Bonjour, Monsieur le procureur
Non, non et non, Karine (Le Marchand) ne doit pas être copine avec Marine (Le Pen) !
D'après des témoins, l'animatrice de télévision a souri à la présidente du Front national ! Le tribunal du peuple, représenté par Patrick Cohen, lui a infligé un châtiment juste et mérité.
Benoît Rayski
Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
Karine Le Marchand anime une émission de télévision intitulée "Une ambition intime". Le principe : interroger des hommes – et des femmes – politiques sous l'angle de leur vie privée. L'animatrice est rodée à ce genre d'exercices : pendant longtemps, elle s'est occupée des agriculteurs esseulés en manque de compagnie féminine.
On imagine aisément que recevant Sarkozy, elle le titillera (peut-être l'a-t-elle déjà fait, mais je l'ignore, ne regardant pas la télé) sur ses rapports avec Carla et ses éventuels regrets concernant Cécilia. Qu'elle demandera à Mélenchon si pendant sa tendre enfance, il chahutait déjà ses nounous réacs… Alain Juppé, s'il est vrai que tout jeune, il rêvait d'être pape… À Arnaud Montebourg s'il se lève la nuit pour donner le biberon à son bébé ou s'il en laisse le soin à Aurélie…
Tout cela est plutôt gentillet. Ne casse pas trois pattes à un canard. Et on sourit, et on rit sur le plateau. Simplement, il ne faut pas, mais pas du tout, sourire à tout le monde. Et Karine Le Marchand a eu le malheur de sourire à Marine Le Pen qu'elle recevait. Ça lui a été vivement reproché pendant l'émission "C à vous" par Patrick Cohen, le journaliste vedette de France Inter. Son réquisitoire a duré plusieurs minutes. Lui aussi souriait. Mais son sourire était méprisant, arrogant, suffisant.
Comment avait-elle pu ? Oui, comment avait-elle pu ? Face à son procureur, Karine Le Marchand répliqua : "Donc je n'aurais pas dû interviewer Marine Le Pen ?". Réponse de Patrick Cohen : "Copiner, c'est plus gênant peut-être…". En effet, d'après le raisonnement de son censeur, l'animatrice qui badine avec ses invités aurait dû faire une exception pour la présidente du FN.
Peut-être aurait-t-elle dû plutôt lui demander si, quand elle était petite, son père l'obligeait à écouter les chants guerriers de la Waffen SS ? Si, en tenue folklorique bavaroise, elle devait crier "Heil Hitler", devant le portrait du chancelier du Troisième Reich ? Si, pour ses premiers pas de danse, on lui avait appris le pas de l'oie ?
Pour ceux qui ne s'intéressent pas à Marine Le Pen (c'est mon cas), l'événement peut paraître anecdotique. Pour ceux qui s'intéressent (c'est également mon cas) au fonctionnement de l'étouffant rouleau compresseur du politiquement correct, l'événement est important. À bien regarder la vidéo de cette passe d'armes, on est amené à penser que le plus fasciste des deux, ce n'est pas la personne que Karine Le Marchand a invité pour son émission… L'animatrice sera punie pour sa coupable légèreté. Elle devra copier cent fois : "Marine n'est plus ma copine".
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