Quand le sport apporte confiance, estime et force de caractère aux femmes<!-- --> | Atlantico.fr
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Lucie Décosse, championne olympique de judo, témoigne : "À la fin de ma carrière, je n’ai été sollicitée par aucune maison d’édition pour publier mon autobiographie. Or, quand un homme a été champion olympique, c’est quasi systématique !"
Lucie Décosse, championne olympique de judo, témoigne : "À la fin de ma carrière, je n’ai été sollicitée par aucune maison d’édition pour publier mon autobiographie. Or, quand un homme a été champion olympique, c’est quasi systématique !"
©Reuters

Bonnes feuilles

Voici un essai pour penser le sport comme source de progrès de la place des femmes en France – étayé de témoignages de sportives, anonymes ou célèbres, d'encadrés ludiques et d'interviews d'experts – à travers lequel se dessine le reflet d'une nouvelle société en mouvement, qui plaide pour la mixité, la coopération et la solidarité. Extrait de "A vos baskets toutes !", de Fabienne Broucaret, aux éditions Michalon 1/2

Fabienne Broucaret

Fabienne Broucaret

Fabienne Broucaret est journaliste indépendante. Elle a été rédactrice en chef adjointe du magazine Néoplanète et  a collaboré, entre autres, pour la Figaro, Elle.fr et Psychologies.com.

Elle est l'auteur de "Le sport féminin, le sport, dernier bastion du sexisme" aux éditions Michalon

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Une source de confiance en soi 

Faire du sport est valorisant. Pas besoin d’atteindre le haut niveau pour cela, même la pratique la plus banale contribue à revigorer une estime de soi pâlichonne. « Je suis frappée de voir à quel point le sport peut transformer un enfant, observe la psychologue Anne Gatecel. Très souvent cette pratique ou cette réussite sportive rejaillit sur d’autres domaines, notamment le domaine scolaire. Alors qu’il était en difficulté à l’école, l’enfant s’autorise à croire qu’il peut inverser la tendance en puisant dans l’assurance acquise grâce au sport. » En éprouvant leurs capacités physiques et réalisant qu’elles sont capables de réussir ou du moins de progresser, les jeunes filles partent à la reconquête de leur image, notamment corporelle. Une dimension clé durant la période parfois compliquée de l’adolescence.

« Le sport apporte des compétences, et des qualités comme la combativité ou encore l’assurance, précise Béatrice Barbusse, maître de conférences en sociologie spécialisée dans le sport et les ressources humaines à l’Université de Créteil. L’activité sportive apporte de la confiance car elle apprend à se détacher du regard des autres. Elle aide notamment les filles à transgresser les normes et à ne pas forcément rester bien sagement assises à leur place comme on leur demande depuis l’enfance. Autant de choses nécessaires pour s’intégrer dans la société et en gravir les échelons. » La sociologue Haïfa Tlili en est convaincue. Suite à sa recherche-action, elle a ainsi imaginé un programme pilote à destination de jeunes filles de 16 à 23 ans. Son idée : organiser, d’ici la rentrée prochaine, un séjour de quatre jours mêlant activités sportives et ateliers dédiés au bien-être ou au développement personnel. « L’objectif est de leur apporter un accompagnement sportif, alimentaire et psychologique afin qu’elles prennent confiance en elles et surmontent leurs peurs, explique-t-elle. Les filles vont construire le programme avec nous. Nous souhaitons qu’elles se l’approprient pleinement. Si on leur impose, cela ne marchera pas. En étant actives et actrices, elles vont prendre conscience de leurs freins, mais aussi des bienfaits du sport sur leur corps et leur esprit. Expérimenter de nouvelles pratiques va aussi leur permettre de réaliser que le sport est un moyen de prendre sa vie en main, de s’épanouir et de s’ouvrir. Il faut redonner du sens à la pratique sportive et montrer concrètement l’impact qu’elle peut avoir, par exemple, sur la réussite scolaire. Nous souhaitons dans un second temps sensibiliser les mamans car beaucoup pensent encore aujourd’hui que le sport est une perte de temps. » Parmi les activités pressenties : pas de fitness ou de football, mais de nouvelles disciplines comme le slackline. Le but du jeu ? Marcher sur une corde tendue à 50 cm du sol. « Si vous n’êtes pas concentré, vous tombez, résume Haïfa Tlili. Cette discipline oblige donc à faire fi du regard des autres si on veut réussir. » À terme, la sociologue espère qu’une fois validé, ce programme pilote, organisé en partenariat avec l’Ufolep et We Talk, sera dupliqué et que les filles qui l’ont expérimenté inciteront leurs amies à se mettre, elles aussi, au sport.

« À la base, je suis quelqu’un de timide »

Championne olympique de judo (-70 kg) à Londres en 2012, Lucie Décosse est aujourd’hui consultante pour BeIn Sport et entraîneure des cadettes de l’équipe de France de judo.

« Je me suis construite avec le sport. Je ne serais pas la même aujourd’hui si je n’avais pas fait de judo. Je n’aurais pas la même force de caractère, pas la même envie de toujours me surpasser. Le sport m’a aussi appris à m’organiser : parvenir à un objectif en planifiant des étapes intermédiaires fut mon quotidien pendant de nombreuses années ! À la base, je suis quelqu’un de timide, le judo m’a donné confiance en moi. J’aime transmettre mon expérience aux jeunes et les faire profiter de ce que j’ai vécu, c’est un plaisir d’intervenir dans des clubs, de faire des démonstrations dans des magasins. Quand des parents m’écrivent ensuite pour me dire que depuis notre rencontre, leur fille veut, elle aussi, devenir une championne, je suis comblée. En tant qu’entraîneure des filles de l’équipe de France cadette, j’essaie de leur donner l’envie de travailler et le goût de l’effort. Ça leur servira bien au-delà du judo ! À la fin de ma carrière, je n’ai été sollicitée par aucune maison d’édition pour publier mon autobiographie. Or, quand un homme a été champion olympique, c’est quasi systématique ! J’ai donc pris moi-même l’initiative de l’écrire pour raconter mon parcours*. C’est important de montrer que l’on existe et d’être visible. Sinon, soit les sportifs prennent toute la place, soit on parle toujours des mêmes sportives, des légendes comme Jeannie Longo, ou des filles populaires comme Muriel Hurtis ou Alizé Cornet mais dont le palmarès n’est pas aussi grand que la notoriété. »

* Je suis restée debout, Lucie Décosse, éditions Du Moment, 2015.

Extrait de "A vos baskets toutes !", de Fabienne Broucaret, publié aux éditions MichalonPour acheter ce livre, cliquez ici

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