Ces missiles anti-Trump qu'Hillary Clinton s'est réservé pour le prochain débat présidentiel<!-- --> | Atlantico.fr
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Le modérateur du débat, le journaliste Lester Holt, n'a pas demandé comment Trump allait faire pour arrêter et expulser 12 millions de personnes. Hillary Clinton ne l’a pas mentionné non plus. Mais, il reste trois débats...
Le modérateur du débat, le journaliste Lester Holt, n'a pas demandé comment Trump allait faire pour arrêter et expulser 12 millions de personnes. Hillary Clinton ne l’a pas mentionné non plus. Mais, il reste trois débats...
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THE DAILY BEAST

Elle n’a pas eu besoin de frapper fort pour remporter le premier round, et elle a encore beaucoup de réserve.

Michael Tomasky

Michael Tomasky

Michael Tomasky est journaliste au Daily Beast.

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Copyright The Daily Beast -  Michael Tomasky

Allez, c’est déjà le moment de préparer le deuxième débat. Notez-le bien : Hillary Clinton a pris le dessus sur Donald Trump lundi soir, sans même sortir quelques-uns de ses meilleurs arguments contre lui.

Qu’est ce qui a été évoqué parmi les turpitudes de Trump ? Seulement deux choses : son incapacité à payer des impôts, et ses remarques sexistes. Ils ont passé beaucoup de temps sur ses impôts, et la remarque de Trump à propos de son argent, répondant que s’il en payait "l'argent serait gaspillé, croyez-moi'' semblait un aveu indirect du fait qu'il n'a payé aucun impôt fédéral. Puis Clinton a basculé sur les commentaires de Trump au sujet de l'ancienne Miss Univers Alicia Machado, commentaires que Trump a répété grossièrement le lendemain matin.

Regardons maintenant ce qui n’est pas sorti pendant ce débat. Plein de choses :

Université Trump

Dans une vie d'escroqueries trop nombreuses pour qu’on les compte et trop scandaleuses pour tenter un classement, c’est peut-être la plus grande escroquerie de toutes. Beaucoup de gens ont perdu leur argent sans avoir jamais rien obtenu en échange. Des témoignages ont été rendus publics, selon lesquels des employés de l’Université Trump reconnaissent avoir reçu des instructions pour mentir aux étudiants. Et bien sûr, il y a le fait que les États du Texas et de Floride ont abandonné leurs enquêtes après avoir reçu des dons de la Fondation Trump.

Fondation Trump

On sait tout de cette entreprise bidon, grâce à la grande enquête de David Farenthold parue dans leWashington Post. Je suppose qu'il y a encore des informations à venir, qui ont peut-être à voir avec les relations que Trump a eues avec les principaux bailleurs de fonds de cette fondation (Un trafic ? Allons !). Mais même s'il n'y a pas plus à venir, il y a déjà de la matière à profusion, du sérieux (ce qui est visible, et apparemment illégal) et du comique (les deux grands portraits de lui-même que sa fondation a achetés pour des dizaines de milliers de dollars).

"Déportez-les"

Le modérateur du débat, le journaliste Lester Holt, n'a pas demandé comment Trump allait faire pour créer une force de police géante afin d’arrêter et expulser 12 millions de personnes. Hillary Clinton ne l’a pas mentionné non plus. Elle ne laissera pas passer les trois autres débats sans vraiment aborder ce sujet.

Le Modelgate (lire ici)

Et à propos des travailleurs sans papiers, l'un des meilleurs scoops de cette saison qui n’a pas eu l’écho qu'il méritait, c’est cette étonnante enquête de James West parue dans Mother Jones sur des jeunes femmes qui travaillaient illégalement comme mannequins pour Trump et ont été moins bien traitées que des chiens. Une seule de ces femmes a parlé à James West, mais cela pourrait suffire à écœurer les femmes qui regarderont le prochain débat, ainsi que les hommes qui ont une conscience, si l’affaire est évoquée.

Des entrepreneurs ruinés par Trump (lire ici)

Clinton en a parlé un peu lundi soir, dans le passage où elle a mentionné de manière étonnamment personnelle (même si très brièvement, quatre mots) l'entreprise de son père. Il y a pourtant beaucoup à dire. De nombreuses personnes sont concernées et elles n'ont pas signé d’accord de non-divulgation, la plupart du temps, et sont donc prêtes à parler. Comme Alicia Machado, ancienne Miss Univers que Trump a appelé Miss Piggy (Miss la Cochonne) montrant ainsi son sexisme, histoire citée par Hillary. Clinton aurait pu mentionner l'un des fondateurs de ces petites entreprises détruites par Trump. Le gars concerné pourrait être le "Joe le plombier" de 2016 (un homme qui avait interpellé Obama pendant sa campagne en 2008 devant une caméra d’ABC), mais cette fois, on connaitrait tout de suite son vrai nom et sa profession.

Et il y a encore beaucoup d'autres histoires de ce genre, ce n’est qu’une liste partielle. Je devine que l'équipe Clinton a fait un vrai travail pour les recenser. Cela pourrait être très gênant pour Trump. Elle pourrait commencer en parlant de l’université Trump, avec en bonus tout de suite après une mention du juge Gonzalo Curiel (mis en cause par Trump qui l’accusait d’être de parti pris dans cette affaire).

Bien sûr, Hillary a aussi ses vieilles histoires. Lors du débat, elle était à la peine quand on a, rapidement, parlé de son serveur personnel de courrier électronique du temps où elle était ministre. Holt, le modérateur du débat, n'a pas insisté sur ce point. Mais cela peut ressortir. Trump n'a pas non plus parlé du drame de Benghazi en 2012 (l'assassinat de l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, ndlr). Il n'y a pas de scandale à proprement parler, mais Trump va dire qu'il y en a un, et Clinton sera obligée de se défendre. Et il y a aussi l'invasion de la Libye. Ce n’est pas un scandale, mais cela illustre une erreur de jugement de Clinton. Martha Raddatz, journaliste de politique étrangère très expérimentée, va co-animer le deuxième débat et ne permettra pas à Hillary de laisser de côté cette partie de son passé.

Et enfin, bien sûr, il y a Monica Lewinsky et les autres aventures prêtées à Bill Clinton. C'est probablement ce à quoi pensait Trump au cours du premier débat, quand, juste après avoir mentionné le nom de la comédienne Rosie O'Donnell, il a dit : ''J’allais dire quelque chose d'extrêmement désagréable pour Hillary et sa famille, et je me suis dit, je ne peux pas le faire. Je ne peux pas le faire. C'est inapproprié. Ce n'est pas bien''.

La prochaine fois, il va le dire. C’est sa logique. Durant ce débat, même s’il a interrompu Hillary à plusieurs reprises, il s’est retenu, et il a perdu. Il pensera donc "pourquoi me retenir ?" Mais Clinton devrait être plus que prête. Elle a plein de munitions dans son chargeur qu'elle n'a pas utilisées lundi.

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