Marc Laffineur : "Le début de campagne de Nicolas Sarkozy devra être complété par des propositions plus humanistes"

Atlantico : Dans une interview publiée ce samedi par le Figaro Magazine, Nicolas Sarkozy évoque ses "valeurs" pour la France. Il insiste notamment sur le travail, la responsabilité et l’autorité. Le compte y est-il pour vous ?

Marc Laffineur : Ce sont des valeurs qui préoccupent les Français, et que je partage.

Par exemple, je ne suis pas pour l’assistanat : s’il y a des moments dans la vie où chacun peut avoir un accident ou avoir besoin d’aide, il faut que ce soit le plus court possible, c’est un enjeu de dignité humaine.

Sur le référendum sur le chômage, je souhaite qu’on donne la possibilité aux uns et aux autres de réussir leur vie. Qu’il y ait des chômeurs à qui l’on donne la possibilité d’avoir accès à des formations, c’est une bonne chose. Je suis favorable à une négociation entre les différents acteurs sociaux. A partir du moment où la société vous paie une formation, il me paraît normal d’obliger un chômeur à accepter un travail à la sortie. Il me semble que cela doit faire partie de ses engagements.

Philippe Douste-Blazy affirme qu’il s’agit là d’une dérive "droitière" de Nicolas Sarkozy et que tout centriste ou humaniste ne peut adhérer à ces valeurs. Vous dirigez le courant des humanistes de l'UMP, quelle est donc votre position ?

Je suis tout à fait centriste et j’espère que le Président de la République aura aussi des propositions de rassemblement, plus humanistes. Mais les valeurs exprimées dans cette interview répondent à des préoccupations - le travail, la justice, la responsabilité - que partagent les Français,et donc les humanistes.

Ainsi, refuser la régularisation des sans-papiers ne me choque pas. Il faut avoir la capacité d’intégrer les arrivants. Il s’agit d’une responsabilité vis-à-vis de la personne humaine : accepter des étrangers chez nous, cela implique de pouvoir leur donner un travail, un logement. Si ce n’est pas le cas, on ne peut pas les accepter. D'ailleurs, lorsque les Espagnols l’ont fait, ils ont vu leur immigration illégale augmenter sans avoir la capacité d’accueillir dignement ces nouveaux arrivants.

Vous vous reconnaissez donc entièrement dans les valeurs défendues par Nicolas Sarkozy. Vous n'avez pas le sentiment que le président suit davantage un autre courant que le votre, celui de la droite populaire ?

Disons que j'adhère à cette partie du programme du président de la République. Il faudrait toutefois un volet rassembleur qui permette à tous les Français de s’y retrouver. Nous avons fait des propositions dans ce sens : par exemple que chacun paie au moins 50% de l’impôt dû, établir la scolarité obligatoire à partir de 4 ans ou créer un label sur la durée de vie garantie des produits.

Par ailleurs, l’ensemble de son programme n’est pas dans l’interview au Figaro. C’est un début de campagne qui devra être complété par des propositions plus humanistes.

François Bayrou évoque publiquement la tentation de certains députés UMP de le rejoindre. Cette perspective est-elle, selon vous, possible ?

Il existe sans doute un risque que les rangs centristes de l’UMP se dégarnissent, mais je fais confiance au Président de la République pour que le volet humaniste soit pris en compte. François Bayrou va dans la même direction de nous, qu’il fasse du co-voiturage et nous rejoigne !

Propos recueillis par Aymeric Goetschy