Primaire : un gagnant, une valeur sûre, un grand prudent, et un naufragé dans un débat décousu<!-- --> | Atlantico.fr
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François Fillon a été perçu comme le candidat le plus convaincant par 33% des sondés (représentatifs des Français), devant Alain Juppé à 32%, et Nicolas Sarkozy qui n'arrive qu'en troisième position avec 18% de sondés convaincus.
François Fillon a été perçu comme le candidat le plus convaincant par 33% des sondés (représentatifs des Français), devant Alain Juppé à 32%, et  Nicolas Sarkozy qui n'arrive qu'en troisième position avec 18% de sondés convaincus.
©Capture d'écran

Troisième round : un K.O.

Le grand perdant de ces primaires est jusqu'ici Bruno Le Maire ; même s'il a su recadrer le vétéran du journalisme qu'est Jean-Pierre Elkabbach, qui s'est montré condescendant à son égard, le candidat du "renouveau" a reconnu que l'expérience n'était pas inutile pour devenir un bon Président.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le dernier débat entre les candidats à la primaire de la Droite et du Centre ne fera pas date pour son éclat. Peut-être se souviendra-t-on du coup d'éclat de François Fillon. L'ancien Premier ministre s'est "détaché du lot" et a imposé son leadership dans la discussion qui tournait en rond, lorsqu'il a interpellé David Pujadas sur l'organisation des débats en refusant que les candidats débattent entre eux, sans modérateur, (revenant sur ce qu'il avait apparemment accepté auparavant). Ce moment aurait pu être celui de tous les dangers pour lui. Il l'a flairé et a opportunément su profiter du flottement, voire de la confusion  qui régnait sur le plateau pour prendre la main et demander avec autorité que l'on parle des questions qui intéressent les Français, comme la santé. Les téléspectateurs ne pouvaient qu'adhérer à cette requête alors que le débat s'enlisait sur les forces spéciales qu'il convenait ou non d'envoyer en Syrie, ou encore sur l'attitude à adopter avec Donald Trump lorsqu'il entrera en fonction, voire de tirer les leçons du vote américain. Et du coup cette réaction a contribué à conforter son aura auprès des téléspectateurs-, potentiels électeurs de la primaire de la droite et du centre.

L'effet a été instantané : François Fillon a été perçu comme le candidat le plus convaincant par 33% des sondés (représentatifs des Français), devant Alain Juppé à 32%, et  Nicolas Sarkozy qui n'arrive qu'en troisième position avec 18% de sondés convaincus. Le résultat s'accentue chez sympathisants de la droite et du centre interrogés lors de ce débat en faveur de François Fillon. Dans ce cas de figure, l'ancien Premier ministre devance tous ses concurrents avec 39% des suffrages. Ce n'est plus Alain Juppé qui occupe la seconde position (à 25%), mais Nicolas Sarkozy, avec 26% des sondés qui jugent l'ancien président le plus convaincant. En tête dans toutes les enquêtes d'opinion depuis des semaines, le maire de Bordeaux a vu sa cote de popularité s'effriter ces derniers jours à cause de la remontée de François Fillon. Nicolas Sarkozy, lui, conserve son noyau de fidèles, mais est challengé par son ancien Premier ministre en cas de duel au deuxième tour, comme le montrent les simulations de vote dans les sondages. Le grand perdant de ces primaires est jusqu'ici Bruno Le Maire; même s'il a su recadrer le vétéran du journalisme qu'est Jean-Pierre Elkabbach, qui s'est montré condescendant à son égard, le candidat du "renouveau" a reconnu que l'expérience n'était pas inutile pour devenir un bon président : "Il faut beaucoup de temps pour acquérir la maturité nécessaire. Mais vous savez, j'ai déjà des années d'expérience politique derrière moi", mettant ainsi par terre des mois voire des années de campagne sur le thème du renouveau... des hommes. Dans ces débats, il n'a pas réussi à creuser l'écart avec ses concurrents chevronnés, pas plus que Jean-François Copé dont la mission principale mission hier soir semblait consister à montrer que François Fillon et Nicolas Sarkozy avaient gouverné ensemble et devaient être solidaires de leur bilan (-forcément mauvais).

Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a marqué des points d'après le sondage post débat, s'est montrée pugnace envers ses concurrents et a réussi à se positionner en candidate moderne, qui combat "la droite sectaire et réactionnaire, la droite grise et conservatrice" en déclarant : "Voter pour moi, c'est dire que les solutions d'hier sont mortes". Mais elle était bien seule pour argumenter que les vieux débats sur le temps de travail sont  presque révolus avec l'ubérisation de l'économie. Nicolas Sarkozy qui a mis l'accent sur son "expérience, son énergie, son autorité", n'a pas cherché à prendre l'ascendant sur ses concurrents sur le mode " j'ai tout vu, je sais tout, ils ne savent rien". Convaincu qu'il sera au deuxième tour, il a surtout cherché à consolider sa base électorale (en renouvelant ses attaques contre "l'identité heureuse" prônée par Alain Juppé, le repoussoir pour la droite dure), pour éviter qu'elle ne s'effrite... au profit de François Fillon. L'effritement, c'est aujourd'hui tout le problème d'Alain Juppé. Toujours considéré comme le meilleur présidentiable d'après le sondage Elabe (et l'ensemble des enquêtes d'opinion), le maire de Bordeaux, dont la cote s'est érodée au fur et à mesure que celle François Fillon grimpait, veut le "rassemblement" des Français, face à ceux qui jouent sur les peurs et provoquent la division, et estime avoir tout dit pendant les deux ans et de campagne qu'il a menée dans le pays pour cette primaire. Peut-il être doublé sur le fil et éliminé le soir du premier tour de la primaire ? Jusqu'ici une forte mobilisation lui était favorable. Sera-ce le cas jusqu'au bout ? Alain Juppé s'est montré très détendu au cours du débat, comme si pour lui cette ultime confrontation n'allait pas changer les lignes. Et pourtant, en dépit de tous les sondages, les résultats du scrutin de dimanche sont des plus incertains.

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