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Les travailleurs chinois à l'étranger, proies privilégiées pour kidnappeurs crapuleux
©Reuters

Cibles

Cinquante-quatre Chinois ont récemment été enlevés en Egypte et au Soudan. Alors que la main d’œuvre chinoise s’exporte de plus en plus, elle devient la cible privilégiée des kidnappeurs.

29 travailleurs chinois enlevés par des rebelles au Soudan. 24 autres enlevés en Egypte par des Bédouins. Ces derniers, qui travaillaient dans une usine de ciment dans le Sinaï, ont eu plus de chance, ils ont été libérés ce mercredi.

Ces rapts seraient-ils le signe que les travailleurs chinois sont des cibles idéales pour les ravisseurs ?

Alors que les compagnies chinoises développent des liens économiques plus solides à travers le monde, elles font aussi face à la nécessité de protéger leurs employés. La Chine a mis en place depuis 1999 une politique de "marche vers l’extérieur" pour encourager les investissements à l’extérieur du pays. Dans la foulée, cela a entrainé une augmentation de citoyens chinois allant travailler à l’étranger. Fin 2011, le nombre de travailleurs chinois à l’étranger était de 812 000 soit deux fois plus qu’en 2002.

Les ravisseurs ne visent d'ailleurs pas forcément les Chinois en particulier, mais parce qu'en tant qu'étrangers, ils ont de la valeur. Seulement, certains facteurs montrent que les Chinois sont des proies plus faciles et plus vulnérables.

Interrogée par Bloomberg, Bonnie Glaser, du Centre d’étude stratégiques et internationales de Washington, estime que les Chinois paient souvent les rançons pour libérer leurs otages car ils n’ont pas une armée suffisamment puissante au niveau mondial.

"Cible facile"

"La Chine est une cible facile", estime-t-elle, "ils veulent désamorcer ces situations rapidement, ils sont prêts à payer et cela encourage les ravisseurs à s’attaquer à eux."

Bien évidemment, le gouvernement chinois tempère. Pékin a dépêché une équipe de crise au Soudan où de nombreuses compagnies chinoises ont des investissements dans des projets de construction et de pétrole. "D’après ce que nous savons, les travailleurs chinois sont en sécurité. Ils sont sains et saufs.", a déclaré le chef de l’équipe de sécurité, Qiu Xuejun à la télévision d’état chinoise.

Pourtant un éditorial publié par le Global Times, un magazine d’état, déplore le manque de sécurité. "La Chine n’est pas assez puissante aujourd’hui pour protéger chacun de ses citoyens à travers le monde."

Les entreprises chinoises ont tendance à investir dans des endroits dangereux. Shen Dingli, professeur de relations internationales à l’université Fudan à Shanghai estime que "les entreprises chinoises vont dans des pays dangereux sans évaluer l’instabilité politique de ces pays-là".

De plus, alors que les entreprises occidentales ont tendance à employer des travailleurs locaux, les firmes chinoises viennent avec leurs propres employés regroupés dans des camps. Ces regroupements en font alors des cibles faciles pour les gangs et les guerillas.

Les entreprises n'ont pas jugé bon de développer des systèmes de sécurité privés, et font confiance aux forces de sécurité locales ce qui, selon Barry Sautman, un expert des activités chinoises en Afrique à l'université de Hong-Kong "ne fonctionne pas très bien".

Pourtant, Pékin reste réticente à envoyer des forces militaires à l'étranger. "Nous ne connaissons pas leurs politiques ou leurs conflits, comment pourrions-nous résoudre ce genre de situation ?", s'interroge Shen Dingli. "Nous allons devoir engager des forces de sécurité locales pour être moins vulnérables", conclut-il.

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