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Bonne ou mauvaise nouvelle ? Les routes de navigation commerciale de l'océan Arctique devraient être ouvertes plusieurs mois
©Reuters

Ça fond !

La fonte des glaces résultant du réchauffement climatique pourrait améliorer significativement le trafic maritime dans les eaux arctiques. Une bonne nouvelle pour les sociétés d'import-export qui pourront densifier leur fret dans cette zone et profiter d'un itinéraire plus rapide.

Si le réchauffement climatique est responsable de nombreuses conséquences néfastes sur notre planète, il entraîne également diverses répercussions positives. Ainsi, alors que la fonte de la calotte glaciaire pourrait accélérer la prolifération des phytoplanctons, elle pourrait également permettre la multiplication des échanges commerciaux dans les eaux arctiques. Et pour cause, de nombreux navires commerciaux profiteraient ainsi d'un océan enfin libéré des icebergs mettant en danger le bon déroulement de leurs voyages, rapporte la BBC.

Fondra, fondra pas

C'est en analysant le rythme de la fonte des glaces et les itinéraires pris par ces navires qui s'aventurent dans ces eaux gelées du pôle Nord qu'une équipe de scientifiques de l'Université britannique de Reading a pu imaginer comment pourrait se développer le trafic maritime dans cette zone au cours du XXIème siècle. Bien qu'il existe déjà des porte-conteneurs dont la coque renforcée leur permet de naviguer sans craindre d'éventuels chocs avec les icebergs, ce sont surtout les transporteurs classiques qui se multiplieraient dans ces eaux, délestés de la menace Titanic.

Cette équipe de chercheurs a mis au point différentes cartes du potentiel trafic maritime en océan Arctique selon l'époque (début, milieu et fin du siècle) et l'ampleur du réchauffement climatique (en-dessous des deux degrés conformément aux accords de la Cop 21, ou non). On peut observer sur l'une de ces cartes qu'actuellement, seuls les bateaux brise-glace naviguent d'un point A à un point B en ligne droite sans se préoccuper de la calotte glaciaire, tandis que les navires dépourvus d'une coque aussi solide se contentent de longer les côtes russes et canadiennes pour joindre l'Asie à l'Europe ou aux États-Unis. En revanche, sur une autre carte supposant que les stipulations de la Cop21 ne soient pas respectées, même les bateaux les plus vulnérables pourraient traverser l'océan de part en part, ringardisant ainsi les brise-glaces.

Nouvel itinéraire commercial

Et c'est là que les sociétés d'import-export sont gâtées : à la place de passer par l'hémisphère sud et le canal de Suez, ou bien longer les côtes russes, les navires qui souhaitent rejoindre l'Europe à partir de la Chine n'auront qu'à traverser l'océan Arctique en ligne droite. Un gain de temps non négligeable : treize jours. Cela sans compter qu'à la fin du siècle, en-dehors d'un itinéraire plus court, la voie serait dégagée entre quatre à huit mois par an à tout type de navires, contre deux à quatre mois en cas de respect des normes écologiques imposées.

Enfin, la disparition de la calotte glaciaire permettrait à ces sociétés de transport de choisir leur itinéraire, et donc éventuellement d'éviter de passer par des zones maritimes étrangères qui entraînent des taxes supplémentaires. À terme, tant d'économies pourraient faire baisser le prix des marchandises importées d'Asie. Pour Peter Hinchliffe, secrétaire général de la Chambre internationale de trafic maritime (ICS) interrogé par France Info en 2013, "on peut parier que le nombre de navires va aller en augmentant" dans cette zone.

Difficultés

Évidemment, tout n'est pas si facile. Les scientifiques à l'origine de cette étude tiennent à avertir des difficultés qu'un voyage par l'Océan arctique entraîne : les itinéraires seraient régulièrement mis à jour en raison des amas de glace qui peuvent tout de même se former et se déplacer sur un chenal emprunté. Ainsi, les conditions météorologiques seraient à surveiller de très près, aucun bateau n'étant à l'abri d'un éventuel iceberg lancé à grande vitesse par les courants marins.

Ce n'est pas tout : selon Patrick Rondeau, responsable environnement à l'organisation professionnelle Armateurs de France contacté par France Info, passer par l'océan Arctique ne vaudrait même pas le coup : "Si le passage n'est ouvert que deux-trois mois par an, cela ne vaut pas le coup d'y investir. Cette route est la plus courte, mais elle ne dessert aucune zone économique intéressante. À part quelques cas particuliers, je ne pense pas qu'un trajet direct entre l'Europe et l'Asie intéresse les armateurs français".

La fonte des glaces reste toutefois une nouvelle option envisageable pour les sociétés de transport maritime. Comme quoi, le malheur des uns (les écologistes) fait le bonheur des autres (les industriels).

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