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Significatif malgré ses excès
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Bertrand Cousin pour Culture-Tops

Bertrand Cousin pour Culture-Tops

Bertrand Cousin est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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Livre

"Les brutes en Blanc" 

de Martin Winckler

Ed.Flammarion 

360 p. 

16,90€

L'auteur

Âgé de 61 ans, Martin Winckler, pseudonyme de Marc Zaffran, est né à Alger. Son père Ange, médecin pneumologue, quitte l'Algérie avec sa famille pendant les événements pour Israël, puis s'installe à Pithiviers. Winckler se passionne pour les Etats-Unis au point de devenir traducteur. Il fait ses études de médecine à Tours, s'installe dans la Sarthe puis  travaille à l'hôpital du Mans. De 2009 à 2011, il rejoint le Centre de Recherche éthique de l'université de Montréal, où il s'installe.

Winckler, auteur extraordinairement prolixe, et talentueux, obtient le Prix du Livre France Inter pour "La Maladie de Sachs" qui sera adapté au cinéma et le prix Jean Bernard de l'Académie de médecine pour "Les trois médecins". Il se distrait en écrivant quelques romans policiers, mais l'essentiel de son œuvre concerne les relations entre le corps médical et les patients, les femmes en priorité (15 romans, 5 essais). 

Il anime des blogs très suivis et participe à des émissions de radio. 

Son dernier livre "Les Brutes en blanc" est un brûlot qui donne lieu à des protestations véhémentes des instances représentatives des médecins.

Thème

Le livre est un réquisitoire virulent contre la maltraitance des médecins, surtout des spécialistes, à l'encontre des patients. La relation de soin doit être une relation d'entraide et non une relation de pouvoir exercée le plus souvent par des médecins qui constituent une sorte de caste. Leur formation privilégie la technicité et guère l'empathie. Le mandarinat  qui sévit dans les hôpitaux publics les imprègnent du sens hiérarchique, les patients étant en bas de l'échelle. Leur dépendance à l'égard de l'industrie pharmaceutique les incite à prescrire des médicaments d'une manière excessive et coûteuse.

Winckler dénonce les examens et les vaccinations inutiles; le sexisme et le racisme sont monnaie courante, le respect du patient est souvent bafoué; les réticences vis à vis de l'IVG restent fortes en raison de l'influence catholique.

Illustrée par d'innombrables témoignages récoltés grâce à son site et à ses blogs, la démonstration est convaincante. 

Son militantisme va jusqu'à donner aux patients un vademecum rappelant les obligations réglementaires et déontologiques  qui pèsent sur les médecins et jusqu'à indiquer les procédures à suivre pour les poursuivre devant l'Ordre des Médecins et, surtout, au pénal en cas de manquement graves.

Points forts

- Par sa connaissance de toutes les dimensions du métier de médecin (qui devraient être considérées comme un sacerdoce) qu'il a exercé avec passion, Winckler livre un panorama précis des dérives de la maltraitance à l'encontre des publics fragiles (hôpitaux psychiatriques, immigrés, femmes enceintes, etc. ) Les lacunes de l'enseignement, la surfacturation des actes, les scandales sanitaires provenant de la pression des laboratoires en faveur de molécules dangereuses (médiator, pilules 3ème génération, etc).

Les retards dans la mise à jour des connaissances, le manque de respect vis-à-vis des patients considérés comme des cobayes ou comme des cas cliniques et non pas comme des êtres humains fragiles. Tout cela est illustré avec véhémence et précision.

- Le lecteur est abasourdi par la richesse du propos et la description d'un état des lieux souvent calamiteux. L'on apprécie aussi les voies et moyens d'une réforme audacieuses de la médecine et de l'hôpital, avec l'objectif d'un enseignement rénové et de l'éradication des déserts médicaux.

Points faibles

- Visiblement, Winkler "se lâche". Réfugié au Québec, il règle ses comptes avec le milieu médical français dont les défauts sont décrit au macroscope. Il y a une enflure du propos, une généralisation abusive comme si, dans leur généralité, les médecins étaient logés à la même enseigne de la maltraitance, de la cupidité ,de l'asservissement aux laboratoires. A tel point que l'ordre des médecins a protesté vigoureusement contre ce qui est considéré comme un pamphlet injuste vis-à-vis de l'immense majorité des médecins.

- Par ailleurs, le livre est trop long, donnant lieu à de nombreuses répétitions dues à une structure parfois confuse. Cela est surprenant de la part d'un auteur prolifique.

Une phrase

Qui seront deux :

- p.46 Une devise : "Guérir parfois, soulager souvent, consoler toujours".

- p.309 "Les étudiants en médecines ne reçoivent aucune formation en psychologie ou en psychothérapie comportementale...  Ils ne connaissent rien à la physiothérapie ou à la kinésithérapie ; ils ignorent tout  de la diététique et de l'hygiène du sommeil."

En deux mots

L'on est souvent agacé par la profusion des exemples et l'outrance des critiques.

Mais ce qui est exagéré n'est pas forcément insignifiant. Il y a chez Winckler une maltraitance à l'égard de ses confrères, mais les pouvoirs publics, les facultés, le système de soins ont tout à gagner à faire leur miel de ce déversement de fiel.

Recommandation

BonBon

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