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Jésus augmenterait-il les impôts ? Pour Obama, la réponse est "yes" !
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Inspiration

En utilisant les versets de l’Ecriture où il est question de taxes ou d’impôts, dans les Évangiles, le président Obama a justifié la hausse des impôts aux États-Unis en expliquant que Jésus aurait fait de même. Info ou Intox ?

Amaury Cariot

Amaury Cariot

Amaury Cariot a été ordonné prêtre en 1999.

Il est curé dans l’agglomération de Cergy (95) et responsable de la communication du diocèse de Pontoise.

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Utilisant les versets de l’Ecriture où il est question de taxes ou d’impôts, dans les Evangiles, le président Obama a justifié la hausse des impôts aux Etats-Unis en expliquant que Jésus aurait fait de même. On imagine assez mal le candidat Hollande ou le président Sarkozy utiliser de tels arguments,  mais ceux qui connaissent la culture américaine ne s’en offusqueront pas.

On peut cependant, théologiquement et spirituellement revenir sur la lecture littérale de l’Ecriture du candidat américain : cette lecture qui empêche de mettre le texte biblique dans un contexte, et permet d’instrumentaliser d’une certaine manière, et à son avantage, les versets de la Bible. Au-delà de la lecture exégétique, c’est le danger même de faire « coller » Jésus à telle politique ou choix idéologique. De tels détournements au cours de l’Histoire ont déjà eu lieu. On a eu le Jésus « roi de France », le Jésus « Che Guevara », le Jésus « Karl Marx » etc…

Cependant, il est toujours intéressant de se demander : « qu’aurait fait Jésus » ?

Aurait-il été de droite ou de gauche, libéral ou marxiste, aurait-il finalement augmenté l’impôt ? La question est en fait mauvaise, puisque la seule vraie allusion à l’impôt se trouve dans l’Evangile de St Mathieu, chapitre 21 : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Les pharisiens viennent en fait de demander à Jésus s’il faut payer l’impôt ou non à l’Empereur, lui ayant montré une pièce à l’effigie de César. Piège classique, qui n’a pas tant de valeur sur la question des finances mais qui tente de faire de Jésus soit un révolutionnaire (s’il déclare qu’il ne faut pas payer l’impôt) soit un collaborateur des Romains (s’il invite à payer l’impôt). Habilement Jésus évite de tomber dans le manichéisme de ses détracteurs, pour renvoyer chacun à sa conscience sans opposer Dieu et le pouvoir, mais en les distinguant nettement.

D’impôts ou de taxes, il est pourtant question tout au long de la Bible : offrandes au Temple de Jérusalem, dîme, collecteur d’impôt… On voit les parents de Jésus participer à l’offrande au Prêtre pour la purification au Temple, les lois abrahamiques et mosaïques prévoient le don d’un dixième des récoltes et bétail pour les Lévites. Dans l’Evangile de St Luc, Zachée, chef des collecteurs d’impôts décide de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de rembourser au quadruple ceux à qui il aurait causé des torts. Mathieu, est appelé par Jésus alors qu’il est collecteur d’impôt… Mais il faut en rester là si l’on veut être honnête sur la stricte question des impôts.

Le reste est une interprétation, possible mais toujours en débat, sur le principe de la charité et du plus grand amour, clé de voûte de l’enseignement de Jésus. Les mots sur les richesses sont clairs dans l’Evangile « Ainsi, il sera plus difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille » (Mc 10, 25) et l’appel à la pauvreté est réel (voir les Béatitudes). Cependant il ne s’agit pas pour Jésus d’un montant sur le compte en banque, mais bien d’un souci de partage avec tous, et de richesse intérieure, spirituelle. Le riche en ce cas étant celui qui est « riche de lui-même, le cœur hermétique à la présence de Dieu ».


Pour revenir à notre impôt, s’il sert une juste cause, s’il est proportionné, équitable, il peut alors avoir cette vertu du partage des richesses, en vue du bien commun. Il y a alors une vraie dimension évangélique dans cet acte communautaire. Mais l’utilisation de la personne du Christ pour justifier une politique, est un risque réel d’instrumentalisation du message de la Bible. Le Christ en se démarquant de César, se met bien du côté de Dieu, et ainsi, ne confondant pas César et Dieu invite les hommes à assumer par eux-mêmes les choix qu’ils font. Quitte à en rendre compte un jour devant Dieu !

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