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Peu à peu, le roman se complexifie, changeant d’angle avec des personnages qui se séduisent pour mieux se détruire avec un bel acharnement.
Peu à peu, le roman se complexifie, changeant d’angle avec des personnages qui se séduisent pour mieux se détruire avec un bel acharnement.
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Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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Livre

Souvenirs d’un mariage

de Louis Begley

traduit de l’anglais par Edith Soonckindt

Ed. Piranha

L’auteur

Romancier américain, d’origine polonaise, Louis Begley a émigré aux Etats-Unis en 1946 avec ses parents. Diplômé de Harvard, avocat à New York, Louis Begley a obtenu le Hemingway Foundation/PEN Award (1991) et le prix Médicis étranger en 1992 pour Une éducation polonaise (Grasset, 1991). Souvenirs d’un mariage est son dixième livre sur les douze qu’il a publiés et qui ont été traduits en quinze langues. Fait chevalier des Arts et Lettres, Louis Begley est, depuis 2008, docteur Honoris Causa de l’université d’Heidelberg.

Thème

Le hasard est-il pour quelque chose dans les retrouvailles de Philip, un écrivain célèbre et las, tout juste veuf, et de Lucy De Bourgh, une de ses anciennes conquêtes ? Héritière new yorkaise aigrie par un mariage raté et des liaisons calamiteuses, que cherche Lucy en s’accrochant à Philip auquel, jusque-là, elle avait prêté peu d’attention ? Aussi accro à son psy qu’aux drinks à répétition, l’héroïne de Souvenirs d’un mariage est tout sauf une oie blanche. Sympathique ? Pas vraiment. Captivante ? Sans le moindre doute pour un homme qui n’exclut pas d’écrire son histoire et veut en tout cas percer le mystère de sa vie. Derrière les liens qui se tissent entre Philip et Lucy De Bourgh, la peinture d’une société cosmopolite où l’argent et la réussite éclatent comme des promesses fallacieuses, égratignant les plus forts et terrassant ceux qui les pensaient éternelles.

Points forts

Louis Begley s’amuse à piéger ses lecteurs sur une carte du Tendre qui ne fait pas dans la dentelle. Ses femmes n’ont ni froid aux yeux ni besoin de détours pour dire crûment tout le mal qu’elles pensent de ceux qui les sautent sans égards. Entre jeunes filles parfaites et garces accomplies, les maris aux carrières époustouflantes ne sont pas aussi lisses que sur les photos. Quant aux amants d’un jour ou d’une vie, ils apparaissent tantôt piteux tantôt magnifiques mais en tout cas jamais prévisibles.

Points faibles

Un début qui aurait pu être mieux cadencé et auquel, heureusement, il ne faut pas se fier.

En deux mots

Une fois passée l’impression de déjà lu, « Souvenirs d’un mariage » tient la route et le lecteur avec. Peu à peu, le roman se complexifie, changeant d’angle avec des personnages qui se séduisent pour mieux se détruire avec un bel acharnement. Ceux qui pensaient avoir entre les mains un inoffensif remake de Vita Sackville-West et d’Edith Wharton en seront pour leurs frais. Lucy De Bourgh, exaspérante enfant gâtée issue de la haute société américaine, essuie les plâtres d’une vie qui se délite à une rapidité vertigineuse. A qui la faute ? Aux parents ? Au mari ? Aux amis qui n’en sont pas. Aux amants ou plus simplement à son incapacité à être heureuse. Alcoolique et nymphomane, l’imprévisible trajectoire de l’ancienne égérie de Hamptons fait des dégâts collatéraux sous toutes les latitudes.

Un bon roman. Savoureux par instants. Cruel, tout le temps.

Une phrase

Qui seront trois :

- "Toutes avaient eu un mariage normal avec de jolies invitations imprimées chez Shreve and Crump, des demoiselles et des garçons d’honneur ; leurs enfants étaient en maternelle, ou dans les classes élémentaires ; elles jouaient au tennis en salle. Les hommes avaient des sloops au mouillage à Marble Head "…

- La seconde est dite par l’héroïne après son mariage catastrophique avec Thomas Snow, fils de garagiste :

"Lucy de Bourgh avait été « déclassée », ce n’était plus une personne que l’on gardait sur sa liste une fois qu’on l’y avait inscrite. En prime, j’allais de moins en moins bien…ce mariage était une erreur ; je n’aimais pas Thomas ; et je m’enlisais dans une tourbière" …

- La dernière phrase clôt le bal des illusions perdues : "Un enfant n’a jamais réparé un mauvais mariage ni soigné quelqu’un comme moi."

Recommandation

BonBon

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