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L’idéologie antiraciste vit dans un monde où les innocents ne deviennent coupables que par accident
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Arme de disqualification massive

Alors que les racistes avérés sont devenus très marginaux dans nos sociétés, l'antiracisme s'est mué en une idéologie à la fois diffuse et contraignante qui outrepasse largement sa raison d'être. Extraits du livre de Paul-François Paoli : "Pour en finir avec l'idéologie antiraciste" (2/2).

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli est l'auteur de nombreux essais, dont Malaise de l'Occident : vers une révolution conservatrice ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), Pour en finir avec l'idéologie antiraciste (2012) et Quand la gauche agonise (2016). En 2023, il a publié Une histoire de la Corse française (Tallandier). 

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Pourquoi est-il si difficile d’évoquer la petite et moyenne délinquance qui empoisonne la vie des gens, ainsi qu’Éric Zemmour en a fait l’expérience ? Parce que le postulat fondamental de l’antiracisme idéologique est que toutes les attitudes négatives – violence, incivilités, machisme violent, insubordina­tion scolaire – que l’on peut constater chez certains individus d’origine extra-européenne, notamment africaine ou maghrébine, même quand ils sont natu­ralisés français, sont explicables par la sociologie victimaire ambiante et réductibles à elle. Elles ne relèvent jamais de la négativité, de la haine ou du res­sentiment. Autrement dit, si vous êtes victime d’une agression symbolique ou physique venant de ce que les sociologues appellent les « jeunes en difficulté » – comme si vous, chômeur, précaire, étudiant fau­ché ou simple citoyen, n’étiez pas en difficulté –, votre agresseur est, lui aussi, par principe, une vic­time, ce qui explique qu’il vous agresse aujourd’hui.

L’idéologie antiraciste est un rousseauisme primitif qui conçoit un monde où les innocents ne deviennent coupables que par accident, ce dernier étant toujours d’ordre social. Les vrais coupables sont bien sûr ceux qui sont responsables, très loin en amont, des causes de cette violence : les urbanistes qui ont construit des cités ghettos de banlieue, les militaires colonia­listes qui, il y a maintenant plus de cinquante ans, torturaient en Algérie, sans oublier les industriels qui exploitaient la main-d’œuvre immigrée dans les années 1960. Ce sont eux les vrais coupables de votre agression présente.

Un sociologue, qui plus est de gauche, Hugues Lagrange, a fait voler en éclats ce tissu d’a priori dans un livre à la fois courageux et pertinent, mais aussi discutable par certains aspects, Le Déni des cultures. Pour lui, il n’est pas question de nier les dimensions économiques et sociales de l’incivilité scolaire ou de la délinquance des jeunes d’origine immigrée, mais pas question non plus de nier le caractère spécifique de cette violence : « Ce n’est pas seulement parce qu’ils ont souvent des parents ouvriers, chômeurs ou inac­tifs que des adolescents issus des migrations africaines sont plus souvent impliqués dans des délits ou réus­sissent moins bien à l’école. […] Il s’avère que dans les familles de statut comparable, les jeunes venus d’Afrique du Nord, d’Afrique noire et des DOM sont plus souvent impliqués dans la délinquance et ont une scolarité beaucoup moins bonne que les jeunes d’ori­gine asiatique. Pourquoi une amplification des dérives d’un côté et des réussites scolaires et socio-écono­miques de l’autre ? »

Hugues Lagrange s’interroge sur le rôle que tient le désir dans le processus d’intégration. Sans minimiser les injustices dont ont pu être vic­times les populations immigrées, il met ainsi au jour le fait que le modèle assimilationniste républicain est parfois récusé en tant que tel. « Les villes européennes sont les lieux d’un affrontement moral », écrit-il. « Les étrangers qui venaient autrefois s’appliquaient à nous ressembler, ils semblent se poser aujourd’hui dans leur altérité. À notre grande surprise, les migrants ne nous voient pas comme la pointe avancée de la mode et de la morale, mais plutôt, au regard de leurs tradi­tions, comme une enclave étrange et déviante. Ceux qui viennent d’au-delà des mers ne sont pas nés sous le signe de notre universalisme. »

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Extraits dePour en finir avec l'idéologie antiraciste, Bourin Editeur (19 janvier 2012)

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