Désalinisation : comment une simple éponge, du papier à bulles et un film métallique peuvent rendre l’eau de mer potable<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Insolite
Avec des matériaux simples, notamment une éponge, des chercheurs du MIT sont parvenus à créer un dispositif capable de désaliniser l'eau salée.
Avec des matériaux simples, notamment une éponge, des chercheurs du MIT sont parvenus à créer un dispositif capable de désaliniser l'eau salée.
©Tomas Castelazo / Wikipedia

MacGyver

Avec des matériaux simples - une éponge, un film métallique et du papier bulle -, des chercheurs du MIT sont parvenus à créer un dispositif capable de désaliniser l'eau salée et de traiter les eaux usées.

Maxime Pontie

Maxime Pontie

Maxime Pontie est professeur à l’université d’Angers où il enseigne le génie des procédés et la chimie analytique dans le domaine de l’Environnement.

Voir la bio »
Marc Heran

Marc Heran

Marc Heran est professeur à Polytech Montpellier
Voir la bio »

Atlantico : En quoi consiste ce dispositif mis au point par les chercheurs du MIT ? Est-il efficace pour dessaler l'eau salée et traiter les eaux usées selon vous ?

Marc Heran : Ce dispositif est vieux comme le monde. Il s'agit de faire évaporer l'eau puis ensuite de condenser la vapeur produite. Ici il est fabriqué avec des matériaux de pointe : une éponge hightech qui permet d'alimenter le pilote par capillarité puis de bien conduire la chaleur pour augmenter l'évaporation. La partie condensation mériterait d'être améliorée... La technique est efficace en termes de qualité de traitement, par contre, sur la production cela laisse à désirer.

Maxime Pontie : Ce dispositif fonctionne par un procédé connu depuis les Egyptiens, celui de la distillation. Je pense qu'il est efficace dans le sens où il recrée un effet de serre qui va capter l'énergie solaire et chauffer l'eau pour la distiller.

Quels sont les appareils utilisés normalement pour dessaler l'eau de mer ? Le dessalinisateur du MIT est-il une alternative viable et plus accessible que ces appareils, notamment sur le plan économique ?

Marc Heran : Il y a la vieille technique que l'on appelle le dessalement thermique. Cela repose aussi sur de l'évaporation/condensation, les règles de la thermodynamique ont permis d'optimiser le système (pression, température, récupération d'énergie...). Puis ce procédé a été détrôné par les procédés membranaires ou l'osmose inverse : un membrane qui ne laisse passer que les molécules d'eau sous l'effet d'une pression (40-50 bars). Aujourd'hui, dans la mesure où on consomme plus de 200 litres d'eau par jour et par personne, ce procédé n'est donc pas viable.

Maxime Pontie : Le procédé concurrent est l'osmose inverse (à membrane), qui représente plus de la moitié du marché du dessalement d'eau de mer dans le monde (60% contre 40% pour la distillation). Il fait très bien le travail pour un coût intensifié faible, contrairement à la distillation classique qui demande beaucoup d'énergie pour chauffer l'eau et la vaporiser. Si on parle de petites unités ponctuelles comme le dispositif du MIT, ça peut marcher. Il fonctionne comme un concentrateur solaire.

Est-il possible d'imaginer, si ce dispositif simple venait à se démocratiser, que son utilisation prenne plus d'ampleur ? Quelles populations ou territoires pourrait-il aider ?

Marc Heran : Sur les procédés, nous avons deux familles : les procédés intensifs (centrale nucléaire) et extensifs (panneau photovoltaïque). Pour produire avec le second ce que produit le premier, il faudrait presque recouvrir la France.... C'est la même chose ici. Par contre, comme solution de secours pour des naufragés, ou pour de petits besoins, cela convient.

Maxime Pontie : Le problème de la distillation par rapport à la membrane, c'est que cela nécessite de la place. C'est un inconvénient car il faut augmenter la surface pour obtenir le maximum de récupération et de rayonnement solaire. Il y a également des contraintes qui sont liées au prétraitement de l'eau. Que ce soit de la distillation ou du membranaire, il faut prévoir le traitement. On ne peut pas purifier une eau avec des débris, des coquillages ou des micro-organismes. Il faut souvent clarifier même avant la distillation et surtout avant la membrane car il y a des soucis de durabilité, d'encrassement ou d'entartrage. Je pense que cela peut aider pour des zones isolées car ce genre de dispositif est adapté aux petites échelles. Il n'y a pas le cout d'investissement que l'on retrouve sur de grosses unités de potabilisation classique qui implique du génie civil, des décanteurs. Les procédés membranaires sont assez compacts. Une entreprise française -3 MW – travaille sur un système de distillation similaire à celui du MIT, à la différence que le leur est fait uniquement de plastique. Ils ont les mêmes applications sauf qu'ils ont déjà commencé à vendre des prototypes.

Propos recueillis par Thomas Gorriz

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !