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Le féminisme, sacrifié sur l’autel de la campagne non officielle de Nicolas Sarkozy ?
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Chère Lydia Guirous...

La réponse de l'association "Ni Putes Ni Soumises", en réponse à la tribune "Le féminisme, sacrifié sur l’autel des promesses électoralistes" de Lydia Guirous publiée cette semaine dans Atlantico.

Gabrielle  Apfelbaum

Gabrielle Apfelbaum

Gabrielle Apfelbaum est Directrice de la Communication du Mouvement Ni Putes Ni Soumises.

 

 

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Cet article est une réponse au billet de Lydia Guirous : 
Le féminisme, sacrifié sur l’autel des promesses électoralistes

Lydia Guirous a entamé un travail de sape des Associations féministes, car en ces temps difficiles pour la Majorité, il va falloir diviser. Accusant les unes d’islamophobie, les autres de ne pas être à la hauteur des enjeux de la présidentielle, et surtout de « faire de la Com ». On n’en ferait trop, pas assez, convoquant le nouveau diable qu’on appelle le Buzz.  

Apparemment seul l’UMP pourrait utiliser les moyens de communication modernes, et souvent moins onéreux, que sont le street marketing, la mobilisation sur le web, pour diffuser largement des idées. Esclaves du Buzz, nous serions vidées de nos combats.  Les valeurs éventrées sur l’autel de la modernité. Il y a de quoi sourire quand on voit les moyens mis en œuvre par les grands partis pour viraliser des campagnes « insolites », du lip dub de l’UMP au clip du PS, autant de gesticulations qui font que chacun se réclame d’Obama, et n’attirent que la franche rigolade des internautes-citoyens et nourrissent un manque de crédit envers la classe politique…

Dans le collimateur de cette semaine, OLF et le Laboratoire de l’Egalité. Considérées trop proche sans doute du PS. Le Mouvement Ni Putes Ni Soumises est proche du Laboratoire de l’égalité. Et si nous divergeons d’OLF sur certains sujets, le voile intégral notamment, nous refusons cette mise en cause basée sur la mauvaise foi.  Nous refusons ce ressac antiféministe, où chacun va s’emparer du mot pour dire que finalement les associations doivent bien l’avoir cherché, si les choses ne vont pas mieux pour les femmes. Car nos voix sont déterminantes dans une campagne où la question des femmes est pour l’instant traitée par-dessus la jambe, où en dessous de la ceinture.

Toutes les associations se retrouvent sur l’idée que le féminisme est un combat d’hommes et de femmes et que les mentalités doivent être changées (Lydia Guirous a oublié la campagne « Féminisme, les hommes s’y mettent aussi ! » développée dans les universités avec la Confédération Etudiante). Nous pointons du doigt, chacune dans nos domaines d’expertise, les manquements à gauche et à droite. La question de la lutte contre les violences faites aux femmes est pour l’instant la grande absente des déclarations de François Hollande, et du candidat dont on ne connait pas encore le nom de l’UMP.

Car n’en déplaise à Mme Guirous, c’est bien là-dessus, au moins autant que sur« la parité et l’égalité professionnelle » que le bas blesse. A gauche, c’est le grand silence. A droite, c’est un bilan en quart de teinte, avec une loi en 2010 qui n’a pas l’ampleur d’une loi cadre, et encore moins les moyens d’être appliquée pleinement. Pas plus que la directive de 2003 sur l’éducation sexuelle à l’école, comme le rappelait Geneviève Fraisse il y a peu. Et pourquoi attendre d’être à trois mois des élections pour lancer le chantier de l’égalité salariale dans le service public ? Qui est électoraliste ?

En ce qui concerne Ni Putes Ni Soumises, l’absence de réflexion sur la lutte contre les violences, la mise à l’abri d’urgence des femmes victimes, l’éducation au respect filles/garçons, les reconduites à la frontière de femmes maltraitées, le refus de guichet dans certains commissariats, le certificat de coutume, l’absence d’unification de l’ordonnance de protection, ne sont pas des oublis. Nous sommes en campagne, et les grands partis parient sur l’abstention des femmes issues des quartiers populaires. C’est une grosse erreur extirpée d’une marre de préjugés qui assimile violence et immigration récente, précarité et manque d’implication dans la vie publique. Les problématiques de contrôle du corps, de violences sexuelles, de montée des intégrismes, d’emprise de l’Extrême Droite, de difficulté d’accès au soin, à la contraception, au Droit, réservées autrefois aux plus démunies, immigrées ou pas, concernent des femmes partout en France, en milieu rural, dans les bassins désindustrialisés sauvagement, dans les quartiers populaires, dans les écoles. Là-dessus, le bilan du président sortant est mitigé.

Une campagne est forcement une bataille de communication, espérons que les uns et les autres ont des convictions remontant à plus de trois mois. Qu’on se rassure, il n’existe pas de manque de conviction de leaders féministes. Par contre, voit le jour ces temps-ci une nouvelle tactique, avec ses éléments de langages et ses soldats dédiés, qui consiste, après les avoir utilisés comme alibi, à décrédibiliser les voix audibles dans la société civile, dans tous les domaines, au risque de faire résonner la petite musique du « tous pourris ». Tous pourris ? Non, celui qui pourrait nous sauver de la crise, des chinois, des « intégristes laïques », des « Khmers Verts », et maintenant des « apparatchik féministes » revêt son habit de père de la nation pendant que lentement mais sûrement, personne d’autre n’est pertinent.

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