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Iront-ils jusqu’à le débrancher ? Le dernier carré des fidèles de François Hollande en train de douter pour de bon
©REUTERS/Eduardo Munoz

Dernier carré

Le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme vient de replonger la hollandie dans le doute. Le Président est-il le meilleur candidat pour faire gagner la gauche ? Les plus proches s'interrogent désormais. Manuel Valls et Emmanuel Macron se tiennent prêts pour assurer la relève.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Atlantico : À la lecture du livre "Un Président ne devrait pas dire ça...", un ministre du gouvernement Valls aurait indiqué, à propos de François Hollande "Il va falloir s'en débarrasser.". La parution de cet ouvrage, dévoilant un très large éventail de critiques à l'égard des uns et des autres, peut-il marquer le point de départ d'une fronde contre le chef de l’État, et ce, au cœur même du premier cercle de la Hollandie ? Comment une telle rébellion pourrait-elle prendre forme ?

Christelle Bertrand : Ce livre a, en effet, jeté le trouble chez les proches de François Hollande. Les plus fidèles, les moins promptes à la critique, reconnaissaient hier : "nous sommes inquiets car nous sommes sous la grêle depuis le début et elle ne cesse de s'intensifier. De plus, tout ça a lieu alors que nous sommes en train de mettre en place la candidature de François Hollande". Les députés, par exemple, qui pensent, avant tout, à leur réélection, commencent à se demander si François Hollande est bien le meilleur pour sauver les meubles en 2017. L'un d'eux me disait : "s'il se représente, les journalistes et l'opposition ne vont pas cesser de lui demander de se justifier sur les déclarations qu'il fait dans cet ouvrage : sur Notre Dame Des Landes, les magistrats, les footballeurs... C'est un élément d'affaiblissement". Mais, à part quelques macronistes, personne ne voit aujourd’hui par qui remplacer François Hollande. Car ils sont nombreux à considérer que ni Manuel Valls, ni Arnaud Montebourg ni Emmanuel Macron ne seront en capacité de rassembler la gauche. François Hollande, malgré son impopularité, reste l'épicentre de cette gauche en voie d'éclatement et donc le meilleur candidat. Mais ceux qui y croient encore souhaitent une offensive forte et rapide du président de la République. Ils veulent que cessent les discours qui ne servent à rien, que François Hollande descende vraiment dans l’arène, et montre "une envie et un chemin" selon les mots de l'un des conseillers du Président.

Est-il possible de considérer que des personnalités, comme Emmanuel Macron et Manuel Valls sont en embuscade afin de faire chuter le chef de l’État ? 

Certains proches de François Hollande sont, en effet, persuadés que les deux hommes sont à la manœuvre. Pour eux, ça ne fait aucun doute, le ministre qui dit de François Hollande "il va falloir s'en débarrasser", dans un article du Point, a été télécommandé par Matignon. Et, toujours selon eux, si les bonnes feuilles du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme sont sorties dans l'Express, c'est parce que le patron de ce journal est un proche d'Emmanuel Macron. Il y a peut-être beaucoup de fantasme là-dedans. Mais une chose est certaine, Manuel Valls, qui avait mis toute ambition de se présenter en 2017 de côté, pose à nouveau des jalons. Emmanuel Macron est, lui aussi, ravi de cette mauvaise passe pour François Hollande et rêve que ce dernier soit empêché. Et même Ségolène Royal chuchotait récemment que si François Hollande était contraint de renoncer, elle étudierait "l'effet Hillary". Ils seront nombreux à ne pas pleurer sur sa dépouille. Mais si, en unissant leurs forces, les rivaux de François Hollande réussissent à le faire tomber, il n'est pas certain qu'ils soient pour autant en meilleure situation que lui pour faire gagner la gauche.

Quelles sont les principales raisons qui s'opposent à un tel scénario ? Sur qui peut compter François Hollande ?

On voit bien que la hollandie a déjà commencé l'opération déminage, les relais du Chef de l’État expliquaient, hier, que si François Hollande se dit, dans le livre, hostile à l'aéroport Notre Dame des Landes, c’est lui qui en aura permis sa construction, que s'il attaque les magistrats c'est lui qui a fait l'indépendance de la justice, qu’il faut non pas le juger sur des propos lapidaires mais sur ses actes. Mais cela ne suffira pas à désamorcer la crise. Dans les prochains jours, chacun va devoir répondre à une question essentielle : qui est le moins mal placé pour faire gagner la gauche ? Manuel Valls ? La gauche du PS et les écologiques seront-ils prêts à se rallier à ce défenseur d'une laïcité rigoureuse et bien peu allant sur les questions d'écologie ? Emmanuel Macron qui s'affiche de plus en plus libéral saura-t-il attirer les orphelins du discours du Bourget ? Quant à Arnaud Montebourg, il a le problème inverse, il n’est pas séduisant pour l'aile droite du PS. Les hollandais, qu'ils soient députés ou aspirent à le devenir, vont choisir de soutenir celui qui a le plus de chance de faire gagner la gauche et donc de leur assurer un avenir professionnel, c'est aussi cynique que ça. François Hollande doit donc compter uniquement sur lui-même, c'est à lui de galvaniser ses troupes, de leur donner confiance. Or, pour l’instant, il donne surtout l'impression d'occuper le terrain en attendant le résultat des primaires de la droite. Il ne dit rien car il ne sait pas encore quelle campagne il va devoir mener : une campagne contre la droite libérale ou une campagne contre la droite identitaire ? Du coup, il donne le sentiment de tergiverser et de tâtonner, ce qui inquiète son entourage tout autant que les déclarations qu'il peut faire dans tel ou tel livre.

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