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Et la gagnante de l’élection présidentielle américaine est d’ores et déjà...Michelle Obama
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THE DAILY BEAST

Michelle Obama arborait une robe sur-mesure Atelier Versace pour son dernier dîner d’État – un emblème vestimentaire soulignant à quel point la First Lady est devenue une figure politique et culturelle incontournable.

Tim Teeman

Tim Teeman

Tim Teeman est journaliste pour The Daily Beast.

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 The Daily Beast - Tim Teeman

Oui, c’était une belle robe.

First Lady of the United States @MichelleObama is flawless in a custom-made, rose gold #AtelierVersace gown.

Une photo publiée par Versace (@versace_official) le

Les nombreuses louanges adressées à sa robe rose-dorée faite sur mesure par Atelier Versace, portée mardi soir lors du dernier diner d’Etat du couple présidentiel, ont définitivement scellé, par une magnifique touche finale, le festival de mode que furent les deux mandats de la First Lady. Mais elles ont aussi et surtout souligné sa formidable ascension politique et culturelle.

Le dîner a suivi de peu la publication d’un sondage de NBC News et du Wall Street Journal, révélant que Michelle Obama était un des personnages publics les plus appréciés aux Etats-Unis.

Elle est plus populaire que son mari, plus populaire que les candidats à la présidence des Etats-Unis et plus populaire que les deux principaux partis politiques pris dans leur ensemble.

Selon ce sondage, 59% des personnes interrogées voient Madame Obama de façon positive. Elle a été une des supportrices les plus efficaces d’Hillary Clinton dans la campagne présidentielle.

Il est rare de nos jours qu’un personnage public bénéficie d’une telle adulation quasi-universelle. Les réseaux sociaux et la polarisation de la vie politique scindent généralement les camps en deux positions clairement délimitées qui s’affrontent.

Mais Michelle Obama inspire un niveau inégalé de respect, d’affection et d’admiration – à l'exception peut-être des franges extrémistes et racistes. Le fait qu'elle soit épargnée par les attaques de Donald Trump en dit long. Il ne pourrait pas se risquer à le faire sans rogner un peu plus dans ses propres courbes de popularité.

La robe de la First Lady au dernier dîner d’Etat a "consolidé l’héritage qu’elle laisse dans l’art vestimentaire de la politique, dont elle est peut-être la plus fervente et efficace représentante qu’ait jamais connu un gouvernement américain", selon le New York Times.

Cette robe façon cotte-de-maille évoque symboliquement "une armure et la force féminine, le besoin de se cuirasser pour se battre pour ce en quoi vous croyez".Michelle Obama apparait comme une femme authentique, ayant les pieds sur terre, et reconnaissable – qu’elle chante du Stevie Wonder avec James Corden dans l'émission de télévision Carpool Karaoke, qu’elle prenne la parole devant des écolières, ou encore lorsqu’elle se prête au jeu des sketches dans lesquels elle excelle naturellement comme quand elle a arpenté les allées d’un supermarché CVS avec Ellen DeGeneres. Mais c’est sa passion politique, clairement et ardemment exprimée, qui est aujourd’hui devenue son moteur le plus fascinant.

Dans le New Hampshire la semaine dernière, quand Michelle Obama a déclaré que l’"on mesure la qualité d’une société à la façon dont elle traite ses femmes et ses jeunes filles", c’était un discours venu du cœur, enraciné dans son puissant combat en faveur des jeunes femmes et dans sa grande répulsion pour Donald Trump et tout ce qu’il représente, tout particulièrement au vu des nombreuses accusations d’agressions sexuelles dont il est l'objet.

Sans jamais citer Donald Trump nommément (un affront ultime délicieusement calculé), Michelle Obama a très clairement fait savoir que ses mots et ses actes l’avaient choquée "au plus profond".

Face à cette démonstration de force passionnée et triomphante, il est très significatif que la seule réaction du clan Trump se soit manifestée sous la forme d’un déclaration peu convaincue et plaintive de Mike Pence durant l'émission This Morning sur CBS, où il a déclaré : "Ecoutez, j’ai beaucoup de respect pour la première dame. Mais je ne comprends pas les fondements de son propos."

Les paroles de Michelle Obama sont restées incontestées et ont été saluées de toutes parts. Ce n’est pas seulement le vocabulaire employé par Donald Trump – qui attrape les femmes par la "chatte" - mais de son manque de respect général à l’égard des femmes qui a secoué Michelle Obama, tout particulièrement en tant que mère préoccupée par le contenu de cette campagne électorale.

L’écouter, c’est écouter une oratrice hors pair : tout comme son mari, elle n’a pas seulement des convictions profondes, elle les défend avec passion ; elle créé un lien fort avec son auditoire. Elle possède peut-être les attributs du pouvoir, mais elle connait le monde réel qui s’étend au-delà des grilles de la Maison Blanche.

Michelle Obama n’a pas endossé le rôle de protectrice de son mari par devoir ou par convenance. Elle est l’égale de son mari et peut-être mieux encore. Les mots de ses discours n’ont pas été empruntés à d’autres. Elle se suffit à elle-même, et elle a trouvé sa raison d’être dans un rôle traditionnellement pensé comme décoratif.

Michelle Obama a dénoncé les fanfaronnades de Donald Trump à propos des agressions sexuelles dont il s’est rendu coupable. Elle a alors évoqué ses "commentaires dégradants au sujet de nos corps et le manque de respect envers nos ambitions et notre intelligence" en les inscrivant dans une plus large palette de discriminations institutionnalisées envers les femmes, et de discriminations physiques des femmes de la part les hommes. Donald Trump, pour Michelle Obama, est simplement le plus méprisable et le plus visible des propagateurs de ce polluant social.

Bien sûr, Michelle Obama a mené des campagnes plus traditionnelles en tant que compagne de président. Cependant, même le potager de la Maison Blanche et ses campagnes de prévention contre l’obésité ont été réalisés avec enthousiasme. Ces causes n’ont semblé ni coûteuses, ni artificielles, ni orchestrées pour faire le show ou encore par devoir.

Sa force transparait sur les clichés pris par Collier Schorr pour accompagner un article de T magazine où sont publiées quatre lettres de Chimamanda Ngozi Adichie, Gloria Steinem, Jon Meacham et Rashida Jones, qui louent tous Michelle Obama pour son intelligence, son style, et qui la félicitent d’être devenue un catalyseur si charismatique en faveur du changement social et du progrès.

Pendant la campagne de son mari en 2008, Michelle Obama a essuyé des critiques pour avoir déclaré : "Pour la premier fois au cours de ma vie d’adulte, je suis vraiment fière de mon pays, parce qu’il semble que l’espoir fasse son grand retour… pas seulement parce que Barack a fait un beau travail, mais parce que je pense que les gens ont soif de changement". 

Le fait d’oser remettre en question l’orthodoxie patriotique qui est généralement de rigueur dans la vie politique constituait en soi une hérésie aux yeux des opposants de son mari. Mais désormais, Michelle Obama dit ce qu’elle pense ouvertement, fièrement et brillamment. La nervosité s’est envolée et elle manie son pouvoir de la façon la moins arrogante qui soit.

Quand elle a affirmé, avec un dégout véritable, lors de son discours du New Hampshire, que ce qui se jouait actuellement n’avait "rien à voir avec la politique mais tout à voir avec la simple décence humaine. Nous nous pouvons pas subir cela", elle a parlé au nom de nombre de citoyens américains épuisés par la campagne de Donald Trump qui parvient toujours à niveler le débat par le bas, même lorsque l’on croit avoir déjà touché le fond.

Le talent oratoire de Michelle Obama s’est aussi pleinement exprimé lors de la convention démocrate de 2016, où un fossé béant est apparu entre le discours de Melania Trump, discours plagié sur un discours de Madame Obama elle-même, et les paroles de la First Lady. Elle a évoqué avec force une responsabilité, celle de guider les enfants de la nation pendant les quatre ou huit prochaines années.

Elle a aussi souligné qu’elle se réveille tous les matins dans une maison "construite par des esclaves", un signe de l’immense progrès social que les générations suivantes ont vécu.

Malgré l’insistance d’Internet à réclamer sa candidature, Mme Obama affirme ne pas vouloir briguer la présidence des Etats-Unis. "Je ne me présenterai pas comme candidate à la fonction présidentielle. Non, nan nan, je ne le ferai pas", a-t-elle déclaré lors du South by Southwest en mars dernier.

Ses filles ont déjà donné suffisamment en tant que "premières filles" lors de deux mandats successifs, a-t-elle précisé, et "cette fois, ça suffit".

Michelle Obama a avancé qu’elle pourrait faire "tellement plus" en dehors de la Maison Blanche et du rôle du First Lady "sans les contraintes et hors du feu des projecteurs… Il y a du potentiel pour que ma voix soit entendue par beaucoup de personnes qui ne peuvent m’entendre aujourd’hui parce que je suis Michelle Obama, la première dame".

Bien sûr, le vent tourne vite de nos jours dans le monde haletant de la politique, et Michelle Obama pourrait changer d’avis ; et certains pourraient bien être tentés alors de lui rappeler ses propres déclarations du dernier South by Southwest.

Mais il se pourrait bien, aussi, qu’en observant son mari exercer le pouvoir (et la façon dont ses opposants ont cherché à miner son exercice du pouvoir),  elle ait repéré des méthodes alternatives plus constructives pour engager le type de changement et les campagnes sur lesquels elle souhaite concentrer ses efforts.

Alors que Madame Obama entame ce nouveau chapitre, on peut s’attendre à ce que son style s’accorde avec ses mots : l’authenticité faite reine.

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