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Les secrets de la stratégie Sarkozy 2012
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Bis repetita

Lors d'une interview publiée samedi dans le Figaro Magazine, Nicolas Sarkozy a exposé ses valeurs : travail, responsabilité et autorité. Objectif: contrer ce que les conseillers du président analysent comme la "prolophobie" de la gauche et reconquérir les catégories populaires.

Hervé  Algalarrondo

Hervé Algalarrondo

Hervé Algalarrondo est journaliste politique et essayiste. A travaillé auparavant au Matin de Paris à France-Soir et au Nouvel Obs.

Auteur de plusieurs pamphlets contre le conformisme de gauche : « Les beaufs de gauche », éditions Lattès, "Insécurité : la gauche contre le peuple", éditions Robert Laffont, et "La gauche et la préférence immigrée", éditions Plon. Il vient de publier avec Daniel Conh-Bendit "Et si on arrêtait les conneries" (Fayard).

 

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Atlantico : Nicolas Sarkozy a exposé ce samedi dans le Figaro magazine ses valeurs pour la France. Parmi elles, il insiste notamment sur le travail, la responsabilité et l'autorité. Beaucoup de commentateurs y ont vu un coup de barre à droite toute, s'agit vraiment d'un coup de barre à droite ? De quelle droite s'agit-il par rapport à l'image du Président des riches, de l'argent ou du CAC 40 ?


Hervé Algalarrondo : Je pense qu'il n'est pas exagéré de parler de virage à droite même si Nicolas Sarkozy a choisi une ligne droitière depuis longtemps. Sur tous les points, mœurs, immigration, il confirme l'option droitière.

Nicolas Sarkozy est influencé par un conseiller issu de la droite traditionnelle, Patrick Buisson. C'est la droite de ces valeurs avec une volonté de maintenir une sorte une France éternelle.

C'est la même idée que lorsqu'il a rendu hommage à Jeanne d'Arc. Mais la France d'aujourd'hui n'est plus celle-là.



Ces valeurs sont-elles susceptibles de parler au peuple français, à la "classe populaire"? Certains conseillers de Nicolas Sarkozy, dont Patrick Buisson parlent parfois de "prolophobie" pour évoquer la déconnection entre la gauche, le monde médiatique et le peuple, s'agit-il là de passer par dessus la tête des acteurs du débat public de la campagne pour s'adresser directement aux catégories populaires qui avaient permis à Nicolas Sarkozy d'être élu ?



Oui, ces propos sont étudiés pour plaire, mais l'ensemble est caricatural. Chaque point n'est pas problématique mais quand on prend le tableau que forme l'ensemble de ces valeurs, cela pose problème. Sur les moeurs, il choisi les idées de Christine Boutin, sur l'immigration il n'est pas loin de Marine Le Pen.

Patrick Buisson le conseiller de Nicolas Sarkozy pense que les catégories populaires sont essentielles pour gagner l'élection présidentielle. Mais il est excessif de présenter les ouvriers comme des gens uniquement crispés et craintifs. Les couches populaires veulent être protégées mais il n'y a pas que ça. Dans le domaine de l'immigration par exemple, ils veulent qu'elle soit controlée mais ils ne sont pas majoritairement contre le droit de vote accordé aux étrangers. Ils ne sont pas forcément hostiles au changement.

Dans son interview, Nicolas Sarkozy s'adresse au peuple. C'est une manière de se poser contre les élites mais c'est à la fois très forcé et très caricatural.



Le choix du recours au référendum peut-il aussi être vu comme un appel au peuple entendu comme catégories populaires ?



Le choix du référendum permet de contourner les corps intermédiaires et les élites mais Nicolas Sarkozy devrait se souvenir que les Francais ont detourné la plupart des référendums auxquels ils ont eu a répondre. C'est une procédure boomerang.

Comment interprétez-vous les différences entre les valeurs défendues par Nicolas Sarkozy et celles qu'a pu défendre François Hollande, notamment dans sa tribune publiée en Une de Libération où il insistait plutôt sur la valeur "justice" ? Celles aussi du droit de vote des étrangers ou du mariage homosexuel là où Nicolas Sarkozy choisit l'inverse?

Sarkozy se veut le porte-parole des petits, du peuple. Et à la fois, il a fait beaucoup de cadeaux fiscaux aux plus riches durant son quinquennat. Il est donc mal à l'aise avec cette thématique de la justice. François Hollande a raison de mettre en avant la justice. Mais il devrait aussi se préoccuper des petits salariés du secteur privé qui subissent de plein fouet les effets de la mondialisation et les conséquences d'une immigration mal contrôlée.




Confirmez-vous ce que vous écriviez dans votre livre "La gauche et la préférence immigrée" : la classe populaire est-elle trop délaissée par le candidat François Hollande ?


François Hollande a pourtant fait des efforts envers les catégories populaires mais certains problèmes restent impensés. Notamment la gestion de l'immigration. Il est naturel et nullement anti-républicain de la limiter en période en période de fort chômage.



Comment voyez-vous la suite du parcours de Nicolas Sarkozy ?


Il veut rééditer son parcours de 2007 où il avait réussi à séduire les classes populaires et à battre Ségolène Royal au deuxième tour. Il espère reprendre les voix des ouvriers à Marine Le Pen pour être devant François Hollande. Mais aujourd'hui il est en retard. Hollande est clairement le favori même s'il est difficile de dire que l'élection est pliée.

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