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Faut-il autoriser les seniors qui le veulent à travailler jusqu’à 75 ans ?
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Modèle suédois...

Le premier ministre suédois souhaite que ses concitoyens puissent travailler jusqu'à l'âge de 75 ans. Fredrik Reinfeldt souligne que «la générosité de l'État-providence et du système de retraites suédois ne pourra être maintenue que si les Suédois travaillent plus longtemps, compte tenu de l'allongement de la durée de vie». Un exemple à suivre ? Pas si sûr car les entreprises boudent déjà les papy boomers...

François Humbert

François Humbert

Dirigeant d'un cabinet de placement pour seniors, il aide les quinquagénaires et plus à retrouver un emploi.

Il est l'auteur de Le retour des quinquas (Maxima Laurent du Mesnil / 2010).

 

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Atlantico : Les Suédois proposent d’autoriser leurs concitoyens à travailler jusque 75 ans. En plein débat sur l’allongement de la vie professionnelle, il convient de s’interroger : jusqu’à quel âge peut-on continuer d’être en activité ? En Grande-Bretagne aussi, un conseiller de David Cameron vient de conseiller de remettre les seniors au travail  (et de les faire déménager dans des maisons plus petites une fois qu'ils n'ont plus charge de famille). 

François Humbert : Je place des seniors sur le marché du travail depuis maintenant sept ans. Sur le terrain, une évidence ressort : entre 45 et 59 ans, on trouve des CDI et des CDD sans problèmes… Mais après, trouver des contrats devient difficile. Le seul moyen de placer les plus de 60 ans, c’est au travers de missions.

Aujourd’hui, en France, il n’y a pas d’entreprises qui embauchent des seniors de 60 ans et plus. Elles se retrouvent face à une problématique simple : combien de temps ces travailleurs  vont-ils tenir le coup ? C’est un engagement risqué pour une société. La santé n’est plus ce qu’elle était. Après 40 ans de carrière, la motivation peut parfois être à la baisse. Enfin, offrir un salaire conséquent reste difficile.

Les entreprises sont-elles demandeuses de profils seniors ?

99% des entreprises qui embauchent sont des PME-PMI. Leurs dirigeants sont parfois à la recherche de personnes ayant une compétence certifiée et assurée. Dans ce cas, c’est l’expérience qui prime. Lorsqu’une entreprise de cette taille perd son comptable pour une raison ou une autre, elle doit le remplacer rapidement. Elle ne peut pas se permettre de prendre du temps pour former la personne, il faut qu’elle soit opérationnelle en quinze jours maximum. Les seniors sont alors très plébiscités.

Les groupes qui me sollicitent n’ont aucun attrait pour les seniors. S’ils ont un responsable de paie qui tombe malade, ils n’ont aucune difficulté à le remplacer. Soit quelqu’un du service prend le relais, soit on se donne le temps de patienter jusqu’au retour de la personne. Les grandes entreprises ne misent donc que rarement sur des travailleurs seniors.

Il y a enfin un dernier problème, c’est que beaucoup de dirigeants de petites entreprises ne trouvent personne pour prendre la relève. Faute de dirigeants formés et expérimentés, leurs sociétés ont de grandes chances de disparaître. Une situation difficile pour des entrepreneurs qui ont construit leurs entreprises sur des années.

Arrivés à l’âge de la retraite, les actifs n’ont-ils pas qu’une seule envie : quitter leur travail ?

Il y a deux cas de figure. Certains arrivent à la retraite et s’en réjouissent. D’autres, après une vie à  travailler, se retrouvent à la maison sans avoir grand-chose à faire. Ceux-là vivent mal l’inactivité professionnelle et sont fatigués. J’ai vu des gens qui me disaient : « J’en ai marre de tondre mon gazon tous les jours ».

Il y a un autre cas de figure. Certaines personnes se retrouvent avec des revenus insuffisants. Des retraités n’ont pas assez d’argent pour vivre. J’ai déjà eu des candidats de 65 ans qui cherchaient un emploi pour subvenir à leurs besoins, du fait d’une pension insuffisante.

La Suède évoque l’idée, aux alentours de 50-60 ans, d’entamer une seconde vie professionnelle, plus adaptée à son âge. Qu’en pensez-vous ?

La reconversion est un processus extrêmement complexe. A 55 ans, vouloir changer de métier est particulièrement difficile. Tous ceux que j’ai vus se lancer dans cette aventure ont foncé dans le mur. Beaucoup, par exemple, rêvent de créer leur entreprise. L’informatique, aussi, est un secteur particulièrement attractif. Mais comment voulez-vous être au niveau face à un jeune qui sort d’un bac+5 en ingénierie ? Au contraire, il faut valoriser les acquis et l’expérience. Plutôt que d’abandonner son savoir, il vaut mieux chercher à le transmettre.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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