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Le Goncourt à "Chanson douce" : bonne pioche
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Mieux, cette année, que l'Académie Française, aussi bien que le Femina et le Medicis, le Prix Goncourt couronne le récit admirable d'une terrible descente aux enfers.

Serge Bressan pour Culture-Tops

Serge Bressan est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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Livre

"Chanson douce"

de Leila Slimani

Ed. Gallimard

L'auteur

Née le 3 octobre 1981 à Rabat (Maroc), Leila Slimani est écrivaine et journaliste. Fille d’un banquier et d'une médecin ORL, elle a étudié au Lycée Français de Rabat avant de venir à Paris poursuivre ses études à l’Institut d’Etudes Politiques. Elle envisage un moment de devenir comédienne et s’inscrit au Cours Florent avant de s’orienter vers le journalisme -ainsi, elle est engagée en 2008 par l’hebdomadaire « Jeune Afrique » où elle est en charge des sujets relatifs à l’Afrique du nord. 

Leïla Slimani fait une première apparition en littérature en 2013 avec « La Baie de Dakhla : itinérance enchantée entre mer et désert », revient l’année suivante avec un roman très remarqué : « Dans le jardin de l’ogre » et présente donc, à présent, son troisième roman, « Chanson douce ».

Thème

Une ouverture cinglante. En quelques lignes, les premières, on sait tout, on ne sait rien. « Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. Le médecin a assuré qu’il n’avait pas souffert. On l’a couché dans une housse grise et on a fait glisser la fermeture éclair sur le corps désarticulé qui flottait au milieu des jouets. La petite, elle, était encore vivante quand les secours sont arrivés »… Une ouverture glaçante pour Chanson douce, ce nouveau roman de Leïla Slimani. Cette fois, on écoute la chanson douce avec Myriam et Paul, jeune couple du 10ème arrondissement parisien. Elle est avocate, veut retourner travailler après la naissance de leur deuxième enfant et refuse de quitter leur appartement- donc, une seule solution : recruter une baby-sitter. A l’issue du « casting », Myriam et Paul sélectionnent Louise, qui a tout pour plaire. Les deux enfants (Adam et Mila) l’adorent, les parents l’apprécient: la baby-sitter est compétente, attentionnée, sérieuse. « Invisible et indispensable », précise Leïla Slimani. A aucun moment, Myriam et Paul ne réalisent qu’ils ne savent rien de cette jeune femme, de cette baby-sitter sortie d’on ne sait où… Au fil des mois, Louise s’immisce dans le quotidien du couple- innocemment ou par perversité ? Au hasard des pages, on va comprend que Louise est avant tout une femme blessée par la vie; son mari est décédé, lui laissant une montagne de dettes, sa fille ne lui donne plus de nouvelles,… Solitaire et triste, elle parait retrouver goût à la vie au contact des enfants… Et puis, un jour, le drame. La catastrophe. La baby-sitter est devenue une nounou d’enfer qui a sauvagement tué les enfants…

Points forts

- La force de « Chanson douce » tient, entre autres, à l’art narratif de Leïla Slimani qui a pris le parti de relater l’histoire à rebours.

- Un récit qui évite le manichéisme et fait la part des choses de la vie qui va.

- La dissection au scalpel particulièrement aiguisé d’un petit monde qui devient fou.

- Parce que sec et tranché, le mix parfaitement réussi par l’auteure entre deux genres qui ne font pas spécialement bon ménage dans les lettres françaises : le thriller psychologique et le roman social.

Points faibles

- Dès le début du roman, la révélation de l’issue de l’histoire peut rebuter quelques lecteurs. Un point faible vite oublié : Leïla Slimani sait mettre à plat tous les éléments d’un engrenage aussi sournois qu’indicible, qui a mené à l’horreur.

En deux mots

Inspiré par un fait divers survenu aux Etats-Unis, « Chanson douce » ne fait pas dans la demi-mesure. L’auteure raconte l’horreur, l’envoûtement, l’égarement, les meurtrissures… C’est cru, froid, violent, implacable. Un texte indispensable sur une descente aux enfers.

Une phrase

Qui seront deux:

- « Elle marchait dans la rue comme dans un décor de cinéma dont elle aurait été absente, spectatrice invisible du mouvement des hommes. Tout le monde semblait avoir quelque part où aller ».

- « Les squares, les après-midi d'hiver. Sur les bancs, dans les allées discrètes, on croise ceux dont le monde ne veut plus. C'est au milieu de l'après-midi que l'on perçoit le temps gâché, que l'on s'inquiète de la soirée à venir. A cette heure, on a honte de ne servir à rien ».

Recommandation

ExcellentExcellent

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