Primaire, qui pour faire la différence ? Ces ténors de la droite qui ne se sont pas encore alliés à l’un des candidats<!-- --> | Atlantico.fr
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On croise dans cette galerie des figures plus discrètes, mais non moins déterminées. Par exemple, Xavier Bertrand ou Jean-Louis Borloo, qui sont d'ailleurs deux figures du Nord, peuvent se revendiquer d'une tradition plus sociale.
On croise dans cette galerie des figures plus discrètes, mais non moins déterminées. Par exemple, Xavier Bertrand ou Jean-Louis Borloo, qui sont d'ailleurs deux figures du Nord, peuvent se revendiquer d'une tradition plus sociale.
©ERIC PIERMONT / AFP

Non-alignés

Tous les soldats de la droite s'étaient prononcés en faveur d'un candidat à la primaire de la droite. Tous ? Non, un groupe d'irréductibles politiciens indépendants résiste encore à la tentation du choix. Et leur influence n'est certainement pas à négliger dans les jours à venir.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Atlantico : Qui sont ces derniers ténors de la droite et du centre qui n'ont pas encore apporté leur soutien à un des candidats ? Pourquoi se sont-ils abstenus jusqu'ici ?

Eric Verhaeghe : Beaucoup d'entre eux appartiennent à ce qu'on peut aller le gaullisme social, au sens large du terme. On croise dans cette galerie Henri Guaino, par exemple, qui se revendique ouvertement du gaullisme social, mais aussi des figures plus discrètes, mais non moins déterminées. Par exemple, Xavier Bertrand ou Jean-Louis Borloo, qui sont d'ailleurs deux figures du Nord, peuvent se revendiquer d'une tradition plus sociale que François Fillon ou Bruno Le Maire. Mais, sur les mêmes bancs, on trouve encore les "techno" de la droite, comme Christine Lagarde ou Dominique de Villepin. Une mention spéciale peut être accordée à Nadine Morano, qui relève à la fois de la tradition sociale des Républicains, et de la culture identitaire. Tous ces éléphants ont un problème avec la primaire dans la mesure où l'ont peu imaginer qu'ils auraient tous rêvé d'y être, et de gagner, mais que le trop plein de candidats existants les en a empêchés. Les mésaventures de Nadine Morano nous le rappellent. Tous ces hiérarques auraient en effet pu se rêver un destin national, et l'organisation des primaires le complique singulièrement. Ils n'ont donc pas intérêt à se "compter" et à s'affaiblir dans un processus dont ils n'attendent rien. Cette circonspection est d'autant mieux justifiée que l'appareil du parti leur obéira peu s'ils en venaient à gagner.  

Peut-on s'attendre à des soutiens de dernière minute de leur part ? Ou attendent-ils la désignation pour s'engager dans la campagne présidentielle ?

Quoi qu'il arrive, ils sortiront de leur ambiguïté à leur détriment. Tous peuvent imaginer un maroquin ministériel dans l'hypothèse où le vainqueur de la primaire deviendrait président de la République (ce qui, répétons-le, n'est pas garanti !). Choisir l'un plutôt que l'autre constitue donc une prise de risque importante. Ils s'exposent en effet à une éviction au cas où leur choix final ne serait pas le vainqueur ultime du scrutin. Certes, certains mariages seraient curieux. Par exemple, on imagine mal Dominique de Villepin s'acoquiner avec Sarkozy. La haine entre les deux hommes complique singulièrement une alliance aujourd'hui. Regardez Valérie Pécresse et le risque qu'elle a pris en rejoignant Alain Juppé un peu trop tôt, sans doute contre la promesse de Matignon. Même opérés avec des sondages favorables, ces choix s'avèrent extraordinairement délicats. Aujourd'hui, une défaite de Juppé en rase campagne paraît plausible, et une victoire de Fillon imaginable, quand le rapport de force était totalement inversé il y a quatre semaines. Face à cette zone de risque, le bon sens est d'attendre, et de surseoir. Les personnalités en question l'ont très bien compris et attendent leur heure. 

Quel poids aurait un soutien de personnalités importantes telles que Xavier Bertrand ou Michèle Alliot-Marie ? Quels candidats en bénéficieraient le plus ?

Personne ne le sait, et on peut même douter de l'impact que de tels ralliements pourraient avoir. En réalité, l'abondance de candidats à la primaire de la droite sème le doute, brouille les cartes. Et des guerres de clochers ou de filiation n'arrangeraient rien. L'effet possible d'un soutien s'anéantirait dans le sentiment de désordre et de confusion qui apparaît déjà dans le débat. D'une certaine façon, il est d'ailleurs temps que le débat se termine, que le scrutin arrive. La campagne semble aujourd'hui interminable et contre-productive. Elle a commencé avant les vacances d'été et a pris sa vitesse de croisière en septembre, soit trois mois de blocage politique et de centrage sur soi. Le vainqueur de la primaire enchaînera sur plus de six mois de campagne pour la présidentielle. Ce timing est démesuré. La vie politique est aujourd'hui bloquée par une campagne qui dure un an. C'est totalement inquiétant et contraire à notre tradition politique, mieux accoutumée à des campagnes ramassées et intenses. A force d'entendre les mêmes débats et les polémiques qui les entourent, la démocratie va perdre son assise. Elle apparaît de plus en plus comme un espace d'affrontements stériles et coupés des urgences du pays. 

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