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L'effet Libye ? 51% des Français favorables à une intervention militaire de l'ONU en Syrie
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Sondage Ifop/Atlantico

En revanche, les Français s'opposent largement à une intervention de la France seule. Sondage exclusif Ifop/Atlantico.

Atlantico : Comment se structure le ralliement des Français à une intervention militaire des Nations Unies en Syrie ?

Jérôme Fourquet (directeur adjoint du Département opinion publique à l’IFOP) : L'opinion publique reste très partagée sur cette question, quasiment du 50% / 50%. Le paysage politique est relativement favorable à une intervention des Nations Unies dans le conflit syrien, puisque 59% des sympathisants dits de gauche y sont favorables, pour 56% du côté de l'UMP.

Seule catégorie farouchement opposée à cette intervention, les sympathisants du Front National ; sans surprise, puisqu'ils sont connus pour la défense de positions plus isolationnistes. Ils sont donc hostiles aux interventions militaires à l'étranger. En particulier dans des guerres qu'ils estiment ne pas être les nôtres.

Question : Vous savez que depuis plusieurs mois des affrontements et des combats ont lieu en Syrie qui s’enfonce dans la guerre civile. Seriez-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable ou pas du tout favorable à une intervention militaire des Nations-Unies en Syrie ?

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Atlantico : Quel regard portez-vous sur ces résultats, par comparaison à l'opinion française sur des interventions passées de l'ONU ?

Jérôme Fourquet : Lorsque la question avait été posée en mars de l'année dernière, avant l'intervention de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) en Libye, seuls 36% de la population française était favorable à une telle opération. L'adhésion est donc nettement plus forte qu'il y a un an, avant l'intervention libyenne. 

Cela peut justement s'expliquer par le succès de l'intervention militaire alliée - à forte composante française - en Libye, qui s'est réalisée sur une période relativement courte, à la fois sans pertes humaines côté français et avec peu de victimes collatérales suite aux frappes aériennes. La prudence qui prévalait à l'époque est donc moins forte aujourd'hui.

L'autre élément d'explication, c'est aussi que l'ampleur des affrontements et le nombre de victimes ne cessent de croître en Syrie, qui bascule désormais dans la guerre civile. A contrario, l'intervention en Libye avait été déclenchée de manière préventive, avant que la répression n'ait atteint les proportions du cas de figure syrien.

Néanmoins,  le sujet d'une intervention militaire reste complexe, et de ce fait, le niveau d'adhésion est moins élevé que pour le Darfour. Sachant qu'au Darfour sévissait une famine, il est évident que pour l'opinion publique, une résolution du problème pouvait s'établir à moindre coût sur le plan des pertes humaines. En Syrie, la situation est autre, il s'agit d'une guerre de longue haleine, avec un théâtre d'opération à forte instabilité régionale, près de l'Irak et du Liban.

Question : Vous savez que depuis plusieurs mois des affrontements et des combats ont lieu en Syrie qui s’enfonce dans la guerre civile. Seriez-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable ou pas du tout favorable à une intervention militaire des Nations-Unies en Syrie ?

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[1] Etude Ifop pour La Croix réalisée par téléphone du 12 au 13 juillet 2007 auprès d'un échantillon de 1009 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La question était « Etes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable ou pas du tout favorable à une intervention militaire des Nations-Unies au Darfour ? ».

[2] Etude Ifop pour France Soir réalisée par téléphone du 3 au 4 mars 2011 auprès d'un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La question était « Etes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable ou pas du tout favorable à une intervention militaire des Nations Unies en Libye ? ».



Atlantico :  L'opinion française est-elle uniforme sur cette intervention en Syrie ?

Jérôme Fourquet : L'adhésion est plus forte chez les hommes que chez les femmes. Sur tous sujets touchant au militaire, c'est un résultat des plus classique, à hauteur de 59% pour les hommes contre 43% pour les femmes. A contrario, il n'y a finalement que peu de clivages entre les catégories d'âge.

Sur le plan sociologique : les CSP+ (catégories professionnelles supérieures) se montrent plus favorables (aux alentours de 60%) que les milieux populaires (sous la barre des 50%). Un résultat classique, qui s'explique du fait que les CSP+ sont plus ouverts à l'international, alors que les milieux populaires sont plus isolationnistes, considérant qu'il faut se focaliser avant tout sur les problèmes nationaux.


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Atlantico : Pour quelles raisons les Français se montrent favorables à une intervention en Syrie qui n'impliquerait pas directement la France ?

Jérôme Fourquet : 62% de Français sont opposés à une intervention militaire française en Syrie. Encore une fois, c'est un résultat classique. Les Français se montrent favorables à une intervention militaire en Syrie, si celle-ci est conduite par les Nations Unies ; c'est-à-dire par les forces de l'OTAN et donc majoritairement par les États-Unis (la France seulement à la marge). Pour les Français, c'est moins engageant et moins impliquant.

Dans le même temps, les 38% de la population française favorable à une intervention française en Syrie témoigne d'une certaine cohérence. Autrement dit, on ne peut envoyer les autres sans y aller soi-même.

Questions : Dans l’hypothèse d’une telle intervention, seriez-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable ou pas favorable du tout à un engagement militaire de la France ?

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Atlantico : Comment a évolué l'opinion publique sur l'implication militaire de la France dans les conflits armés de ces dix dernières années ?

Jérôme Fourquet : Sur les précédents conflits, l'opinion publique se montre ici favorable à une intervention française à hauteur de 38%. Un pourcentage supérieur à celui de la Libye (30%), mais très en-dessous du Darfour (55%), de l'Afghanistan au début du conflit (55%), et en-dessous du Kosovo (58%). Les dernières grandes opération onusiennes, à très large participation internationales, sont plus fédératrices. 

L'intéressant de cette rétrospective est que sur le cas de la Libye, l'opinion publique s'est retournée quelques jours après les premières frappes. Par réflexe de soutien aux armées certainement, mais aussi suite à la prise de conscience par l'opinion publique que les pertes humaines seraient limitées. Ajoutons enfin, la prise en compte que des résultats rapides pourraient être obtenus : potentiel militaire libyen a été anéanti avec peu de pertes civiles. 

Chaque conflit a une dynamique propre, et l'opinion réagit différemment. Lorsque le conflit s'éternise (Afghanistan), les pertes humaines s'accumulent, les résultats militaires ne sont pas au rendez-vous, et l'opinion publique se retourne.

Question : Dans l’hypothèse d’une telle intervention, seriez-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable ou pas favorable du tout à un engagement militaire de la France ?

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Jérôme Fourquet : Les écarts Homme / Femme sont encore plus marqués, pour les raisons évoquées plus haut, avec 48% d'hommes favorables contre 29% de femmes. Si les écarts sont normalement plus grands sur les catégorie d'âge, ils sont ici très peu marqués. 

Les CSP+ sont plus fortement favorables que les milieux populaires, toujours pour les raisons précitées.

La seule famille politique qui serait plus favorable à un engagement militaire français en Syrie est le Parti socialiste, à hauteur de 54%. Pour les autres, c'est le refus qui l'emporte. L'intéressant est que la gauche est divisée sur cette question, avec le Front de gauche (32%) et extrême gauche (31%) très opposée à une intervention, et des écologistes intermédiaires (42%), au niveau de l'UMP.

Ces résultats témoignent de la position plus humaniste et interventionniste des socialistes. Si la crise syrienne est amenée à durer, et que 2012 révèle une alternance politique, le clivage au sein de la majorité de gauche pourrait être fort. Le refus de l'UMP s'explique lui par l'expérience d'une première intervention militaire en Libye, et donc l'appréhension du risque en Syrie, qui n'a rien à voir avec la Libye. Elle estime logiquement avoir des choses à régler en France.

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Méthodologie

Étude réalisée par l'Ifop pour Atlantico.fr, du 7 au 9 février 2012

Échantillon de 969 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing).

Précision relative aux marges d'erreur

La théorie statistique permet de mesurer l’incertitude à attacher à chaque résultat d’une enquête. Cette incertitude s’exprime par un intervalle de confiance situé de part et d’autre de la valeur observée et dans lequel la vraie valeur a une probabilité déterminée de se trouver. Cette incertitude, communément appelée « marge d’erreur », varie en fonction de la taille de l’échantillon et du pourcentage observé comme le montre le tableau ci-dessous :

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Exemple de lecture du tableau : dans le cas d’un échantillon de 1000 personnes, si le pourcentage mesuré est de 10%, la marge d’erreur est égale à 1,8. Le vrai pourcentage est donc compris entre 8,2% et 11,8%.

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