Les autres (les vrais) perdants de l'élection américaine sont Hollande, Libération, France 2, le PS, Télérama, Le Monde, les écolos, les Inrocks etc…<!-- --> | Atlantico.fr
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La veille du scrutin, alors qu'il croyait encore en la victoire d'Hillary Clinton, François Hollande a eu cette phrase invraisemblable : "Je crois aux valeurs du peuple américain". Mais quelle arrogance !
La veille du scrutin, alors qu'il croyait encore en la victoire d'Hillary Clinton, François Hollande a eu cette phrase invraisemblable : "Je crois aux valeurs du peuple américain". Mais quelle arrogance !
©XAVIER LEOTY / XL / AFP

La défaite en pleurant

Ils se sont tous passés et repassés un film d'horreur avec Donald Trump en vedette repoussante. Et, horreur et damnation, il n'y a pas eu de happy end.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Pendant des mois, ils nous ont répété en boucle : "Non, ça ne peut pas arriver !". Ah non, il n'était pas possible qu'un "candidat raciste, islamophobe et xénophobe" (l'éditorial de Libération aujourd'hui) devienne le 45ème président des États-Unis ! Ah non, il était exclu que la Terre s'arrête de tourner autour du Soleil et que le vil plomb se transforme en or ! Et autour de Trump, ligoté par eux à un poteau d'infamies, ils ont entamé une inlassable danse du scalp, obsessionnelle comme celles des derviches tourneurs…

Tous, à commencer par le premier d'entre eux (j'ai bien du mal à dire "le premier d'entre nous") : François Hollande. La veille du scrutin, alors qu'il croyait encore en la victoire d'Hillary Clinton, il a eu cette phrase invraisemblable : "Je crois aux valeurs du peuple américain". Mais quelle arrogance ! Quelle suffisance ! Quelle condescendance ! Un capitaine de pédalo se permettant de parler de façon hautaine et méprisante au plus gros paquebot du monde croisé sur sa route.

Tous les autres ont été au diapason. L'orgie anti-Trump s'est vite transformée en un lynchage des plus haineux. Les télés, France 2, BFM TV, rivalisaient dans la recherche d'images et de sons qui authentifieraient l'idée que le milliardaire américain était un malade sexuel doublé d'un homophobe. De Libération aux Inrocks en passant par Le Monde et Télérama, ce n'était qu'un cri : jamais l'Amérique de Lincoln et d'Obama ne se livrera un populiste fascisant ! Ces journaux avaient simplement oublié que cette Amérique avait été aussi celle de Bush.

Sur les radios, France Inter, France Info et France Culture, on ne parlait plus : on éructait et on vomissait. Trump avait osé dire un peu crûment ce qu'il pensait de l'immigration mexicaine ? Honte à lui ! Trump avait dit deux ou trois choses concernant les Noirs et la délinquance ? Honte au raciste ! Trump s'était permis d'établir un rapport entre le terrorisme et les musulmans ? Au pilori, l'ignoble islamophobe !

C'est ainsi qu'une partie de la France, celle proclamée "pensante", s'est shootée, passant allègrement du shit à la coke. Déchirée, défoncée, elle a fini par croire aux imbécilités qu'elle débitait. Elle s'est laissé aveugler par des sondages qu'elle triturait et malaxait afin qu'ils annoncent la défaite tant souhaitée du monstre. Et pour rendre plus plausible son fantasme amoureux d'une victoire d'Hillary Clinton, elle s'est fabriquée un Trump tellement hideux qu'il devenait impossible que l'Amérique vote pour lui. Qui n'a pas vu à la une des gentils médias le titre "Very Bad Trump" ne saura jamais jusqu'à où a pu aller cette hystérie collective.

Ce pauvre Trump était tellement dégoûtant, répugnant, que même à droite, on a éprouvé le besoin de cracher un peu sur lui. Ça a été particulièrement le cas du côté de la droite bien élevée, celle qui reste droite non pas dans ses bottes mais dans ses petits souliers vernis. Ainsi, ce matin, le maire de Bordeaux a, en prenant sa tasse de thé, publié un communiqué mobilisateur du genre "la République est en danger !". Il a souligné "les risques que font courir à la démocratie la démagogie et l'extrémisme". Et il a déduit – voyez-vous ça ! – de l'élection du démagogue et de l'extrémiste qu'il n'a pas nommé que "plus que jamais, la France avait besoin d'un président fort et respecté". C'est clair, non ?

Même Sarkozy qu'on croyait plus intuitif avait éprouvé le besoin de prendre ses distances d'avec le milliardaire américain. Mais ce matin, il a réussi son oral de rattrapage avec un "le peuple américain s'est prononcé contre la pensée unique". Et, comble du comble, Florian Philippot, voulant sans doute protéger la virginité de sa candidate, a fait une grimace de dégoût en prononçant le nom de Trump. Combien d'entre eux seraient heureux d'avoir le score du nouveau président des États-Unis ? Et la gauche ? Elle ne compte pas, ne compte plus. Une toute petite grenouille française que les médias à sa dévotion essayent de transformer en bœuf.

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