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Douche froide à Malibu : Pamela Anderson part en croisade contre les ravages du porno
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X-Files

La sulfureuse actrice et ex-modèle photo chez le magazine érotique Playboy s'est fendue d'une tribune pour le moins inattendue. Avec le rabbin orthodoxe Shmuley Boteach, elle a invectivé les sites pornographiques qui "détruisent les relations amoureuses". Aurait-elle raison ?

Qui aurait pu deviner que ce serait Pamela Anderson, égérie de la première sextape diffusée sur Internet et actrice souvent dénudée de la série Alerte à Malibu, qui s'attaquerait à l'industrie du porno ?

Problème de santé publique

L'actrice américano-canadienne est la coauteure d'une tribune dans le très sérieux Wall Street Journal dénonçant les conséquences des films pornographiques sur la société et l'érotisme. Elle s'est alliée au rabbin orthodoxe Shmuley Boteach pour bien faire comprendre au plus de gens possible que : "le porno, c'est pour les losers (perdants) !".  

Ils qualifient même le porno de problème santé publique. "De nos points de vue respectifs, en tant que rabbin-conseiller et actrice ancienne mannequin pour Playboy, nous avons souvent mis en garde contre les effets destructeurs de la pornographie sur l'âme des hommes, ainsi que sur leur capacité à fonctionner en tant que maris et par extension, en tant que pères", est-il écrit. Pour appuyer leurs propos, ces deux alliés utilisent l'exemple des mésaventures récentes de l'ancien homme politique accro au sexting, Anthony Weiner : ce dernier s'étant fait quitté par sa femme, l'une des conseillères d'Hillary Clinton, Huma Abedin, après qu'il a envoyé une photo en gros plan de son slip (avec son fils assoupi juste à côté) à une supportrice du candidat à la présidentielle Donald Trump rencontrée sur Twitter.

Mort de l'érotisme

Si l'on ne sait pas si Weiner consommait régulièrement ou non du porno, les auteurs de la tribune ont en tout cas jugé bon de l'associer avec ces revendications pour illustrer ce qui représente pour eux un "trouble sans précédent au bien de l'humanité". Ils vont jusqu'à comparer l'addiction au porno à celle au cannabis, en chiffrant que dans les deux cas, 9% des consommateurs ont essayé de se sevrer, sans succès. Pour la pertinence des données statistiques, on repassera. De plus, le cannabis n'est pas une drogue particulièrement addictive, et aurait de nombreuses vertus.

Pour autant, Pamela Anderson n'est pas devenue une sainte nitouche : elle dit regretter dans son papier que l'industrie pornographique ait tué le magazine Playboy, la célèbre revue érotique, davantage dans l'art de la suggestion et des lumières que dans la scène crue du film porno. Pour ces raisons, elle exhorte ainsi les lecteurs : "Faites une promesse : plus de porno".

Baisse de libido

Si le papier peut être jugé comme maladroit, il met en revanche le doigt sur un phénomène de société autour duquel règne une certaine omerta (on se demande pourquoi) : l'immense popularité du porno. D'après des chiffres ahurissants de 2012, 25% des requêtes dans les moteurs de recherche concernent le porno. Soit 65 millions de recherches par jour. Enfin, 70% des jeunes de 18 à 24 ans consultent plus ou moins régulièrement des sites à caractère sexuel. On parie que les 30% restants soient fortement composés de menteurs.

Et il se pourrait bien que le porno ait, comme pressenti, une influence sur la libido de ses consommateurs. Comme nous en parlions dans cet article, les hommes – qui composent aux deux tiers ce public qui aime se rincer l'œil – subiraient de plein fouet les effets de ces virées polissonnes sur le net, en connaissant une baisse de désir sexuel. Selon une très sérieuse étude publiée par la Société italienne d'andrologie et de médecine de la sexualité, "le porno sur internet tue la sexualité des jeunes hommes". En effet, l'accessibilité généralisée aux sites classés X grâce aux ordinateurs et tablettes, la démocratisation d'Internet et la gratuité de nombre de ces plateformes nous pousse à une consommation incontrôlée et impulsive, qui à terme, diminue notre sensibilité au plaisir.

Une drogue comme les autres

Il ne s'agit pas que de psychologie mais également de science, puisque c'est à force de recourir aux effets de la dopamine – l'hormone du plaisir libérée après un bon repas ou une partie de jambes en l'air – que nous en perdons la sensibilité. Comme une drogue, nous avons toujours besoin de plus, plus souvent. À cette demande, l'industrie du porno sait répondre. Des centaines voire des milliers de nouvelles vidéos sont postées tous les jours sur ces plateformes, dans des scénarios fictionnels toujours plus loin de la réalité, toujours plus variés dans les fantasmes possibles et imaginables. Il peut paraître bien difficile pour un jeune homme de ressentir du désir envers sa copine et ses mensurations "normales" – bien qu'honorables – étalée en position "étoile de mer" sur le lit, quand on a la tête remplie de ces images de ces bimbos aux formes affolantes et de ces scénarios et positions respectivement tout aussi tordus les uns que les autres.

Nous avions précédemment interrogé la sexologue Michelle Boiron, qui ne s'était pas montrée moins alarmiste. Si le mot "drogue" n'est associé au porno que dans le ton de la rigolade, il s'agit pour la psychologue d'une véritable drogue, au même titre que la cigarette. Pas besoin d'ingérer quelque chose ou de se l'injecter en intraveineuse pour porter ce qualificatif : "ce qui signe l'addiction – pour le porno et pour toutes les autres formes d'addictions – c'est la perte de la liberté de s'abstenir", disait-elle. Et là-dessus, elle marque un point. Et comme pour toutes les drogues, certains sont plus sensibles que d'autres : "Il y a des gens qui peuvent boire deux verres de vin tous les soirs et qui n’augmenteront jamais la dose, et d'autres qui vont finir par boire un litre… Certains êtres fragiles ont plus de risques d’être entraînés vers un état de dépendance : ils ont souvent une angoisse à apaiser, un vide existentiel à combler. Le visionnage d’un film pornographique va activer et alimenter les circuits du plaisir et de la récompense un véritable 'médicament'. Ce qui constitue au début un soulagement à leur mal-être va, par le plaisir, l’excitation  qu’ils en retirent, glisser vers une répétition incontrôlable". Heureusement, il existe un moyen de se sortir de ce cycle infernal. Encore une fois, et comme l'expliquait notre spécialiste dans un tout autre article, la volonté est souvent la clé.

Se pose alors la question sociétale : l'être humain aime par-dessus tout transgresser les interdits. Le mythe du péché originel, tout comme celui de la boîte de Pandore, en est bien la preuve. Dans ce monde où Internet donne les clés au royaume de la débauche – n'y voyez aucune forme de jugement péjoratif – cette notion d'interdit n'existe plus tellement. Alors que la génération Y a moins de rapports sexuels que ses aînés, nous pouvons nous demander si la société plus prude que nous connaissions avant ne devait pas rendre le péché de chair plus savoureux.

On ne le répètera jamais assez. Le porno, c'est comme tout : à consommer avec modération. Et si vous voulez vraiment arrêter de vous masturber (sur des films X ou pas), il existe un site communautaire qui, selon un modèle de hiérarchie, récompense ce type d'abstinence. Ainsi, on passe du stade le plus bas, le déchet (un jour sans se masturber), au grade le plus élevé, empereur, lorsque vous ne vous serez pas adonné au plaisir solitaire durant plus d'un an et un mois. Bonne chance !

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