Global
Quand le sommet du G20 traite de questions économiques totalement absentes des discours politiques nationaux
Si les grandes réunions internationales n'aboutissent généralement pas à de réelles mesures, elles sont l'occasion de faire le point sur les difficultés réelles de l'économie globale. Domaine totalement délaissé par les politiciens dans le champ national.
Atlantico : Alors que le G20 se déroulait ce week-end à Hangzhou, en Chine, les dirigeants des grandes puissances économiques mondiales ont pu aborder des questions telles la faible croissance, les inégalités, ou les réformes structurelles. Ainsi, Christine Lagarde a pu avertir du fait que la croissance mondiale, pour la 5e année consécutive serait inférieure à sa moyenne de long terme. Comment expliquer le décalage des thèmes abordés au cours de ce sommet du G20 et ceux présents au sein des programmes économiques proposés par les différents candidats à l’élection présidentielle de 2017 en France ?
Alexandre Delaigue : C’est un peu le propre des campagnes électorales que de se concentrer sur des sujets nationaux sans grande considération pour le reste du monde. C’est aussi le cas aux USA et en Allemagne, la France certes très provincialiste ne se distingue pas là-dessus. Ajoutons que la campagne se concentre sur des primaires qui ne sont pas le moment de grands débats. Mais le fait est que les morceaux de programme que l’on observe chez les candidats donnent le sentiment que les 10 dernières années n’ont pas eu lieu. Les mêmes sujets reviennent sans cesse, l’ISF, les 35 heures. Très clairement ces programmes sont décalés par rapport aux enjeux.
Cela dit il ne faut pas non plus s’attacher exagérément au G-20, des réunions qui tournent en roue libre et qui servent plus à la publicité des dirigeants qui y participent, qui se bercent ainsi de l’illusion qu’ils sont des grands de ce monde. Il est bien difficile, historiquement, de trouver un seul G-quelque chose qui ait eu le moindre impact. Le déroulement est à chaque fois le même : une déclaration s’inquiétant des désordres monétaires et économiques mondiaux, l’engagement solennel de faire quelque chose, et on recommence la fois suivante. Les mauvaises langues disent même que les conclusions chaque année sont copiées-collées des années précédentes.
On peut en dire autant des préconisations du FMI : toujours le même cocktail de relance budgétaire modérée dans les pays qui le peuvent – qui se trouvent être ceux qui n’en ont pas besoin, comme l’Allemagne ou la Corée du Sud – et la consolidation budgétaire et les « réformes structurelles » dans les autres, alors que la consolidation budgétaire y est nuisible, et que les réformes tiennent lieu de mantra plutôt que de plan susceptible de fonctionner.
La France n’est pas le monde et son impact sur celui-ci est au mieux modéré. On en revient toujours aux mêmes choses : les politiques en Europe pourraient largement être améliorées. La question de la Grèce traîne toujours, les banques italiennes sont mal en point (pour une bonne part, à cause des politiques européennes) et la croissance européenne est faible. Dans chacun de ces domaines on attend plus des politiques concrètes que de grandes déclarations. Et il faut être juste, la politique française n’est pas toujours médiocre. Au moment des craintes de sortie de la Grèce le gouvernement et la diplomatie française ont agi pour éviter la catastrophe. On ne peut pas en dire autant de la question du Brexit par exemple, vue sous l’angle exclusif de ce que l’on peut y gagner électoralement immédiatement.
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