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Fallait-il vraiment envoyer la police contre Nadine Morano ?
©Reuters

Police partout, justice nulle part…

Il paraît que c’était pour faire respecter la loi. Ce faisant, on a protégé un fauteur de troubles bien plus nocif que la fougueuse députée.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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C’est bien connu, Nadine Morano est une agitée de première. Elle en a fourni la preuve en déclarant (citation du général de Gaulle à l’appui) que la France était "un pays de race blanche". La blasphématrice fut alors clouée au pilori. Au point que Sarkozy se crut obligé de la sanctionner. Ce qu’il doit bien regretter aujourd’hui.

Or, dans un livre qui fait beaucoup de bruit, François Hollande lui a rendu un surprenant hommage. "Nadine Morano ? Je suis convaincu que quand on interroge les Français, ils sont majoritairement sur sa position […]. Ils pensent : ‘On est plutôt des Blancs, il y a plus de Blancs que d’autres’". Ainsi ointe par le verbe présidentiel, la pestiférée a dû avoir une subite montée d’adrénaline. Rebostée, revivifiée, regonflée, elle s’est postée, telle Jeanne d’Arc en face des Anglais, devant le Centre des impôts de Toul. Son objectif : en interdire l’entrée à un certain Rachid Nekkaz. Merci de ne voir dans ce "certain" qu’une formule de dédain, car il est en réalité connu, voire très connu. Monsieur Nekkaz est citoyen algérien. Mais telle n’est pas sa principale qualité. Il est, en effet, millionnaire.

Et il emploie ses millions à payer les amendes des dames et demoiselles verbalisées pour port de la burqua. Une belle générosité au service d’une noble cause… Hier donc, il allait — bon Samaritain, ami des pauvres et, surtout, des pauvresses — régler les amendes des contrevenantes martyrisées par la loi française. Nadine Morano lui fit barrage de son corps. Elle ajouta à son intolérable provocation le refus de serrer la main de M. Nekkaz qui lui tendait pacifiquement la sienne. L’humeur combative de Nadine Morano fut sans doute décuplée par la vue du drapeau algérien, noué autour du cou de son adversaire.

Des mots rudes furent échangés. On en vint aux mains. La police, alertée, procéda aux sommations d’usage ("nous allons être contraints de recourir à la force") pour que la députée cesse d’obstruer le centre des impôts. Et M. Nekkaz, soutenu par les forces de l’ordre, put enfin entrer et régler les amendes.

Force resta donc à la loi. La loi dit en effet que nul ne peut interdire à un philanthrope de verser son obole au fisc. Elle ne dit pas qu’un homme qui incite des femmes à contrevenir à la loi avec son argent doit être poursuivi et qu’il représente à lui tout seul un grave trouble à l’ordre public. C’est ça la loi ? Si tel le cas, il serait urgent d’en changer.

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