Discours de Wagram : François Hollande, le président qui voulait continuer à protéger la France du terrorisme et (plus encore?) de la droite <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Discours de Wagram : François Hollande, le président qui voulait continuer à protéger la France du terrorisme et (plus encore?) de la droite
©DR

2017

François Hollande s'est proclamé garant des libertés et de l'État de droit.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

Voir la bio »

La thématique de la réunion (la lutte contre le terrorisme) ne se prêtait pas à l'officialisation d'une candidature à réélection. Mais tous ceux—rien que des fidèles, venus se mêler aux parlementaires et au gouvernement au grand complet—qui s'étaient déplacés pour écouter le discours du chef de l'État Hollande salle Wagram attendaient un signe montrant que François Hollande avait retrouvé toute sa combativité voire son mordant. Ils n'ont pas été déçus. Son propos a dépassé le cadre de  la lutte contre le terrorisme : le locataire de l'Élysée a délivré un discours sur sa vision de la France, esquissant ce qui pourrait être la trame de sa future campagne. François Hollande se pose d'une part  en garant des libertés et de la démocratie, se montrant confiant qu'" au terme de la lutte, la démocratie triomphera...les terroristes seront annihilés" et, d'autre part, en rempart face aux attaques contre l'État de droit, refusant  "toute législation de circonstance" et déclarant : " je ne laisserai pas la France être abimée dans les prochains mois…dans les prochaines années".

Dans cette  optique d'une vision à plus long terme, François Hollande a subrepticement esquissé quelques perspectives pour un second quinquennat ("le moment approche, les Français auront à choisir ; les enjeux ce sont la protection des Français, la cohésion nationale, le modèle social, la conception de la démocratie et la place de la France dans le monde"), en effleurant la question de l'école ("il reste beaucoup à faire pour démocratiser l'excellence"), et l'éventualité d'une réforme de la limitation du nombre de mandats dans la durée. Ces  options deviennent possibles grâce à  l'action réparatrice menée au cours du  quinquennat qui s'achève... Cependant, avant de les défendre, François Hollande a besoin de retrouver sa stature présidentielle et de s'imposer au sein  de son propre camp, la Gauche. Face à ceux qui voudraient le challenger dans son propre camp, d'Arnaud Montebourg à Benoit Hamon et Emmanuel Macron, il compte bien capitaliser son action pour la lutte contre les crises extérieures et  veut voir reconnue son intransigeance pour la préservation de l'État de droit et de la cohésion nationale après les attentats qui ont secoué le pays. Dans cette optique François Hollande a clairement parlé de la place de la religion musulmane au sien de la France laïque, appelant les Musulmans à prendre leurs responsabilités. Auréolé de cette  image de  fermeté et de défense de la démocratie et des libertés, François Hollande devient inattaquable sur sa gauche et prive ainsi une partie de ses adversaires d'arguments.

Cependant, pour retrouver les faveurs de son électorat, il  doit démontrer qu'il est sinon en mesure de battre, mais pour l'heure de combattre la Droite. Aussi les flèches sont-elles acérées: "Ils battent les estrades en recourant à toutes les surenchères pour mieux se distinguer à l'intérieur de leur camp" lance-t-il à propos de la campagne des primaires de droite. Son adversaire favori, Nicolas Sarkozy a droit à un uppercut ; l'ancien président qui avait parlé "d'arguties juridiques" lorsque François Hollande lui avait opposé l'État de droit et la Constitution, au moment où il réclamait la possibilité d'interner les fichés S : " Une argutie juridique, la présomption d'innocence, bien commode à brandir quand il s'agit de plaider pour son propre compte?" tacle Hollande sous les applaudissements de la salle, ravie de l'allusion aux derniers démêlés judiciaires du prédécesseur du chef de l'État à l'Élysée. Alain Juppé n'est pas épargné : "notre identité, c'est notre histoire, notre culture, notre mode de vie ; elle n'est ni heureuse ni malheureuse". Et François Fillon se fait tacler à propos de sa volonté de gouverner par ordonnances. A  voir le nombre de réactions—forcément négatives— à droite au discours de François Hollande, on se dit qu'il a visé juste. Ses adversaires ont compris qu'il n'a pas baissé les bras, et qu'il n'est pas prêt à se retirer sur la pointe des pieds de la prochaine bataille présidentielle. Le discours de la salle Wagram marque incontestablement un tournant dans la stratégie de François Hollande, décidé à se battre pied à pied pour reconquérir l'opinion. Ceux qui l'ont rencontré brièvement  à son retour d'Asie notent qu'il se montre  impavide face aux sondages désastreux dont il est crédité. Reste à voir maintenant si ce sursaut "hollandais" va amorcer un retournement de l'opinion en sa faveur. Les sondeurs sont prêts ! 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !