Daydream View, les nouvelles lunettes Google de réalité virtuelle sont encore bien loin d’un univers à la Matrix… Et c’est tant mieux<!-- --> | Atlantico.fr
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Vivre immergé dans la virtualité pourrait générer des pathologies psychiatriques graves, notamment favoriser la schizophrénie. Notre société n’est pas encore prête à faire le deuil de la réalité !
Vivre immergé dans la virtualité pourrait générer des pathologies psychiatriques graves, notamment favoriser la schizophrénie. Notre société n’est pas encore prête à faire le deuil de la réalité !
©Jewel SAMAD / AFP

Pilule bleue ou pilule rouge ?

Nous sommes encore loin d'une réalité virtuelle permettant des expériences telles que décrite dans de nombreuses œuvres de science-fiction comme Matrix ou Existenz. Ce qui n'est pas finalement une mauvaise chose... quand on sait les risques (bien réels) que cela implique. Entre les séquelles sur le tissu cérébrale et la confusion entre deux "réalités", la facture est assez salée.

Laurent Alexandre

Laurent Alexandre

Chirurgien de formation, également diplômé de Science Po, d'Hec et de l'Ena, Laurent Alexandre a fondé dans les années 1990 le site d’information Doctissimo. Il le revend en 2008 et développe DNA Vision, entreprise spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La mort de la mort paru en 2011, Laurent Alexandre est un expert des bouleversements que va connaître l'humanité grâce aux progrès de la biotechnologie. 

Vous pouvez suivre Laurent Alexandre sur son compe Twitter : @dr_l_alexandre

 
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Atlantico : Le casque de réalité virtuelle de Google, Daydream View, devrait être disponible à partir du 10 novembre 2016. Si la réalité virtuelle prend désormais corps, qu'elles sont les prochaines avancées auxquelles il faut s'attendre ? Des connexions synaptiques entre le cerveau humain et la machine sont-elles envisageables ? Quel est l'avancée des recherches sur ce domaine ?

Laurent Alexandre : La bataille industrielle sur la Réalité Virtuelle a débuté avec le rachat pour 2 milliards de dollars d’Oculus par Facebook en 2014. Tous les industriels du numérique se sont engagés dans cette voie à la suite de Facebook. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook est persuadé que la réalité virtuelle est le prochain mode de manipulation des objets numériques. Il pense même que la réalité virtuelle va supplanter les systèmes d’exploitation informatiques comme Android, Windows ou IOS. La fusion de l’Intelligence artificielle et de la réalité virtuelle est l’étape suivante vers 2020.

La réalisation de connexions directes entre notre cerveau et des microprocesseurs pour augmenter les capacités de nos cerveaux et nous faire vivre directement dans la réalité virtuelle semble possible à l’horizon 2025-2030 mais pose des problèmes éthiques majeurs. Si, il est acceptable de planter des circuits intégrés dans le cerveau d’un tétraplégique incapable de se mouvoir pour lui donner une certaine mobilité, il paraît inenvisageable de prendre le risque d’abimer le tissu cérébral d’un individu en pleine santé pour lui faire vivre de nouvelles expériences de réalité virtuelle. Les expériences des héros du film de Cronenberg "Existenz" ne sont pas acceptables en l’état actuel de nos normes éthiques.

Pour quand peut-on espérer voir de tels produits dans les rayons ? 

Des dispositifs non invasifs, c’est à dire qui ne rentrent pas dans notre cerveau mais l’influencent sans danger sont envisageables à l’horizon 2020. Pour ce qui concerne des prothèses branchées sur nos neurones, l’horizon est beaucoup plus lointain et en tant que médecin, je n’y suis pas favorable chez les individus non malades. 

Mais la Silicon Valley est beaucoup plus progressiste. Pour que nous ne soyons pas écrasés par l’Intelligence Artificielle, l’industriel Elon Musk a proposé, le 2 juin 2016, la mise au point d’une interface entre le cerveau humain et le cerveau numérique. Il envisage un système branché à la veine jugulaire qui distillerait des nanocomposants dans le cerveau, ce qui nous transformerait en êtres symbiotiques où le numérique communique avec notre esprit. 

Ce type de dispositifs nous permettraient de vivre indifféremment dans la vie réelle et le monde virtuel.

Quels sont les risques inhérents à ce genre de pratique ? D'un point de vue physique, faut-il craindre des séquelles sur le cerveau humain ? Qu'en est-il des risques de confusion entre deux réalités distinctes…?

Le premier risque est que les prothèses intra cérébrales abiment les neurones par infection ou inflammation. Mais il existe aussi des risques psychologiques et psychiatriques. Vivre immergé dans la virtualité pourrait générer des pathologies psychiatriques graves, notamment favoriser la schizophrénie.

Notre société n’est pas encore prête à faire le deuil de la réalité !

Quels seront les premiers domaines touchés ?

La réalité virtuelle et la réalité augmentée vont pénétrer tous les secteurs d’activités. Pour les consommateurs mais aussi dans le monde du travail. Le plus gros marché grand public sera, bien sûr, les jeux vidéo. Dans le domaine de la santé, les chirurgiens pourraient être aidés par des casques de réalité virtuelle pour mieux opérer. Mais ce n’est qu’une étape avant la robotisation de l’acte chirurgical. Google y travaille au travers de sa filiale Verb Surgical…. Le tsunami technologique ne nous laissera aucun répit !

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