Bulle politique ? Le prix de la conquête de la Maison Blanche explose<!-- --> | Atlantico.fr
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Combien coûte le ticket d’entrée à la Maison Blanche ?
Combien coûte le ticket d’entrée à la Maison Blanche ?
©Reuters

Trans Amérique Express

Un million de dollars par jour de mandat ! C’est ce qu’aura dépensé le vainqueur de l'élection présidentielle pour accéder à la Maison Blanche.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Combien coûte le ticket d’entrée à la Maison Blanche ? Non pas la visite publique, qui est gratuite, mais un séjour de quatre ans dans les appartements présidentiels avec option sur le Bureau ovale et la fanfare jouant « Hail to the Chief » à chacun de vos déplacements. En 2012, ce ticket-là devrait s’élever à 1,5 milliards de dollars. Et peut-être plus ? Sachant qu’un mandat présidentiel dure 4 ans, soit 1460 jours, cela revient à plus d’un million de dollars la journée!

En 2004 déjà, George W. Bush et George Kerry avaient dépensé plus d’un milliard de dollars pour leur campagne. En 2008, avec des primaires chez les Démocrates, comme chez les Républicains, la facture de l’élection présidentielle avait atteint 2,4 milliards de dollars, selon le Center for Responsive Politics, un « watch-group » indépendant, et jusqu’à 4 milliards selon d’autres sources.

Cette fois, seuls les Républicains ont une primaire disputée. Côté démocrate, Obama, candidat à sa réélection depuis le 7 avril 2011, est assuré de la nomination. Pourtant, le coût de la campagne 2012 devrait battre tous les records.

Pourquoi ? Parce que le montant des contributions politiques a été « déplafonné » par deux décisions de justice en 2010.

Dans la première, une cour fédérale a statué qu’en vertu du Premier Amendement à la Constitution, garant de la liberté d’expression, les contributions individuelles à des organisations « indépendantes » ne sauraient être plafonné, comme c’était le cas jusqu’alors.

Dans la seconde, la Cour Suprême a estimé, à 5 voix contre 4, qu’interdire les contributions financières, à fins politiques, émanant d’entreprises, de syndicats ou d’associations, était une violation de ce même Premier Amendement. 

Concrètement toute personne, entreprise, ou association peut désormais dépenser autant d’argent qu’elle le souhaite pour défendre, ou attaquer, la cause de son choix. Si cet argent est destiné à une organisation « indépendante » et non pas à un parti ou un candidat. La Federal Election Commission, autorité régulatrice des élections depuis 1974, n’a pas de droit de regard sur ces contributions. Si elles sont tenues de communiquer la liste de leurs donateurs, ces organisations peuvent le faire…après l’élection. Et si les donateurs veulent rester anonymes, il leur suffit de faire transiter les fonds par une association, autorisée à protéger l’anonymat de ses bienfaiteurs… 

Ces décisions ont eu pour effet immédiat de voir apparaître par dizaines les « super-pacs », véritables coffres-forts politiques qui font exploser les budgets de campagne.

Tous les candidats ont un, ou plusieurs « super-pacs »à leur service. Le plus souvent, ils sont d’ailleurs mis en place par d’anciens collaborateurs, tellement le voile de séparation officiel est poreux.

Celui de Mitt Romney s’appelle « Restore our Future » (« Rétablir notre avenir »). Au 1er février il avait réuni 30 millions de dollars. Dont 12 millions pour le seul mois de janvier. Et 18 millions sur l’ensemble de 2011. Parmi les donateurs, beaucoup de banquiers, dont deux cents ont apporté plus de cent mille dollars chacun.

Celui de Newt Gingrich, s’appelle « Winning our future » (« gagner notre avenir »). Il a reçu tout récemment une donation de taille : dix millions de dollars remis par Sheldon Adelson, propriétaire de casinos à Las Vegas et multimilliardaire. Un argent qui a permis à Gingrich de gagner en Caroline du sud et de bien figurer en Floride.

Karl Rove, l’ancien conseiller de George W. Bush a monté deux« super-pacs », appelés « American Crossroads », et « Crossroads GPS », qui ont récolté 51 millions de dollars en 2011. Dont sept millions du seul Harold Simmons, entrepreneur millionnaire texan. En parfait accord avec la loi, ces « super-pacs » ne soutiennent aucun des candidats aux primaires républicaines, mais saturent les ondes des « swing states » , les « état clés » du scrutin de novembre, de messages publicitaires anti-Obama.

Le président sortant n’est pas en reste. « Priorities USA Action», établi par deux anciens employés de la Maison Blanche travaille avec l’objectif avoué de lever cent millions de dollars. Parmi ses contributeurs, le producteur de cinéma Jeffrey Katzenberg qui a signé un chèque de deux millions de dollars. Après avoir dénoncé ces Super-pacs comme un « hold-up sur la démocratie », Barack Obama s’est rangé à l’évidence. Mener campagne sans leur soutien, c’était « se battre avec une main attachée dans le dos » ! Du coup, le 7 février, ses conseillers ont lancé un véritable appel aux donateurs, en soulignant le retard accumulé par Priorities USA sur ses concurrents républicains.

En 2008 Obama avait refusé de financer sa campagne avec les fonds publics offerts à tous les candidats par le gouvernement. Parce qu’accepter ces fonds aurait imposé un plafond à ses dépenses de campagnes. Du coup il avait récolté plus de 750 millions de dollars en donations privées. Un record ! A huit mois du scrutin, et hors super-pacs, il en est à 150 millions de dollars. D’ici au 7 novembre c’est dix fois ce montant qui aura été récolté et… dépensé.

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