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Pourquoi le Petit Journal 
cartonne, en 5 leçons
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Bref

Le "Petit Journal" de Yann Barthès fête ce mercredi son 100e numéro depuis sa scission avec le "Grand Journal". Une émission à la recette bien huilée...

Paul-Antoine Solier

Paul-Antoine Solier

Paul-Antoine Solier est responsable du développement d’une société de production de télévision. Il est diplômé de l’EM LYON et titulaire d’une maîtrise de Droit Public à l'Université Paris II.

Pour le suivre sur Twitter, c'est ici.

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Tentative d'explication du succès du Petit Journal. En 5 questions, puisque c'est ainsi que fonctionne l'émission de Yann Barthès.

Question n° 1 : La promesse de l’émission ?

Le Petit Journal, c’est "la guerre du faux" (selon l’expression d’Umberto Eco), le décryptage des stratégies de communication, la traque des mécanismes de  l’illusion.  On joue sur le fantasme des « Spin Doctors ». Comme dans la série « Les hommes de l’ombre », qui cartonne sur France 2, on est fasciné par l’idée que des experts en communication construisent l’image de nos hommes politiques et on est avide d’en découvrir le fonctionnement.

On filme autant le cabinet ministériel que le Ministre, et les scrutateurs sont là pour révéler non sans impertinence le grain de sable, le défaut de fabrication. La production a en plus démontré une réelle maîtrise des archives pour ressortir la vieille casserole embarrassante. Les « Little Brothers » du « Petit Journal » vous regardent.

Question n°2 : Quelles influences ?

David Letterman, Craig Ferguson, Jay Leno, Jon Stewart…Le « Petit Journal » emprunte quelques bonnes recettes à ces « Late Shows » américains, savant mélange de Stand-Up et de Talk-Show sur fond de revue de presse.

Ainsi, on évoque avec humour tous les sujets, aussi bien politiques que people… La filiation est telle que l’histoire se répète. « Le Petit Journal » est au « Grand » ce que « The Colbert Report » est au « Daily Show », à savoir un spin off. En effet, comme Stephen Colbert vis-à-vis de Jon Stewart, Yann Barthès est le fils prodigue de Michel Denisot. Il a quitté la maison mère pour voler de ses propres ailes faisant de sa chronique une émission à part entière.

Question n°3 : Un paparazzi de la politique ?

Le « Petit Journal » traque le couac, repère le défaut invisible, comme les journaux people zooment sur un bouton d’acné disgracieux derrière l’oreille de Justin Bieber. L’habillage de l’émission (le graphisme) reprend d’ailleurs certains codes visuels des tabloïds. Par exemple, les typos utilisées, notamment pour les synthés (sous-titres), rappellent les gros titres de la presse féminine, grands bandeaux roses et lettrage blanc. De même, des montages « Photoshop » détournent avec humour les portraits des stars et des politiques.

Mais si le « Petit Journal » en reprend les « codes », on ne peut pas dire qu’il en reprenne les « méthodes ». Les images ne sont pas voulues, mais elles ne sont pas volées, les journalistes de l’émission étant visibles et identifiés parmi leurs confrères lors des conférences de presse. Par ailleurs, le « Petit Journal » est probablement l’une des émissions les plus connectées à Internet, s'inspirant largement de ce dont bruisse le web pour construire son sommaire. Ceci explique sans doute en partie sa popularité auprès de la cible 15-34 ans.


Question n°4 : Une émission  trop formatée ?

Comme dans le « Grand Journal », les séquences du « Petit Journal » sont tirées au cordeau. TOP CHRONO : Générique début  - 0’7’’ -  Accueil des téléspectateurs – 0’8’’ - Yann Barthès débite le sommaire à la mitraillette, plus rapide que la série « Bref » - 0’26’’. Une transition à la vitesse d’un Tweet -  0’4’’- le premier sujet est lancé.

Chaque magnéto ou sketch n’excède jamais les 1’10’’. Canal+ en clair oblige, le couperet de la pub tombe à 10’53’’. Pour ne pas que vous zappiez, on préfère zapper pour vous, en passant au plus vite d’un sujet à l’autre. Tout est formaté à l’extrême, même les interviews se limitent à 5 questions ce qui nuit à la promesse d’impertinence de l’émission. Yann Barthès, en tant qu’interviewer, n’est pas un débatteur ou un polémiste né. Il pose 5 questions fermées, l’invité répond ce qu’il veut, à condition bien sûr de ne pas dépasser les 40’’ imparties.

L’invité est expédié en 3’48’’. S’en suivent une dernière petite chronique en image de Yann Barthès (25’’), un magnéto (50’’), un teasing sur l’invité du lendemain (10’’), une passe en retrait pour annoncer la deuxième partie du « Grand Journal » (10’’). Bref, on a regardé le « Petit Journal » en 18’16’’ (pub non comprise).

Question  n° 5 : Qui est le Talentueux Mister Barthès ?

Le succès de l’émission tient aussi bien sûr à la qualité de l’impétrant. Yann Barthès est tout à la fois gendre idéal, beau-gosse branché et geek. Il y a même un côté cartoon dans son personnage, avec des bruitages bien orchestrés un peu comme dans  « Tom et Jerry ». Les mises en scène de sketchs, faussement « cheap » avec des postiches mal collées, alimentent la bonne vieille recette populaire de David contre Goliath, celui qui combat avec peu de moyens contre les puissants. Mais celui qui scrute chaque tic, chaque détail, chaque geste se livre peu lui-même. Certainement connait-il trop bien les médias pour s’y aventurer.

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