenu de la volatilité de l’électorat, un engouement pour une de ces candidatures n’est pas à exclure. Le poids du parti lepéniste et son score sont une autre inconnue. De même, une autre inconnue tient à la confirmation ou non du phénomène Macron. La victoire aux primaires de droite n’est pas forcément l’assurance d’une victoire facile aux présidentielles de mai 2017. Et ne parlons pas de la suite qui peut être extrêmement chaotique. Le nouveau président aura-t-il une majorité présidentielle ? Rien n’est moins sûr si le tripartisme devait se confirmer aux législatives. Quelle sera l’attitude des syndicats face aux réformes libérales que proposent les candidats ?  Le pays peut-il être bloqué ? Le nouveau président sera-t-il en position de tenir ses promesses ? 2017 sera, quoi qu’il arrive, une période d’incertitudes intenses. 

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