Imprécations morales et stratégie politique de boutiquière : le Waterloo de Cécile Duflot<!-- --> | Atlantico.fr
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Une rupture intellectuelle et politique, disait-elle dans sa lettre du 29 septembre 2013. Et cette rupture est confirmée, Cécile Déflot est rejetée, exclue, abandonnée… Ses camarades lui font subir un deuxième affront.
Une rupture intellectuelle et politique, disait-elle dans sa lettre du 29 septembre 2013. Et cette rupture est confirmée, Cécile Déflot est rejetée, exclue, abandonnée… Ses camarades lui font subir un deuxième affront.
©Reuters

Duflop

Alors qu'elle était il n'y a encore pas si longtemps l'égérie du mouvement écologiste et ministre de la République française, Cécile Duflot est tombée de haut en se faisant éliminer ce mercredi dès le premier tour de la primaire de son mouvement.

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Benoît de Valicourt

Benoît de Valicourt s’inscrit dans la tradition du verbe et de l'image. Il travaille sur le sens des mots et y associe l'image réelle ou virtuelle qui les illustre. Il accompagne les acteurs du monde économique et politique en travaillant leur stratégie et leur story-telling et en les invitant à engager leur probité et leurs valeurs sur tous les territoires. 
 
Observateur de la vie politique, non aligné et esprit libre, parfois provocateur mais profondément respectueux, il décrypte la singularité de la classe politique pour atlantico.fr et est éditorialiste à lyonmag.fr
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Elle y croyait, elle vivait cette primaire comme l’opportunité de laver l’affront que lui a fait subir Manuel Valls lors de la crise des Roms en 2013, cautionné par François Hollande.

Une rupture intellectuelle et politique, disait-elle dans sa lettre du 29 septembre 2013. Et cette rupture est confirmée, Cécile Déflot est rejetée, exclue, abandonnée… Ses camarades lui font subir un deuxième affront. Mais pourquoi ? Qu’a-t-elle fait pour se mettre tout le monde à dos ?

Pure produit de la communication politique, elle a joué sur tous les tableaux : femme, indépendante, bobo, écolo, intello, mère, people, féministe, rebelle, gauchiste, ministre, grande gueule, cabotine… Bref, un produit marketing que les médias s’arrachent. Inutile d’avoir des idées, l’emballage vaut plus que le produit. Mais la primaire des Verts, ce n’est pas du cinéma. Pas de retouche, pas de pathos, pas de caméras. Des gens, des vrais, avec leur look improbable, leurs dreadlocks, leurs poils sous les bras et leur Quechua comme isoloir dans un bureau de vote. Et eux, ils ne veulent pas de compromis, pas de faux-semblants, pas de blablas inutiles. Il faut des engagements, des actes, des combats, il faut garder l’esprit qui a présidé à la création du mouvement il y a quarante ans.

Cécile Duflot s’est embourgeoisée, elle est devenue socialiste. Quand elle quitte le gouvernement en 2014, c’est un caprice de petite fille gâtée. Elle croit que sa position sera assez forte dans la balance, mais François Hollande mesure que des ambitieuses démesurées de sa trempe courent dans les couloirs de tous les partis et de tous les ministères ; le temps venu, il ne sera pas difficile de la remplacer, en moins glamour, en moins bruyant, en moins indépendant.

Aujourd’hui, Cécile Duflot vient de prendre une claque, certes pas mortelle mais humiliante, du genre de ces claques qui font monter les larmes mais que l’on retient par fierté. Deux illustres inconnus vont s’affronter au nom des Verts. Et si les socialistes avaient voté à la primaire du mouvement écologiste pour empêcher la Villeneuvoise de troubler le peu d’équilibre qui reste à gauche ?

Tout est possible et dans un monde politique où il n’y a plus de corpus idéologique, il reste les basses manœuvres, celles qui éliminent comme une affaire de mœurs, une fraude à l’Urssaf ou un financement occulte. Cécile Duflot dénonçait un Waterloo moral concernant notre démocratie et notre débat politique. Il faut rendre à César ce qui lui appartient, elle avait raison. Mais avant Waterloo, il y a eu la Bérézina et elle y a largement contribué en appartenant aux gouvernements de Jean-Marc Ayrault.

En l’éliminant du premier tour de la primaire verte, ses camarades lui ont rappelé que la politique des écolos est quelque chose de pur, de vrai, de sincère, un truc sans OGM (Orientation Guidée par le Mensonge). La starisation prend mal chez les Verts : Eva Joly en a fait les frais, Cécile Duflot n’a pas tiré les enseignements de cette stratégie aux antipodes d’hommes et de femmes plus prompts à patauger dans la boue d’une ZAD qu’à mettre une cravate pour défendre des valeurs universelles qui ne leur appartiennent pas.

Cécile Duflot n’est pas finie, personne ne meurt jamais vraiment en politique. A 41 ans, elle peut vivre 6 campagnes présidentielles avant que ce ne soit son tour… D’ici-là, ceux qui l’ont rejetée ce 19 octobre lui auront laissé le temps de mûrir son engagement vert.

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