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David Cameron défendra toujours la City contre l'Europe parce qu'elle permet à la Grande Bretagne d'entretenir ses fantasmes de puissance globale
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Tobin or not tobin

Les dirigeants français et anglais croisent le fer sur la taxe financière. Le Premier ministre britannique va même jusqu'à ouvrir la porte de la City aux entreprises et banques françaises...

Bruno Bernard

Bruno Bernard

Anciennement Arthur Young.
Ancien conseiller politique à l'Ambassade de Grande-Bretagne à Paris, Bruno Bernard est aujourd'hui directeur-adjoint de cabinet à la mairie du IXème arrondissement de Paris.

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«Je suis un grand supporter et ami de Nicolas Sarkozy. Je lui souhaite le meilleur et je pense qu’il est extraordinaire mais il arrive que de temps en temps, je sois en désaccord avec ce qu’il dit. »[1]

Les Britanniques ont ce talent pour vous critiquer tout en vous complimentant...

C’est ainsi que David Cameron a résumé son opposition à Nicolas Sarkozy et à sa taxe de 0,1% sur les transactions financières, que la France compte imposer unilatéralement à partir du mois d’Août.

Cameron est un opposant de longue date de cette taxe, qu’il a qualifié de folie et qui selon lui porterait préjudice à l’économie britannique et européenne. Il a tout de même laissé entendre que la Grande-Bretagne pourrait bénéficier directement de cette taxe en accueillant les banques françaises qui souhaiteraient y échapper à Londres. Un appel réitéré par le maire de Londres, Boris Johnson.

Il n’est pas surprenant de voir le Premier ministre britannique s’ériger en défenseur de la City de Londres en tant que centre de la finance mondiale. C’est après tout le poumon de l’économie britannique - 10% du PIB, 300 000 emplois. Un dirigeant britannique fera tout pour le préserver, il en va de son devoir, un peu comme un Président Français avec l’agriculture.

En défendant la City, le Premier ministre Britannique défend l’intérêt national de son pays, c’est tout du moins ce qu’il affirme, et 57% des sujets de sa Majesté sont d’accord avec lui. Difficile d’être en désaccord avec lui là-dessus, mais il faut aller au-delà de cette vision nationale des choses. En effet, la Grande-Bretagne ne veut pas être uniquement assimilée à l’Europe, elle se veut une puissance globale à elle seule et si militairement cela n’est plus le cas, financièrement elle l’est. La City de Londres attire plus de financiers plus que New-York ou Singapour. Comme le dit Anne Applebaum dans le Washington Post, la City a plus à voir avec un « hub offshore » (centre financier offshore) comme Dubaï qu’avec Paris ou Berlin. Si la Grande-Bretagne est une île, la City de Londres est une île au sein de Londres, avec ses propres règles et une population bien particulière (dont très peu de Britanniques) qui bénéficie presque de l’extraterritorialité.

David Cameron est rentré au pays salué comme un héros par « ses » députés et par la presse britannique. Mais une fois la « gloire » évanouie, que restera-t-il ? Une fracture plus profonde entre l’Union européenne et son membre le plus rebelle ou juste un coup politique d’un Premier ministre conservateur qui ne dispose pas d’une majorité absolue à la Chambre des communes ?

La solution viendra peut-être de la City elle-même. En effet, les milieux d’affaires sont divisés sur l’opportunité du veto de David Cameron. Ces milieux détestent se retrouver hors de la pièce des négociations sans pouvoir exercer d’influence sur les décisions prises.



Notes

[1] "I am a big supporter of and friend of Nicolas Sarkozy. And I wish him well. I think he's a remarkable man, but every now and again he says something I don't agree with"

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