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Un chercheur japonais veut développer des toilettes qui analysent votre santé à partir de vos selles
©Reuters

Montre-moi ton caca, je te dirai comment tu vas

Le biologiste japonais Takuji Yamada planche sur un prototype de toilettes capables de dresser un bilan médical à partir des déjections recueillies.

Dis-moi comment est ton caca, je te dirai comment tu te portes. La phrase peut prêter à sourire, mais l'innovation sur laquelle travaille le biologiste nippon Takuji Yamada pourrait bien la matérialiser.

Ce projet scientifique, mis en lumière sur le site Ozy, est pour le moins insolite : des toilettes hyper sophistiquées qui, en analysant les selles qu'on leur "soumet", transmettraient en temps réel des données sur notre santé et régime alimentaire sur notre smartphone. Une version quelque peu moins ragoûtante des objets connectés que l'on utilise par exemple pour mesurer notre fréquence cardiaque, en somme.

Mine d'informations

Il faut dire que notre organisme est une véritable mine d'informations, pour le moment très loin d'être entièrement exploitées. Quelque 100 000 milliards de micro-organismes pullulent dans notre intestin. C'est dix fois plus que le nombre de cellules dont nous sommes composés. Autant dire que lorsqu'on dit sur un ton blagueur l'expression suggestive "je vais déposer le bilan", nous ne sommes pas si loin de la vérité, puisqu'il s'agit d'un véritable bilan médical. Nos selles contiennent de nombreuses données sur notre santé, et de surcroît, elles sont régulièrement mises à jour. Vous pouvez ainsi d'ores et déjà établir un constat médical sommaire en prêtant attention à vos selles. La très sérieuse échelle de Bristol classifie d'ailleurs les crottes en sept types afin que vous puissiez vous repérer plus facilement.

Du haut de son laboratoire consacré à la flore intestinale, Metagen (site en japonais), Yamada voit en ce qu'il appelle ces "pierres précieuses" un véritable minerai de recherche mais également une mine d'or économique, indiqueTech In Asia. Et qui d'autre que les Japonais, dont les toilettes sont parmi les plus futuristes au monde, pour tester ces futurs WC connectés ?

Sources de financement

Si ce prototype de toilettes n'a pas encore été développé, il devrait être "très cher", selon la biologiste Emma Allen-Vercoe de l'Université canadienne de Guelf (Ontario), qui ne tarit pas d'éloge sur le projet pour autant. Pour pouvoir réaliser une véritable analyse, ces toilettes devront selon elle être équipées d'une vaste batterie de capteurs afin de prendre en compte les très nombreuses informations que renferment ces documents organiques que l'on abandonne aux oubliettes.

Pour parvenir à ses fins, Yamada pourra compter sur le financement de l'incubateur asiatique Leave a Nest et sur l'argent récolté lorsqu'il a été nommé lauréat du Grand Prix de biosciences à Tokyo. Mais ce ne sera peut-être pas assez. Le manque de subventions de la part des pouvoirs publics pourraient l'amener à chercher à attirer des investisseurs privés, ces "capital risqueurs" (de l'anglais venture capitalists) bien utiles aux startups en manque de visibilité.

Autre manière de lever des fonds : s'associer avec des entreprises d'alimentation pharmaceutique, de manière à tester l'efficacité des produits en analysant les selles des cobayes. Le laboratoire de compléments alimentaires Morishita Jintan, dont l'un des directeurs Yukimasa Tanaka-Azuma a été interrogé par le site Ozy, travaille d'ores et déjà avec Metagen. Les industriels alimentaires qui produisent des yaourts au bifidus actif, par exemple, pourront prouver leur efficacité en recourant au laboratoire Metagen.

Des crottes au fort potentiel

Si ces toilettes du futur venaient à être fabriquées puis commercialisées, cela permettrait alors à leurs utilisateurs de surveiller leur régime alimentaire, voire de se prémunir contre certaines maladies. Ces données pourraient permettre notamment de dépister diabète et autres cancers du côlon.

Bien que peu de chercheurs souhaitent y plonger les mains, les recherches sur les déjections n'ont pas fini de nous étonner. Déjà en 2006, une expérience dont les résultats avaient été publiés dans la revue Nature consistait à nourrir des souris avec des selles humaines. On ne sait pas si une association de défense des animaux avait pris position, mais en tout cas, les résultats étaient pour le moins intéressants : les souris qui se nourrissaient des déjections de personnes obèses avaient tendance, à leur tour, à entrer en surpoids.

Le caca est un diamant pur qu'il ne reste plus qu'a polir.

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