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La négociation sur la dette grecque en passe de faire exploser le système politique du pays
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Hara Kiri

La Troïka (Commission européenne, FMI, BCE) a imposé à la Grèce de baisser radicalement le salaire minimum en vigueur dans le secteur privé, de 15 à 20%. Une réforme contre laquelle le pays pourrait bien se révolter activement en refusant les décisions prises par ses gouvernants

Mais enfin suicidez-vous une bonne fois pour toutes Messieurs les politiciens grecs ! La phrase paraîtra un peu exagérée, mais à en juger par ce qui filtre des négociations entre le gouvernement grec et la Troïkades créanciers  chargée de préparer un second plan d’aide aux finances publiques du pays, on n’est pas loin de ce genre de scénario.

En effet, la troïka demande, non seulement que le pays engage toutes les réformes promises depuis le printemps 2010 (privatisations par exemple), mais aussi en introduise de nouvelles. La plus spectaculaire est sans doute cette demande – qui avait été d’abord été formulée mezza voce il y a quelques mois déjà -, mais qui est maintenant devenue apparemment des plus officielles de baisser radicalement le salaire minimum en vigueur dans le secteur privé, de 15 à 20%. On se trouve toujours dans la même logique depuis le début de la crise : en change fixe comme dans la zone euro, pour regagner vite de la compétitivité, la seule solution pour un pays est de diminuer la rémunération nominale du travail. Et, comme Keynes l’avait bien montré dès les années 1920, rien n’est plus propice aux mobilisations des salariés.

On comprendra du coup aisément que les demandes européennes passent plutôt mal auprès des trois partis politiques grecs au pouvoir (PASOK, Nouvelle Démocratie et LAIOS), et qu’ils prennent le temps de la réflexion. Jusque là, il s’agissait de diminuer les avantages de certaines catégories de la population (retraités, fonctionnaires, professions protégées, etc.) souvent d’ailleurs les clientèles du PASOK ou de Nouvelle Démocratie, et d’augmenter la ressource fiscale en mettant des limites à la fraude, ce qui laissait encore la possibilité de s’appuyer sur une majorité de la population pour faire les réformes structurelles demandées par l’Union européenne, mais, avec cette demande d’une diminution drastique du salaire minimum s’appliquant au secteur privé, on officialise que tous les actifs de la société grecque sont destinés, directement ou par ricochet, à voir reculer leur niveau de vie. C’est déjà le cas bien sûr au regard des statistiques disponibles, mais c’est autre chose que de faire officiellement une telle politique de diminution des revenus nominaux. Comme en plus les citoyens grecs ne sont pas dénués de quelques capacités de protestation, contrairement à d’autres populations ailleurs en Europe soignés de la même façon par la même troïka, et que l’économie grecque semble désormais devoir entrer dans une dépression au sens classique du terme, les partis politiques au pouvoir se préparent au pire.

Le leader de l’extrême droite dit craindre une révolution. Exagération. Il craint plutôt sans doute, comme ses collègues du gouvernement, un retour de bâton électoral. En effet, des élections générales doivent en principe se tenir ce printemps, selon toute probabilité seulement après qu’un accord soit intervenu avec la troïka. Les partis politiques grecs au pouvoir devront donc l’assumer devant les électeurs, et, vue la potion proposée jusqu’ici par la troïka, il est probable que l’électorat sanctionne durement ces partis. La situation grecque est tragique, mais, au moins, grâce à l’Europe, les Grecs seront bientôt débarrassés de ces mêmes partis politiques, proeuropéens pour deux d’entre eux (PASOK et Nouvelle Démocratie), qui ont mené le pays dans cette situation.

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