La chandeleur, cette fête devenue païenne et qui renvoie pourtant aux racines chrétiennes de la France<!-- --> | Atlantico.fr
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Ce jeudi, si c’est crêpes, c’est surtout qu’au Vème siècle, le pape Gélase en fit distribuer gratuitement au peuple romain, en signe de fête.
Ce jeudi, si c’est crêpes, c’est surtout qu’au Vème siècle, le pape Gélase en fit distribuer gratuitement au peuple romain, en signe de fête.
©Flickr/erasergirl

Crêpage de chignons

Les crêpes que vous dégusterez ce jeudi pour la Chandeleur auront un arrière goût de judéité.

Ce jeudi, c’est crêpes. Tout le monde va en manger, au moins tous ceux qui ont quelque progéniture dans leur foyer, ou tout autre gourmand ayant conservé son âme d’enfant. Peu nombreux pourtant qui se soucieront de l’origine de cette tradition. Elle nous ramène, comme il n’est pas rare dans ce pays et dans ce continent, à notre culture chrétienne, c’est-à-dire juive en l’occurrence : la Chandeleur c’est son nom est en effet la fête de la Présentation de Jésus au Temple, qui est en même temps le jour de la Purification de la Vierge.

Car le Lévitique édicte : « Lorsqu’une femme deviendra enceinte, et qu’elle enfantera un mâle, elle sera impure pendant sept jours (…) Le huitième jour, l’enfant sera circoncis. Elle restera encore trente-trois jours à se purifier de son sang ; elle ne touchera aucune chose sainte, et elle n’ira point au sanctuaire, jusqu’à ce que les jours de sa purification soient accomplis. » Le 2 février, quarante jours après Noël, commémore ainsi la venue de Marie la jeune mère au Temple, et comme l’année liturgique chrétienne est composée avec une finesse et une intelligence redoutables, ce jour tombe précisément au moment où les antiques païens, par leurs sanglantes Lupercales romaines ou par leur Imbolc celte, célébraient le renouveau des semailles et le début de la fin de l’hiver. Pour les chrétiens, Jésus est la lumière du monde : le jour de sa naissance fixé au solstice hiémal, quand le « sol invictus » prouve bien qu’il l’est en renaissant dans la nuit obscure, résonne avec ce jour de la Chandeleur, où le Sauveur commence d’être présenté au monde. La nuit se dissipe peu à peu, la lueur d’une terre nouvelle perce.

Mais ce jeudi, si c’est crêpes, c’est surtout qu’au Vème siècle, le pape Gélase en fit distribuer gratuitement au peuple romain, en signe de fête. Car la Chandeleur annonce aussi les temps carnavalesques qui eux-mêmes précèdent le Carême.

Il faut bien constater que la République depuis qu’elle s’est unilatéralement séparée des Eglises a trouvé peu de fêtes originales pour rythmer la vie sociale. La fête de la musique n’est en quelque sorte que le doublon des feux de la Saint-Jean, qui préparent l’été. Le 1er mai, que l’on doit au Godin des poêles et du familistère, est peut-être la seule festivité moderne sui generis avec le 14 juillet, les autres jours fériés étant des anniversaires d’armistice.

Où que le contemporain tourne la tête, il est de toute part acculé à se réjouir avec le chrétien de choses qui le dépassent. J’ignore si c’est dur à vivre. Je sais cependant que c’est ici, dans un calendrier partagé, que l’on juge de la cohésion générale d’une société, n’en déplaise aux farouches gardiens d’une laïcité violente, qu’ils soient François Hollande ou Eva Joly. Même cachées derrière le paravent éphémère d’un commerce obscène, dans le temps relatif de la fragmentation contemporaine, ces fêtes demeurent comme des signaux venus d’une vie plus intense qui a été oubliée.

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