Coup de com' scientifique : pourquoi il n'y a aucune raison valable à ce jour pour soutenir une prescription de vitamines à titre anti-migraineux <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Coup de com' scientifique : pourquoi il n'y a aucune raison valable à ce jour pour soutenir une prescription de vitamines à titre anti-migraineux
©Flickr/quinn.anya

Déficience

Un mal de tête ? Vous manquez peut être de vitamine D et B2... ou pas. Un groupe de chercheur a présenté, lors de la 58eme cérémonie de "Headache Society", une potentielle corrélation entre les déficiences en vitamines et les migraines.

Jean-Daniel Lalau

Jean-Daniel Lalau

Jean-Daniel Lalau est médecin, professeur de nutrition au CHU d'Amiens, docteur en sciences et en philosophie.

Il est l'auteur des livres En finir avec les régimes (éditions François Bourin) et Hospitalité - Je crie ton nom (éditions Chronique sociale). 

Voir la bio »

Atlantico : Une nouvelle étude (voir ici) démontre une corrélation entre les déficiences en vitamines et les migraines. Une déficience en vitamines (en particulier) D et B2 peut-elle selon vous provoquer des migraines ?

Jean-Daniel Lalau : Il faudrait être extrêmement prudent à ce sujet : une communication scientifique vient effectivement d’être faite qui montre, dans une population de migraineux, une prévalence assez importante de déficit en vitamine D et de vitamines du groupe B (la vitamine D, c’est au singulier, tandis qu’on dénombre les vitamines B de la vitamine B1 à vitamine B12).

Mais c’est une étude d’association qui ne montre en rien une relation de causalité. Les vitamines D et B n’ont aucun rapport entre elles. Une carence en vitamine D est… quasi constante en zone peu ensoleillée. Enfin et surtout, nous ne sommes pas en mesure de fournir une explication mécanistique satisfaisante.

La seule façon de montrer un lien effectif est de procéder à une étude d’intervention : donner telle ou telle vitamine à des sujets carencés, et voir alors si le syndrome migraineux s’améliore ou non, le tout en s’affranchissant de l’effet placebo…

Convient-il de consommer plus d’aliments contenants ces vitamines ou des compléments alimentaires pour limiter les migraines ?

Il ne faut pas confondre "complément" et "supplément" : avec le complément, on comble un manque, un déficit, pour revenir à la normale ; avec le supplément, on surajoute à une ration normale.

En d’autres termes, dans le premier cas, il s’agit de revenir à l’équilibre alimentaire ; dans le second, il s’agit de prendre un médicament. Avec toute la pression des lobbies que l’on peut imaginer…

Disons-le clairement : à ce jour, nous n’avons aucune raison valable pour soutenir une prescription de vitamines à titre anti-migraineux.

Quels autres réflexes peuvent-être adoptés pour prévenir des migraines ?

Je renvoie ici à mes collègues neurologues, qui savent nous expliquer que la migraine est une maladie vasculaire, avec de nombreux facteurs aggravants, et de nombreux facteurs atténuants aussi. Mais les nutritionnistes que nous sommes n’entrent pas vraiment dans ce débat aujourd’hui ; si ce n’est de façon générale pour faire la promotion de l’équilibre. Et encore de l’équilibre…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !