Le marché de l'art ne connaît pas du tout la crise<!-- --> | Atlantico.fr
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Sur l’année 2010, le nombre d’entrées dans les musées français a augmenté de 5%.
Sur l’année 2010, le nombre d’entrées dans les musées français a augmenté de 5%.
©Flickr/edwin.11

Plus joli qu'une action

On ne le répète jamais assez, c'est la crise ! Pourtant, les secteurs de l'art et de la culture enregistrent des résultats encourageants sur l'année 2011. Comment expliquer qu'alors que chacun compte ses sous, nous continuions d'aller dans les musées et même d'acheter des oeuvres d'art ?

Françoise Benhamou

Françoise Benhamou

Françoise Benhamou est économiste, professeur à l'université Paris 13 et chercheur au CEPN.

Elle tient une chronique régulière sur Livres Hebdo et Rue89.

 

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Atlantico : Alors que la crise persiste et touche les ménages, les secteurs de l’art et de la culture enregistrent une croissance. Par exemple, sur l’année 2010, le nombre d’entrées dans les musées français a augmenté de 5%. Comment expliquer ce phénomène dans une période où chacun surveille ses dépenses ?

Françoise Benhamou : Il faudrait regarder de très près comment les secteurs de la culture et de l’art réagissent, dans le détail. Par contre, il est vrai que les consommations culturelles ne sont pas nécessairement les plus coûteuses. Ce sont des loisirs de proximité qui, en période de crise, représentent des valeurs refuge.

L’entrée dans un musée ne coûte pas cher. Le facteur prix n’est pas le seul à rentrer en jeu mais il n’est pas négligeable. Ce type de sortie donne l’impression d’enrichir les visiteurs pour un coût qui reste par exemple largement inférieur à celui d’une place de cinéma.

Certains font le choix d’investir dans des œuvres d’art. Pourquoi ce choix ?

Ce phénomène existe depuis longtemps. Les investisseurs, dans le cadre d’une politique de diversification de leurs portefeuilles de placements, font régulièrement le choix de l’achat d’œuvres d’art. Les banques et les assurances le font depuis longtemps.

Des particuliers suivent la même démarche en créant des fonds communs destinés à l’investissement dans l’art. Ce sont en général des gens qui aiment l’art et cherchent à faire circuler leurs œuvres. Il y a, au minimum, le plaisir de les avoir.

L’art n’est pas une valeur sûre. Mais ces objets ont un double intérêt : en plus d’immobiliser un capital, ils offrent un aspect esthétique valorisant. Ce ne sont pas des pièces que l’on laisse dormir dans un coffre. En général, le risque reste relativement peu élevé. Tout dépend si vous achetez un Jeff Koons aux enchères ou des œuvres à des prix moyens : dans le premier cas, vous pouvez gagner ou perdre beaucoup d’argent, dans le second, vous placez surtout votre argent.

Les nouveaux riches, dans certains pays émergents, tendent à acheter des œuvres d’art plutôt que des voitures de sport pour illustrer leur réussite. Est-ce aussi un phénomène récurrent ?

Effectivement, ça a toujours existé. Il s’agit en général de gens dont le goût de l’art se révèle en même temps qu’ils accèdent à un nouveau niveau de revenus qui leur permet de s’y intéresser. D’autant plus que ce sont des biens ostentatoires. C’est en général un mélange des deux.

Pour des gens qui ont beaucoup de moyens, il existe des segments très spéculatifs. Ils espèrent tirer le gros lot en investissant sur une œuvre en laquelle l’acheteur croit ou sur un artiste dont les signes laissent penser qu’il a ses chances de percer et de se faire remarquer.

Tous ces phénomènes sont parfois grossis en période de crise parce qu’on s’y intéresse soudainement. Mais dans le fond, ces pratiques, quoi que discrètes, ont toujours existé.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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