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Primaire de la droite et du centre : un débat résumé à une bataille de chiffres soporifique... et de mini règlements de comptes !
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Un débat et dodo !

Ce jeudi 13 octobre se tenait le premier débat de la primaire de la droite et du centre. Les 7 candidats (N. Sarkozy, A. Juppé, F. Fillon, B. Le Maire, N. Kosciusko-Morizet, JF. Copé, JF. Poisson) se sont exprimés sur leurs programmes et sur les thèmes de la sécurité et du chômage... mais l'échange, bien que fourni, laisse un peu sur sa faim.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Dans ce contexte inédit qu'est la primaire de droite et du centre on attendait avec gourmandise le premier débat entre les sept candidats. Ce ne fut pas un feu d'artifice. On ne jettera pas la pierre aux organisateurs. "Manager" sept fortes personnalités exige beaucoup de rigueur ; les intervieweurs en ont fait preuve. Mais la contrepartie de ces échanges archi chronométrés a été un débat corseté entre les candidats à propos des questions économiques et sociales avec une bataille de chiffres soporifique, et des échanges assez retenus à propos des affaires ou de la lutte contre le terrorisme avec  le traitement des fichés " S" en particulier. Les sondages "sortie de débat" instantanés ont montré que les spectateurs avaient peu évolué au cours du débat : Alain Juppé  a été jugé le plus convaincant devant Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire, et François Fillon double Bruno Le Maire auprès de l'électorat de droite, d'après le sondage Elabe réalisé pour BFM TV . Tous les sept en ont "encore sous le tapis". Déballage assuré avant le 20 novembre ?

Les Français qui se participeront à la primaire des 20 et 27 novembre ne  feront certainement pas leur choix en fonction de la position d'un candidat sur la baisse des charges sur les bas salaires ou sur l'ensemble de la masse salariale, voire à la modification de l’âge de départ à la retraite ; peut être seront ils sensibles à la volonté de Nicolas Sarkozy de créer un "contre choc fiscal", avec une  baisse d’impôts de  10% généralisée doublée d'une baisse des dépenses publiques de 100Milliards. Ou bien préfèreront-ils Jean-François Copé qui  veut augmenter la TVA de trois points pour financer  le recrutement de 50.000 fonctionnaires pour la sécurité (lutte anti terrorisme , police, gardiens de prisons) , ou encore Bruno Le Maire qui veut privatiser Pole Emploi et surtout "dire ce que l’on fera", à savoir que la baisse des impôts doit se doubler d'une suppression d’emplois publics,... et des emplois aidés . Seront-ils séduits par Nathalie Kosciusko-Morizet qui ne veut plus d'emplois à vie dans la fonction publique et veut  donner la liberté totale aux entreprises de négocier leur temps de travail, dans le cadre de la "nouvelle société" qu'elle prône, avec un départ à la retraite quand on veut, basé sur un système de points. Et pourquoi pas, comme l'avance Alain Juppé, tout miser sur la baisse des charges pour créer un choc pour l'économie ...sans baisser les impôts ? Entendront ils François Fillon qui prône lui aussi une baisse des charges, mais ajoute que la  baisse du nombre d'emplois publics ne peut être pratiquée que si elle est doublée d'une augmentation du temps de travail ? Enfin, seront-ils attentifs à Jean-Frédéric Poisson, qui veut que tous les Français payent l'impôt pour participer à la solidarité nationale et se dit hostile à la suppression des trente cinq heures, beaucoup trop compliquée à mettre en place selon lui ?

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Oui tout cela est bien touffu et les téléspectateurs ont  pu se perdre dans les méandres du débat sur l'efficacité de la défiscalisation des heures supplémentaires ou l'abrogation pure et simple des trente cinq heures, la hausse de la tva, la réduction des déficits ...Les chiffres virevoltaient au dessus de la têtes de ceux qui ne sont pas habitués à manier la calculette à milliards ... Cela ressemblait presque à une discussion budgétaire nocturne au Parlement. 

>>> À lire aussi : Sondage Exclusif : comment Alain Juppé conforte son avance sur Nicolas Sarkozy au premier comme au deuxième tour de la primaire de la droite et du centre

Impossible d'en rester là. Nicolas Sarkozy qui ne jetait pas un regard à son voisin Copé, bouillonnait d'impatience. Alain Juppé attendait les attaques de pied ferme et Bruno Le Maire, sans cravate, se voulait offensif, alors que François Fillon attendait  l’heure de la contre attaque. Elle est arrivée avec la question sur le casier judiciaire des candidats .N'est-il pas normal de le présenter aux Français alors que tout candidat à un emploi est tenu de le faire, avance Bruno Le Maire ? Enfin ! c'est le moment pour Alain Juppé qui s'y est préparé de répondre cash et de lancer  "si les français estiment que ma condamnation me disqualifie, ils ne m'éliront pas ",avant de rappeler qu'il n'a pas été condamné pour enrichissement personnel .C'est aussi l'instant qu'attend Nicolas Sarkozy qui  rappelle que son  casier est, vierge qu'il n'a jamais été et que  condamné depuis 5 ans, il est  le Français le plus écouté, qui a subi des heures de perquisition et d'auditions chez les juges et que " si j’avais quoi que ce soit à me reprocher je me lancerais pas". Voilà pour François Fillon qui s'était interrogé sur l'exemplarité des candidats mis en examen. Message reçu cinq sur cinq au bout de la table  .D'ailleurs François Fillon "ne visait personne". (Sic).Mais Jean-François Copé, lui rebondit pour rappeler les attaques dont il a fait l'objet et qui l'avaient amené à démissionner de la présidence de l'UMP. Aujourd'hui il est mis hors de cause ; d'ailleurs, appuie-t-il  si j'avais "quoi que ce soit à me reprocher, je ne me présenterais pas". Le nom de Bygmalion  n'a même pas été prononcé.

Tout le monde se retrouve pour "flinguer François Hollande et ses confidences aux deux journalistes du Monde. D'accord aussi pour combattre l'islamisme politique, mais pas pour le traitement des fichés "S". Nicolas Sarkozy a mis de l'eau dans son vin quand il ne demande plus que la rétention pour " les plus dangereux «, ce à quoi Juppé et Fillon répliquent " rien sans l'intervention préalable d'un juge ".Désaccord également sur le regroupement familial que Nicolas Sarkozy veut interdire et Alain Juppé limiter. Désaccord enfin sur les relations avec Vladimir Poutine ...Parler ou ne pas parler avec lui...L'heure file  .On n'a pas le temps d'approfondir ; alors il faut aller au plus pressé: priver Jean François Copé de la paternité de la loi interdisant le port de la burqa. On a vu s'ébaucher un semblant de solidarité entre Nicolas Sarkozy et François Fillon, les deux qui étaient aux commandes entre 2007 et 2012  pour faire pièce à cette  affirmation. La vérité, c'est que Copé a beaucoup poussé dans ce sens à l’époque, mais que sans l'assentiment de l'exécutif le texte ne serait pas passé. Résultat : le débat n'a pas fait bouger les sondages d'intention de vote aux primaires... L'interrogation porte désormais sur le troisième homme : Le Maire ou Fillon ?et bien sur : Nicolas Sarkozy peut il reprendre la tête ? Il y aura encore deux débats avant le 20 novembre, le 3 et 17!

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