Et voilà les algorithmes qui savent ce que VOUS trouverez drôle<!-- --> | Atlantico.fr
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Aidés professeur en informatique, le scientifique du comportement Mike Yoemans et l'économiste Sendhil Mullainathan, ont mis au point un algorithme capable de savoir ce qui vous fera rire personnellement.
Aidés professeur en informatique, le scientifique du comportement Mike Yoemans et l'économiste Sendhil Mullainathan, ont mis au point un algorithme capable de savoir ce qui vous fera rire personnellement.
©Flickr/IsaacMao

Haha

Deux chercheurs ont mis au point une intelligence artificielle capable de vous faire rire, et, ce, mieux que n'importe quel autre être humain. Cet algorithme, riche d'une immense base de données, est en effet capable d'évaluer votre sens de l'humour pour mieux y répondre.

Si les intelligences artificielles et les robots s'emparent peu à peu des secteurs les plus manuels où productivité est le maître mot, on pensait que le domaine culturel nous était réservé, car témoignant d'une certaine humanité, d'une certaine sensibilité esthétique qui nous serait propre. C'est l'heure maintenant de la désillusion. Après avoir (failli) remporter un concours littéraire, filmé une bande annonce de film ou encore composé de la musique, une intelligence artificielle est maintenant capable de vous faire rire, et mieux que personne, révèle le site Bloomberg View

Vous pensiez que l'humour était le propre de la sensibilité humaine ? Vous aviez tort. Il se pourrait bien que cette intelligence artificielle, programmée par le scientifique du comportement Mike Yoemans et l'économiste Sendhil Mullainathan, deux chercheurs de l'Université d'Harvard (Cambridge, États-Unis), sache mieux faire rire votre propre meilleur ami que vous n'avez habitude de le faire. Appuyés par un professeur en informatique, les deux scientifiques ont mis au point un algorithme capable de savoir ce qui vous fera rire personnellement. Le tout est de lui laisser le temps de se renseigner brièvement sur votre propre sens de l'humour.

Base de données

Pour tester cette intelligence artificielle, 61 couples ont été abordés dans un musée à Chicago (Illinois, États-Unis). Ces individus, qui se baladaient ainsi avec une amie, un proche ou encore un membre de leur famille ont été brièvement séparés, chacun assis devant un ordinateur. Douze blagues (identiques pour chaque personne) apparaissaient alors à l'écran. Il était ensuite demandé de les classer selon leur potentiel humoristique. Après cela, chaque duo a pris la place de son ami ou proche et a pu observer le classement attribué par ce dernier à quatre des questions jugées, choisies au hasard. Le but du jeu était alors de deviner le reste du classement à trous.  

Logiquement, les participants s'en sont plutôt bien sortis. En effet, on va rarement au musée avec des personnes que l'on ne connait pas un tant soit peu. Aussi, la complicité régnant entre chaque couple a pu être ressentie dans cette expérience. Toutefois, elles n'ont jamais pu faire mieux que l'intelligence artificielle contre qui elles concourraient. Forte d'une base de données récoltées après le passage de 454 tests similaires précédemment effectués, cette IA a pu supposer le classement établi par chaque personne à partir des réponses données par d'autres sondés. Suivant les classements établis, l'algorithme a ainsi "compris" les différentes sortes d'humour, et les a classifiées sur des critères tels que la longueur des blagues, leur simplicité, ou leur schéma narratif. La conclusion est cruelle pour notre supposée distinguée conscience humaine, mais il apparait que notre humour ne réponde qu'à des critères somme toute basiques, puisqu'un simple algorithme semble mieux nous connaître que notre entourage le plus proche.

Doit-on donner le pouvoir à l'IA ?

Alors en a-t-on trop fait sur cette supposée différence intellectuelle flagrante qui nous différencie de la machine ? La question est à étudier dans plusieurs domaines, dans lesquels nous n'imaginons pas pouvoir recourir aux robots. La justice par exemple. Qui oserait, lors d'un jugement, remettre le dernier mot à une simple intelligence artificielle ? Les juges ne sont-ils pas là pour permettre un juste équilibre entre les réquisitions du procureur et la défense de l'avocat de la victime ? Pourtant, et une fois encore, les IA pourraient faire mieux que nous. C'est en tout cas le constat d'une étude menée par Jon Kleinberg, professeur en informatique à l'Université américaine Cornell (Ithaca, État de New York), selon laquelle les magistrats se montrent trop laxistes envers les accusés. En effet, à l'aide d'une IA qui jugerait des sanctions à notre place, le nombre de crimes commis par les prisonniers en liberté conditionnelle baisserait de 20%, selon cette étude.

Le recours aux algorithmes pourrait également être utilisé dans le domaine de la médecine, comme en témoigne cette troisième étude. Qui d'autre qu'une machine à la tête froide pour savoir si une opération en vaut le coup ou non ? Quelle utilité d'installer une prothèse à une personne qui risque de mourir dans 80% des cas une fois sur le billard ?

Les questions de ce type risquent de se multiplier dans les années à venir. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que l'on tente d'inculquer le sens de l'humour aux intelligences artificielles. Si elles ne rient pas, elles savent en revanche comment nous faire rire. Alors que les scientifiques tentent de rendre ces IA toujours plus humaines dans leur comportement, elles n'en restent pas moins des bêtes de métal et d'électronique plus rationnelles que nous le sommes. Après reconsidération de notre humanité et de sa supposée supériorité de tous les instants, il peut être intéressant de se questionner quant au pouvoir que l'on pourrait mettre ou non entre les mains des robots et algorithmes à l'esprit cartésien.

Ici une vidéo où le journaliste Trace Dominguez explique pour le compte de la chaîne YouTube DNews Plus pourquoi les robots ne peuvent pas êtres drôles, ou du moins pas encore (vidéo en anglais) : 

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