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Plan "Eureca" : la véritable solution 
à la crise grecque ?
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Impasse

Quelques heures avant la réunion des ministres des Finances de la zone euro, un accord viendrait d'être trouvé ce jeudi après-midi au sein du gouvernement grec. Le pays est-il pour autant sorti d'affaire ?

Thomas  Houdaille

Thomas Houdaille

Thomas Houdaille est secrétaire général du think-tank EuropaNova et directeur du programme européen de leadership, 40under40

Diplômé de l’ESCP Europe, il a auparavant été directeur commercial de la société Devoteam, fondé un cabinet de conseil avant de devenir Directeur Général du cabinet Beijaflore.

 

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Les discussions sur le règlement de la dette grecque, qui s’enlisent depuis le week-end dernier, auraient désormais abouti au moins pour ce qui concerne le court terme. Si des progrès ont été accomplis avec un accord de principe pour des mesures de rigueur supplémentaires par le gouvernement grec, cela n’était pas suffisant pour la Troïka.

La Grèce, ses créanciers privés et l’ensemble de l’Union européenne ont tellement à perdre que les négociations ont été de plus en plus difficiles. Chacun semblait à faire un pas en avant pour régler le problème du jour, ce qui était indispensable pour gagner quelques mois de répits pour la Grèce et la zone euro, mais quoi qu’il arrive, une solution pérenne reste à imaginer.  

Après les 110 milliards d’euros prêtés depuis mai 2010, la zone euro doit verser à la Grèce une nouvelle aide de 130 milliards, dont 90 devront être payés fin mars, pour éviter une faillite de son secteur bancaire et un défaut de paiement. Mais cette aide est conditionnée à de nouvelles mesures d’austérité, la Troïka considérant que les engagements que la Grèce a pris depuis un an n’ont pas été tenus, qu’ils concernent la diminution de la fraude fiscale ou encore la réduction de la dépense publique.

Dimanche les partis (socialiste-droite et extrême droite) représentés dans le gouvernement de Lucas Papademos ont réussi à s'entendre sur le volume des économies à réaliser (1,5 point de PIB), sur la mise en place de réformes visant à faire des économies et ce lundi, ils sont parvenus à un accord de principe  portant sur la suppression de 15 000 emplois publics supplémentaires et une réduction du salaire minimum, ce que leur demandait la Troïka... Mais le temps pressait, et les modalités de mise en œuvre de ces mesures n’avait pas encore été définies en ce début de semaine, ce qui commençait à irriter sérieusement les bailleurs européens, certains pays comme l’Allemagne, la Finlande ou les Pays-Bas, se demandant s’il ne faudrait pas laisser la Grèce faire défaut. 

Plusieurs facteurs expliquent les difficultés actuelles. La Grèce (et, avec elle, ses créanciers) a tout d’abord surestimé ses forces et elle s’est engagée sur des mesures et surtout un calendrier qui n’était pas tenable. Les demandes d'un abaissement généralisé du coût du travail sont aussi des points qui ont été mal reçus par les syndicats grecs, comme on pouvait s’y attendre, mais plus surprenant également, par au moins une partie du patronat. Les opposants aux réductions salariales font d’ailleurs valoir qu'elles vont exacerber la récession en Grèce, où l'économie est étouffée par une récession qui prend des airs de dépression, avec un PIB attendu en chute de quelque 6 % en 2011 après deux ans d'austérité.

On comprend donc le pourquoi de la difficulté de cette négociation avec d’un côté, un pays sous forte pression de ses bailleurs, mais aussi de sa population : plus de 20 000 personnes ont encore manifesté à Athènes et Salonique sous la pluie mardi, jour de grève générale, pour protester contre le nouveau train de mesures d'austérité, en particulier contre celles qui touchent les salaires, alors que les prix à la consommation et taxes continuent de s'envoler. Et de l’autre, les principaux pays de l’UE qui considèrent que le prix à payer serait beaucoup plus important si la Grèce faisait faillite et sortait de la zone euro. S’ajoute à cela une partie de poker entre ceux qui veulent une faillite grecque et ceux qui, en Grèce, sont persuadés que les Européens seront obligés de payer quoi qu’ils fassent !

Il n’y avait donc pas de solution évidente, et chacune des parties a dû faire un pas en avant pour régler le problème de remboursement des échéances grecques à court terme. Mais devant le poids de la dette de ce pays et les mesures de rigueur qui risquent de prolonger la récession et le désordre social, on peut franchement douter de la capacité du pays à retrouver une situation soutenable. Dès lors, pourquoi ne pas relancer le débat sur des solutions alternatives comme avait tenté de le faire le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger, en septembre dernier avec un plan baptisé « Eureca ».

Ce plan consiste à faire acheter les actifs publics grecs par une structure détenue par les institutions européennes et financées par les Etats, ce qui permettrait à la Grèce de diminuer d’un coup son endettement de 125 milliards d’euros. En contrepartie de ce remboursement partiel anticipé, les créanciers privés de la Grèce accepteraient une décote substantielle des créances restantes.  D'autre part, la structure européenne investirait dans la restructuration des actifs ainsi achetés afin d'en augmenter la valeur,  ce qui permettrait de desserrer l'étau autour de l'économie grecque, et de le remettre sur la voie de la croissance. Avec l'augmentation des recettes fiscales ainsi générée, la Grèce s'engagerait dans un programme de rachat de sa dette qui lui permettrait de repasser, en 2018, sous la barre des 60 % du PIB. Les opérations de privatisation seraient quant à elles débouclées en 2025.

Ce type de solution quasi inacceptable il y a quelques mois, le devient un peu moins, à mesure que l’on s’aperçoit que la résolution du problème grec est sans fin et qu’il continue de plomber l’ensemble de la zone euro.

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