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C'est en partie vrai, mais n'exagérons pas...
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Atlanti-culture

Valérie de Menou pour Culture-Tops

Valérie de Menou pour Culture-Tops

Valérie de Menou est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

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Livre

La littérature sans idéal

de Philippe Vilain

Ed. Grasset 

162 pages

L’auteur

Philippe Vilain est docteur en lettres modernes, écrivain et essayiste. Il a publié de nombreux ouvrages dont le thème est l’exploration de la conscience amoureuse: « L’Etreinte », «  le Renoncement », «  L’été à Dresde », « Paris l’après-midi », «  La femme infidèle ». Son roman, « Pas son genre », a été adapté au cinéma par le réalisateur Lucas Belvaux. 

Thème

La littérature produite aujourd’hui est-elle devenue un produit de consommation de masse ? Le constat de Philippe Vilain est sévère. Selon lui, le style a disparu, l’écriture s’est paupérisée et uniformisée, obéissant à une logique mercantile: vendre à tout prix au mépris de la qualité. Il qualifie ce phénomène de « fabrique du désécrire », à la merci des modes qui privilégient le culte du réel en s’emparant d’un évènement - le post-réalisme-  et en collant à une époque égocentrée. 

Points forts

-        Un essai qui fait du bien car le désamour pour la littérature (la vraie..) est rarement abordé.

-        L’auteur a des convictions et il les clame sans concessions dans un essai qui restera certainement un ouvrage de référence.

-        Pour Philippe Vilain c’est donc bien le style qui permet d’établir la différence entre littérature de consommation et littérature littéraire. Mais comment privilégier ce style alors que les maisons d’éditions choisissent de publier des milliers de romans chaque année ? A méditer, cette phrase de Robbe-Grillet citée par l’auteur: « le véritable écrivain n’a rien à dire, il a seulement une manière de le dire ».

-        Il dénonce la publication de personnes connues, comédiens, politiques, femme de… ou ex de ….  au détriment de véritables et talentueux écrivains qui ne bénéficient pas de réseaux ou de promotion.

-        Proust est encensé -«  perfection d’une œuvre  totale, aboutie dans sa forme, son style, sa pensée »-  et Céline démythifié -« une langue décultivée qui exprime sa propre faillite, la défaite de la raison »-. Cette opinion me ravit mais va attrister Jacques Paugam, créateur de Culture Tops et fervent admirateur de Céline qu’il considère comme le plus grand écrivain du XXe siècle avec Marguerite Yourcenar. Heureusement, sur Culture-Tops, on peut écrire ce que l'on veut...

-        Un ouvrage didactique, qui doit amener le lecteur à des choix réfléchis. Philippe Vilain énumère d’ailleurs des livres et  des auteurs qu’il apprécie.

Points faibles

-        Cet essai est un brin élitiste, il ne s’adresse pas à un public qui serait censé élever le niveau de ses lectures.

-        N’existe-t-il pas une vertu de cette littérature industrielle : celle d’amener les gens à lire  ? Ne vaut-il pas mieux lire des livres médiocres que de ne pas lire du tout ?

-        Une dénonciation de la critique et des blogs littéraires susceptibles de dicter des choix, sans réelle compétence. Chroniqueurs de Culture Tops, tous aux abris… mais à l’heure de l’omniprésence des réseaux sociaux et autres forums, les avis sur la toile sont inévitables et me semblent éclairer avec plus de justesse qu’une presse liée aux maisons d’édition; problème que l’auteur ne manque pas de soulever d’ailleurs.

En deux mots

Un essai qui interpelle non seulement les amoureux de la littérature littéraire mais aussi les mauvais consommateurs et qui fait prendre conscience  de la métamorphose socio-culturelle du lecteur.

L’auteur  dénonce la « selfication des esprits » un terme coup de poing qu’il illustre parfaitement en nous exposant  que la littérature se décline aujourd’hui en autofiction (roman sur soi tendant à refonder sa mythologie personnelle), biofiction (écriture sur un personnage illustre correspondant à la peopolisation des esprits)  et docufiction (investigation, fait divers).

L’écriture réflexive a donc quasiment disparu car elle nécessite plus d’investissement pour l’écrivain et demande également un effort de temps et de compréhension pour le lecteur, qui veut désormais se divertir, aller vite, se contentant d’une écriture oralisante au lieu de chercher à nourrir sa vie,  d’adapter ses comportements et d’éclairer son rapport au monde

Le déclinisme est-il donc niché partout ? L’air du temps nous incite-t-il à  capituler devant une écriture trop recherchée et céder à la facilité ?

Restons optimistes, avoir connu une ministre de la Culture qui n’avait jamais lu Modiano a suscité la consternation et  la récente attribution du prix Nobel de littérature au chanteur américain Bob Dylan ne va pas lasser d’enflammer le monde de la culture en provoquant le débat.   

Et puis, en cherchant bien, Culture Tops recense une vingtaine de romans exceptionnels chaque année, tout n’est donc pas perdu….

Une phrase

«  Finis le romanesque de l’inaction, l’aventure intérieure, l’occupante obsession, la contemplation joyeuse, l’absence de rapport au monde. C’est ainsi que le roman ne fournit plus des rêveurs, mais des traders ou des politiciens, des ingénieurs ou des cadres supérieurs, des communicants ou des entrepreneurs, des tyrans ou des criminels, des hommes pressés ou des femmes actives, des ambitieux et des carriéristes, des connectés et des déterminés, agissant sur leur destin et leur petit monde » page 83

Recommandation

ExcellentExcellent

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