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Pourquoi la baisse du chômage tarde toujours à se traduire par une véritable hausse de l’emploi
©REUTERS/Eric Gaillard

Toujours pas de bol

Les chiffres du chômage de juin-juillet 2016, publiés ce mercredi 24 août, font état d'une baisse du nombre de chômeurs de catégorie A de presque 20 000 personnes. Un résultat encourageant mais qui masque une faible reprise des créations d'emplois.

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès est maître de conférences à Sciences Po (gestion publique & économie politique). Il a notamment publié Réformes: mission impossible ? (Documentation française, 2010), L’âge d’or des déficits, 40 ans de politique budgétaire française (Documentation française, 2013). et récemment Le Logement en France (Economica, 2017). Il tient un blog sur pfgouiffes.net.
 

Vous pouvez également suivre Pierre-François Gouiffès sur Twitter

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Atlantico : Alors que le chômage de catégorie A affiche une baisse de 19 100 personnes entre le mois de juin et le mois de juillet, celle-ci ne se reflète pas dans l'ensemble des catégories représentées. Une situation qui aboutit à voir le nombre de chômeurs des catégories A, B, C, D, E augmenter de 10 900 personnes. Comment expliquer ce paradoxe, que révèle-t-il de la situation actuelle ? 

Pierre-François Gouiffès : Le discours médiatique et gouvernemental se concentre ce mois-ci sur les demandeurs d’emploi de catégorie A qui baissent de 0,5% sur un mois et systématiquement depuis avril 2016 alors même que cette catégorie augmentait par exemple de plus de 10 % entre l’été 2012 et l’été 2013. Il y a donc une claire amélioration pour cette catégorie.

En revanche, et sans remettre en cause l’amélioration tendancielle générale, on constate en juillet 2016 une augmentation de toutes les autres catégories inscrites à Pôle Emploi ! Ceci concerne tant les catégories de demandeurs d’emplois avec activité réduite (B et C qui font d’ailleurs que le nombre de demandeurs d’emplois ABC a globalement augmenté) que les inscrits à Pôle Emploi non tenus de rechercher un emploi (D et E) : pour la France métropolitaine -19 100 A mais +26 600 B&C, +5 200 D et E.

Donc par exemple le nombre de demandeurs d’emplois en activité réduite continue d’augmenter mais beaucoup moins qu’avant, ce qui peut correspondre à une reprise graduelle d’activité : des A passent au B et au C avant éventuellement de sortir totalement des chiffres. Enfin la catégorie D correspond pour partie à des entrées en stage de formation et a augmenté de près de 14 % sur six mois.

Concernant les "causes" de sorties des statistiques, il apparaît que les entrées en stage (96 700), les cessations d'inscription pour défaut d'actualisation (231 300) ou les radiations administratives (51 600) se situent à des niveaux historiquement élevés. Faut-il en conclure que les chiffres actuels masquent une faible reprise des créations d'emplois, comme pouvait l'indiquer l'INSEE pour le T2 2016, signalant la création de 24 100 emplois lors de ce trimestre, soit moins que les 37 300 du 1er trimestre ?

Les données de juillet 2016 font ressortir des données élevées pour les radiations administratives et plus encore pour les entrées en stage et peuvent donc laisser la place à des interprétations "conspirationnistes"… Mais si l’on regarde la répartitions des sorties, le principal changement concerne les entrées en stage qui sont passées d’environ 8% du total sur la période 2012-2014 à 11,5% sur les sept premiers mois de l’année 2016, ce qui est cohérent avec la montée de la catégorie D. Donc au regard des chiffres de créations d’emploi, on combine bien une reprise lente et progressive de l’emploi avec l’impact des dispositifs mis en place par l’exécutif notamment le plan 500 000 formations.

Quel pourrait être le bilan général de François Hollande ? Au rythme actuel, de quel bilan le chef de l'Etat pourra-t-il se prévaloir à la fin de son quinquennat, ceci en prenant en compte le fait que la hausse du nombre de chômeurs de catégories A dépasse toujours les 580 000 personnes ?

François Hollande a lui-même et dès 2012 "manqué de bol", fait de la baisse du chômage la variable de contrôle de son succès en ayant en outre conditionné par des déclarations successives sa nouvelle candidature à un recul significatif du chômage.

Après des mois et des mois d’évolutions négatives voire catastrophiques, les nouvelles récentes sont meilleures à un moment clé du cycle électoral avec le retour du taux de chômage au sens du BIT à son niveau de 2012 avec l’ajustement récent de 0,3%, conjoint avec un bon mois sur le nombre d’inscrits à Pôle Emploi. Il n’en demeure pas moins que le nombre de demandeurs d’emplois de catégorie A a augmenté de plus de 20% depuis mai 2012 (+583 300 en France métropolitaine) et les ABC de 25% (+1,1 million).

La perpétuation d’une dégradation de la situation du chômage à quelques mois des élections aurait mis le Président dans une situation extrêmement difficile par rapport à l’opinion publique et l’électorat pour une éventuelle seconde candidature. Reste à savoir si le constat d’une dégradation durable du chômage sur le quinquennat lui permettra ou non de tirer un bénéfice politique des bonnes inflexions sur ce front sur les derniers mois.

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