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Entre inculture, sectarisme et lâcheté politique : comment les élites en sont venus à nier l'identité française
©REUTERS/Jacky Naegelen

Bonnes feuilles

Notre pays est malade de son Histoire. Malade de ne pas la connaître, de ne pas la transmettre, d’être sans cesse tenté de la réécrire pour l’instrumentaliser ; malade, surtout, d’y renoncer par lâcheté et refus de se confronter aux minorités. L’Éducation nationale, dans sa fuite en avant multiculturaliste, multiplie les réformes qui privent nos enfants des repères les plus élémentaires sur l’Histoire de France. Quant aux élites qui nous gouvernent, elles sont prêtes à sacrifier l’amour du drapeau, la Marseillaise et la laïcité sur l’autel du « vivre ensemble »… Extrait de "Désintégration française" de Dimitri Casali, aux éditions JC Lattès (1/2).

Dimitri  Casali

Dimitri Casali

Dimitri Casali est Historien, spécialiste du 1er Empire et ancien professeur d’Histoire en ZEP, il collabore régulièrement avec la presse écrite, la radio et la télévision. Il est auteur d’une quarantaine d’ouvrages notamment : La France Napoléonienne (Albin Michel 2021), le Grand Procès de l’Histoire de France, lauréat du prix des écrivains combattants 2020 (Robert Laffont 2019), du Nouveau Manuel d’Histoire préface de J-P Chevènement (La Martinière 2016), de l'Altermanuel d'Histoire de France (Perrin), lauréat du prix du Guesclin 2011 ; l'Histoire de France Interdite (Lattès 2012). Par ailleurs, il est le compositeur du « Napoléon l’Opéra rock » et de l’« l’Histoire de France l’Opéra rock », spectacles musicaux historiques et éducatifs.

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Tant de fractures traversent le peuple français que nous sommes pour la plupart d’entre nous dans l’incapacité de définir cette identité difficilement pensable et énonçable, excepté quand nous nous retrouvons loin, très loin de la mère patrie. Chacun peut faire cette expérience que permet un voyage prolongé à l’étranger : notre identité s’affirme tout en se transformant en objet de nostalgie. On prend soudain conscience de certaines réalités qui nous échappent totalement sur le sol national : en France, on a le droit de dire ce que l’on pense, la personne humaine est respectée, l’État tient debout. Il y a peu de pays où la culture et l’art de vivre se sont autant épanouis. Au cours de l’histoire, la France a incarné à de nombreuses reprises l’espérance aux yeux de la terre entière. La foi chrétienne de Saint Louis, l’humanisme de Montaigne, le rationalisme de Descartes, les philosophes des Lumières, les idéaux de la Révolution, la défense de la laïcité, l’engagement de nos écrivains, de Voltaire à Victor Hugo, ont beaucoup apporté au monde.

Malgré cela, pléthore d’éminents professeurs d’histoire à la Sorbonne expliquent doctement dans les médias que l’identité française n’existe pas, puisqu’elle est en perpétuelle construction. Selon eux, la recherche de l’identité nationale doit être considérée comme un genre de discrimination. Définir notre identité, dire qui nous sommes serait une façon détournée d’exclure les nouveaux arrivants. Ces « brillants intellectuels » proclament sans arrêt sur les ondes que l’identité nationale ne serait qu’une invention douteuse. L’évoquer, ce serait faire appel aux mânes du nationalisme, le racisme et la xénophobie.

Je pense à Nicolas Offenstadt, cofondateur en 2005 du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire, qui s’interroge sur les « usages et mésusages des faits historiques » qui, sous couvert de vulgarisation, permettent de « ramener l’identité nationale à une essence, alors même qu’elle est en construction permanente » (Le Monde, 9 mai 2007). Il est bien entendu rejoint sur ce point par nos dirigeants actuels, tel Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste qui au micro de Radio J en mai 2015 a affirmé : « Je ne sais pas ce qu’est l’identité française, je connais l’identité de la République » – ce qui littéralement ne veut rien dire. On s’identifie à sa culture et à son histoire, et non à un régime politique en particulier ; soutenir cela, c’est occulter mille ans de monarchie au cours desquels les rois ont fait la France. C’est ajouter l’inculture au sectarisme, et par conséquent faire le jeu du Front national, cela même que ces intellectuels néoprogressistes ne cessent de reprocher à ceux qui ne pensent pas comme eux.

Idolâtrés dans les milieux militants de gauche et d’extrême gauche, ils célèbrent comme une avancée ce qui contribue à abattre nos racines éternelles et dénoncent ceux qui s’y opposent comme étant de dangereux réactionnaires. Ils fantasment une France sans frontières qui se fondrait comme par magie dans le grand tout de la mondialisation. Ils exigent la rupture avec notre héritage et rêvent d’une société plurielle, idéal louable mais qui ne peut s’accomplir que sur la base d’une identité nationale solide et structurée. En effet, la « nouvelle France » qu’ils appellent de leurs voeux ressemblerait tant à n’importe quelle nation qu’elle n’aurait plus lieu d’exister.

L’ethnologue Claude Lévi-Strauss lui-même, que l’on peut difficilement suspecter de crispation identitaire, avait tiré avec lucidité la sonnette d’alarme : « Au xixe siècle, le système de valeurs de la France représentait, pour l’Europe et au-delà, un pôle d’attraction. L’assimilation des immigrés ne posait pas de problème. Il n’y en aurait pas davantage aujourd’hui si, dès l’école primaire et après, notre système de valeurs apparaissait à tous aussi solide, aussi vivant que par le passé. […] Si les sociétés occidentales ne  sont pas capables de conserver ou de susciter des valeurs intellectuelles et morales assez puissantes pour attirer des gens venus du dehors et pour qu’ils souhaitent les adopter, alors, sans doute, il y a sujet à s’alarmer » (De près et de loin, Odile Jacob, 1998).

Extrait de Désintégration française de Dimitri Casali, aux éditions JC Lattès, 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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