5 conseils essentiels pour manager au mieux la génération Y<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
5 conseils essentiels pour manager au mieux la génération Y
©Flickr/Victor1558

Fossé générationnel

Entre les attentes des jeunes recrues appartenant à "la génération Y", aussi appelées "les Millenials", et celles des cadres, un fossé se creuse au sein des entreprises françaises. Voici quelques précieux conseils pour pouvoir le combler.

Xavier  Camby

Xavier Camby

Xavier Camby est l’auteur de 48 clés pour un management durable - Bien-être et performance, publié aux éditions Yves Briend Ed. Il dirige à Genève la société Essentiel Management qui intervient en Belgique, en France, au Québec et en Suisse. Il anime également le site Essentiel Management .

Voir la bio »

1/ Gare au process et à la culture d'entreprise : la génération Y déteste tout ce qui étouffe sa créativité.

Plus que de génération, je préfère parler de comportements Y. Les clivages entre générations sont simplistes - "Ce qui est simple est faux", écrivait Paul Valéry. "Et ce qui est compliqué est inutilisable". Le comportement Y est en train d'envahir le monde : il est en Amérique, du Sud ou du Nord, il est un tsunami en Asie et emporte les meilleurs en Occident vers une autre façon de vivre et de travailler. C'est une révolution mondiale pacifique, marquée par un fait universel : les Y refusent de vivre selon le paradigme inventé par le capitalisme prétendument libéral. Ils veulent la création collective d'un Bien Commun qu'ensemble on peu créer ou entretenir, un environnement sain et pérenne, une vie sociale solidaire, fondée sur la co-responsabilité et le partage, une certaine ascèse dans la consommation, une esthétique de la relation paisible et féconde...

Il y a mille manières de constater qu'ils inventent sous nos yeux une réalité nouvelle, tout en douceur, mais rejetant définitivement les référentiels anciens : la réussite solitaire, les relations de dominé/dominant, la justification de la prédation/destruction au motif d'un hypothétique progrès, l'isolement social, de la maternelle jusqu'au mouroir des maisons de "retraite"...

Pour faire simple, les comportements Y recréent, tranquillement et universellement, un monde à vivre humainement. Il le font paisiblement et c'est la source de leur créativité. Ils refusent toutes les tentatives d'instrumentalisation de l'homme par l'homme, les approches normatives, systémiques, matricielles, productivistes, bureaucratiques...

2/ La hiérarchie n'impressionne pas la génération Y : préférez plutôt un management horizontal.

Oui, et c'est extraordinaire ! Très réjouissant même de voir ces gens brillants résister sereinement à ceux qui font claquer leurs gallons caporalistes. Dès qu'un environnement leur pèse, dès que leurs valeurs sont sacrifiées sur l'autel du profit ou de la prétendue loi de la jungle économique, ils prennent leur créativité, leur agilité, leurs qualités pour aller créer et entreprendre ailleurs. En fait, l'échelle de valeur des Y est très intéressante : elle se fonde sur la réalité de la CONTRIBUTION de la personne à son environnement. Si sa contribution est négative (destruction de la nature, irrespect des personnes, malhonnêteté...), ils partent immédiatement. Si sa contribution est positive, alors ils reconnaissent cette personne et lui demeurent attachés. Cette contribution positive peut être humaine, culturelle, sociale, artistique, écologique, économique... C'est la mesure qu'ils utilisent pour choisir de rester -ou pas- : les titres, les galons, les références, l'arrogance égocentrée, les décorations... rien de cela n'a de valeur à leur yeux. Mais si un manager s'attache à faire grandir ses collaborateurs, à les respecter et à leur permettre de s'exprimer, s'il les respecte vraiment en humanité, alors il s'attachera tous les Y, puits sans fond de créativité et d'énergie.

3/ Oubliez les plans de carrière sur 10 ans : la génération Y n'y croit plus.

Tous les Y ont compris, parfois à leur dépend, que l'entreprise ou l'employeur attendaient d'eux une loyauté sans faille et un engagement sans frein. Mais ils ont appris aussi que la réciproque n'était pas vraie : au moindre toussotement de la rentabilité, au moindre soubresaut du marché, ils savent -d'expérience douloureuse, le plus souvent- que l'employeur se croit ou se pense légitime de licencier ses salariés, parfois même à titre seulement préventif. Se voyant ainsi considéré comme une seule variable d'ajustement financier, notamment dans les grands groupes, il est clair pour le Y qu'il va prendre ses talents pour les exercer ailleurs, éventuellement dans une petite entreprise ou une start-up, où tous sont solidaires et où ce ne sont pas les lampistes qui paient pour les erreurs commises par le réputé Haut-Management.

Le plan de carrière est un concept dépassé, pour celui qui cherche à s'amuser et à créer, avec audace et agilité.

4/ La génération Y en sait probablement plus que vous, notamment sur tout ce qui concerne le numérique : restez humble et ne vous fermez pas.

C'est exact ! Ils en savent notamment bien plus sur le monde digital, la digitalisation de l'économie et ce monde nouveau qui advient. Tout le monde économique reprend à l'unisson le choral de "notre monde numérique change tout". Mais personne n'accepte de changer de management, donc de comportement. On ressasse les mêmes paradigmes éculés dans tous les MBA, on impose le même management normatif - quitte à le maquiller en leadership bienveillant- à base de contrôles stériles et de reporting vieillots, de psychanalyses intrusives de toutes les relations professionnelles, tout en aspirant au changement pour un monde numériquement meilleur. C'est schizophrénique.

Nos Y connaissent le nouveau monde : ils le créent et l'inventent chaque jour. J'ai rencontré quelques dirigeants responsables et assez humbles, qui s'adjoignent des jeunes talents pour leur servir de conseillers privés ou de miroir. Mais l'expérience montre que ces dirigeants manquent parfois de savoir les retenir, emprisonnés qu'ils sont au milieu de jeux politiques idiots (la vision territoriale des membres de comités dits de Direction... la guerre de tranchés de 14-18 recommencée à chaque CoDir...)

5/ La génération Y déteste être à l'écart, cela la désinvestit : intégrez-la dans vos processus de décisions.

Notre belle révolution Y est par nature contributive : chacun de ses guerriers pacifiques veut entreprendre, créer un Bien Commun pour le partager ! Ce qui ne peut se faire qu'à plusieurs, constituant ainsi une communauté, réelle ou virtuelle, fondant le sens de toute action, nécessairement positive et bénéfique. Si donc vous refusez à un Y qu'il contribue, il ira sans aucune hésitation le faire ailleurs !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !